Maxime Delcourt
18 October 2023
Eventail.be – Les choses s’accélèrent pour vous depuis la sortie de « Mulher » en décembre 2022 : comment gérez-vous cet engouement et cette attention, y compris de la part des États-Unis où votre morceau été diffusé sur la station de radio KEXP-FM ?
Ão – C’est vrai que tout s’est enchaîné : on a remporté un concours de musique en Belgique l’année dernière, signé avec un label (MayWay Records), trouvé un manager et rejoint un bookeur. Depuis, on a également eu la chance de jouer dans des festivals et des salles très cool, que ce soit en Belgique, aux Pays-Bas ou au Portugal. On a même eu l’occasion d’assurer les premières parties de dEUS et Arsenal. Il y a un an, on ne s’attendait pas à tout ça, et c’est formidable. Cela dit, on est tout aussi heureux d’entendre le retour des gens. L’année dernière, par exemple, un bébé est né pendant que “Mulher” était diffusé. Récemment, on a également appris qu’une académie de musique utilise notre musique dans ses cours d’écriture de chansons, tandis qu’une mère et sa fille nous ont confié avoir planifié leurs vacances au Portugal précisément dans l’idée de nous y voir sur scène. Toutes ces anecdotes sont encore plus incroyables et surréalistes que de s’entendre à la radio.
– Avez-vous rapidement ressenti l’envie de composer ensemble ?
– Brenda a une formation théâtrale, Siebe s’est plongé dans la musique folklorique argentine et brésilienne, Jolan pratique la guitare depuis sa plus tendre enfance. Quant à Bert, la batterie est toute sa vie. Tous ces parcours, très différents, nous encouragent à sortir de notre zone de confort, à raconter une histoire 100% authentique. La musique n’est pas juste un moyen de nous connecter avec le public, c’est aussi et surtout une façon de communiquer entre nous.
© DR
– Sur le plan créatif, comment procédez-vous une fois en studio ?
– Il faut savoir que nous enregistrons toutes les répétitions et les jam sessions. Ainsi, nous pouvons entendre les bribes des premières démos, le bruit d’un homme qui passe ou Brenda qui crie ou chante un charabia en arrière-plan. Pour nous, ces sons spontanés sont très précieux ; ils contiennent une immédiateté et une certaine magie que l’on tient à mettre en valeur. Tout le défi est aussi de reproduire toutes ces sonorités une fois sur scène, où l’on manque de bras et de jambes pour tout jouer. Alors, on se dédouble : Siebe gère les pédales de l’orgue avec ses pieds tout en manipulant sa guitare, Jolan tripote sa guitare tout en modifiant la voix et les percussions de Brenda grâce à divers effets, etc. En gros, on s’efforce d’explorer aussi librement que possible ce que l’on trouve excitant et agréable, sans nous limiter.
– Sur votre premier album, Ao Mar, la mer sert de fil rouge. D’où vient cette fascination ?
– C’est un endroit mystérieux, à la fois apaisant et dangereux, qui ne peut laisser indifférent. Pour nous, elle est et sera toujours une source d’inspiration. À de nombreux moments, on peut entendre le bruit des vagues sur Ao Mar, mais aussi déceler dans nos paroles des références à la mer. Ce n’était pas un choix conscient, mais on a remarqué que la mer porte en elle une grande partie de ce dont on souhaite parler. Il faut dire aussi que l’on s’y rend souvent tous ensemble…
– Il y a aussi beaucoup de mélancolie sur Ao mar : avez-vous l’impression d’être vous-même mélancolique ? Ou aimez-vous simplement la poésie qui se dégage de cette émotion ?
– C’est quelque chose d’inconscient. On a beau être des clowns lorsque l’on est ensemble, parfois même complétement stupides, j’ai l’impression que l’on s’immerge tous dans la même émotion lorsque l’on construit une mélodie, que ce soit à travers la voix de Brenda ou nos instruments. Après tout, ce n’est pas pour rien si nos chansons ne sont jamais en tonalité majeure, et ne le seront probablement jamais…
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