Maxime Delcourt
20 December 2018
Aujourd'hui, difficile d'imaginer écouter « Jingles Bells » (ou « Vive le vent », dans sa version française) autrement que lors des fêtes de fin d'année, pour accompagner un repas chaleureux en famille ou une énième séance de shopping dans les centres commerciaux de la ville. Pourtant, lorsque James Lord Pierpont, organiste de l'église Unitarienne et anti-esclavagiste Savannah (dans l'État de Géorgie) compose cette chanson en 1857, c'est avant tout pour accompagner les festivités de Thanksgiving. À l'origine, l'Américain lui donne même un autre nom, « One Horse Open Sleigh », notamment à cause d'une mélodie qui imite le trot du cheval et de paroles inspirées par les courses de traineaux auxquelles Pierpont assistait quelques années plus tôt dans le Massassuchets.
Mais il faut croire que le destin de cette chanson, qui raconte la balade forestière d'un jeune couple se roulant dans la neige, était tout autre. Depuis, « Jingle Bells » est en effet tombé dans le répertoire des chansons de Noël, et a été réinterprété par tout un tas d'artistes, issus d'époque et de genres musicaux différents : Afrika Bambaataa (le père fondateur du hip-hop) Duke Ellington, les Beatles, Luciano Pavarotti, Al Green, Gwen Stefani, Frank Sinatra, Etta James ou encore Ella Fitzgerald, qui ouvre son album Ella Wishes You A Swinging Christmas (publié en 1960) avec cette reprise.
Côté francophone, il faut attendre 1948 pour que Francis Blanche ne choisisse de l'adapter en français et n'en fasse un des standards des fêtes de fin d'année. Au passage, on notera toutefois quelques oublis dans sa traduction, notamment ce passage jugé sulfureux à l'époque en raison du double-sens qu'il contiendrait : « Go it while you're young/Take the girls tonight » (« Allez-y tant que vous êtes jeunes/Prenez les filles ce soir »). Et c'est vrai que, avec le recul, ces paroles semblent peu conformes à l'esprit de Noël.
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