Maxime Delcourt
06 December 2023
Eventail.be – Votre premier album, Atoll, est sorti fin 2022. Pourquoi avez-vous eu envie de le rééditer ?
Nathan Van Brande – Depuis la sortie de l’album, on a eu l’occasion de donner beaucoup de concerts et on s’est rendu compte que nos lives orchestraient un chemin musical, du post-rock à l’électro, d’un son très organique, presque jazz par instants, à quelque chose de nettement plus club. Avant de penser au deuxième album, on avait envie de voir ce que ça donnerait si on jouait le jeu à fond, si l’on assumait clairement cet équilibre musical en studio. On a donc contacté des artistes que l’on aimait (Lauer, DC Salas, Planet Opal, etc.), sans réellement savoir à quoi s’entendre, et on a été surpris des réponses positives que l’on a pu recevoir. C’était génial de pouvoir confier nos morceaux à nos artistes préférés, avoir leur point de vue, découvrir ce qu’ils en ont fait, etc.
© DR
– N’aviez-vous pas envie de retravailler ces morceaux vous-mêmes ?
– Quand tu as le nez dans un projet, c’est difficile d’entreprendre ce genre de choses, d’avoir le recul nécessaire. On a par exemple été surpris par la proposition de Clap ! Clap !, qui nous a proposé un vrai exercice de style, à l’opposé de ce qu’il a l’habitude de faire en solo. L’avantage, pour les remixeurs, ça a été de pouvoir puiser dans un univers très large, Atoll étant un album qui passe de morceaux dansants (206) à d’autres beaucoup plus contemplatifs (Lagoon). Cet équilibre, entre luminosité et obscurité, se retrouve dans les différents remixes, qui s’inscrivent donc parfaitement dans ce cadre esthétique que l’on avait posé au moment d’enregistrer notre premier album.
– Le fait d’opter pour une réédition est aussi une manière de vous offrir une sorte de récréation créative avant de vous plonger pleinement dans l’enregistrement du second album…
– C’est sûr que l’on est davantage dans la réflexion pour ce deuxième album. On a du recul sur notre projet, on sait ce que l’on veut raconter, et l’on souhaite conserver cette variété dans les atmosphères, cette recherche de la belle mélodie, qu’elle soit contemplative ou dansante. Malgré tout, il va maintenant falloir provoquer l’accident, oublier les attentes du public, mettre de côté nos petites habitudes. Ce serait tellement facile de tomber dans les automatismes, de répéter ce vocabulaire que l’on a créé… C’est d’ailleurs pour cela que l’on va sortir de Bruxelles début 2024 afin de se trouver un endroit où se redécouvrir tous les quatre. Pour le deuxième album, on se doit de repartir d’une page blanche, ce qui serait plus difficile à entreprendre si l’on reste à Bruxelles et au Volta, notre lieu de résidence.
© Joris Ngowembona
– C’est presque un cliché de voir un groupe s’isoler pour composer… En quoi est-ce si essentiel à la création ?
– C’est tout simplement une façon de sortir de nos habitudes, d’oublier nos certitudes, et se permettre d’explorer des zones que l’on n’imaginait pas. Accepter de se perdre, ce n’est jamais facile quand on est sollicité et que l’agenda ne désemplit pas. Là, loin de Bruxelles, on pourra réfléchir autrement.
– Tu parlais du Volta. Ce lieu est important pour vous, mais j’ai aussi l’impression qu’il s’agit là d’un point de ralliement pour toute une scène bruxelloise, non ?
– Oui, c’est vraiment la maison, là où tout a commencé avec notre première release party, là où tout le monde se côtoie et travaille conjointement. Il y a tellement d’artistes sur place… On se croise, on discute, on se donne des conseils. Je trouve ça formidable qu’un lieu puisse permettre à des artistes de se rencontrer ainsi, à 10h du matin, autour d’un café. Ça contribue à l’entraide, ça renforce les liens, et, forcément, ça favorise la création.
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