Rédaction
19 May 2016
- Eventail.be - C'est votre premier spectacle de stand-up. Est-ce différent de ce que vous avez pu faire auparavant. En quoi le stand-up est différent ? Qu'est-ce que cela vous apporte ? Pourquoi ?
- Laurence Bibot - Le pourquoi est venu malgré moi. Je voyais que cela se faisait mais je ne pensais pas que c'était une forme que j'arriverais à maîtriser. Gilles Morin, un des directeurs du Kings of Comedy Club, m'a proposé de participer à une espèce de gala pour lequel il m'a demandé d'écrire huit minutes. Et j'y ai pris goût. Sans doute parce que cela m'a ouvert une nouvelle possibilité et une liberté. Oui il y a une liberté. Et une légèreté. Le principe (pas de décor, pas vraiment d'éclairage) permet un rapport assez direct avec le public qui me plait. C'est une autre porte qui s'ouvre.
- Le stand-up est donc un style qui laisse une grosse liberté. C'est parfois difficile de travailler sans contrainte. Vous vous inspirez de quoi ?
- Il y a quand même une contrainte : celle de faire rire ! Et souvent. Cette contrainte là oblige à une écriture particulière. Après c'est vrai que tous les sujets peuvent être abordés. A tort ou à raison d'ailleurs. Cela fait partie du stand-up. En plus, moi je n'invente rien. J'ai la chance d'avoir mon âge qui n'est pas l'âge habituel des gens qui font du stand-up (plus jeunes).
"C'est un peu comme une excellente soirée où vous arriveriez à faire rire tout le monde et longtemps"
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- Le fait d'être une femme, cela apporte quelque chose, ne serait-ce que par les sujets évoqués. Y-a-t'il des personnes qui vous inspirent ?
- Dans le métier, pas tellement. Et même, je m'interdis un peu de regarder car j'ai peur de copier inconsciemment et que c'est très intimidant de voir des gens qui font ça très bien. Les Français m'inspirent moins que les Anglo-saxons... En fait non, ce n'est pas vrai car il y a par exemple Florence Foresti que je place très très très haut. Je trouve qu'elle est formidable. Par contre, je pense que la rencontre, les gens que j'aime bien autour de moi ou les gens que je trouve brillants, je prends énormément chez eux. Ils ne le savent pas toujours mais je leur pique beaucoup de choses parce que tout à coup, je trouve qu'ils ont l'angle, la formule,... Je m'inspire plutôt de mes amis.
"Et donc j'arrive à raccrocher, à récupérer un public qui ne m'avait, pour une raison ou une autre, plus du tout suivi"
- Que va-t-on trouver dans le spectacle ? A quoi on peut s'attendre ?
- C'est plus facile de dire à quoi on ne peut pas s'attendre. C'est-à-dire que je ne parle pas politique. Comme je fais ce métier depuis 30 ans, j'imagine, parfois à tort, que le public me connaît. Je me moque de ce que c'est d'être un peu connue, ce que c'est la notoriété, ce que c'est d'être sollicitée, ce que c'est d'être - en tout cas à mes débuts - perçue comme quelqu'un de pas spécialement sympa. Ce que finalement, avec beaucoup de mauvaise foi, je revendique. Je tords aussi le cou à l'idée qu'il faut être sympa, agréable,... et aussi aux enfants, à mes enfants, à l'école, parce que c'est un traumatisme puissant. Je parle aussi de mes parents à travers le Congo. Je parle du féminisme que je défends mais cela n'empêche pas qu'il y ait des féministes idiotes comme il y a des phallocrates charmants ou des misogynes intelligents. C'était aussi une manière de régler mes comptes avec un féminisme parfois obtus et contre-productif.
- Et donc un spectacle assez personnel.
- Oh oui à fond. Et je ne sors pas de Belgique avec ça. En France, on me regarde avec des yeux... on ne comprend pas ce que je raconte.
Infos pratiques :Le 2 juinL'EdenCharleroiPublicité