Cette célébration s’est déroulée dans une atmosphère très particulière. Outre la famille et les amis, à peu près tout le microcosme théâtral belge était présent (ainsi que quelques représentants venus de France). Au total plus d’une centaine de personnes assistèrent à l’évènement au cours duquel une quinzaine d’intervenants prirent la parole. Il ne s’agissait en aucun cas de discours funéraires ampoulés ou d’élégies funèbres cérémonieuses, mais plutôt d’évocations de souvenirs, d’anecdotes et de lectures de scènes de pièces écrites par Idée. De plus, la plupart de ces prises de parole furent faites par des professionnels du spectacle, donc avec savoir-dire et dans une parfaite justesse de ton.
En répétition avec Alexandre von Sivers, Michel de Warzee, Yves Claessens, Michel Onfray et Jean-Claude Idée © DR
La première intervention fut celle de Pascal Vrebos. Idée et lui occupaient des maisons voisines sur l’île de Patmos. Il raconta notamment comment il prit une part dans la décision de Jean-Claude de devenir à nouveau père et comment se déroulèrent sur l’île les baptêmes de ses deux dernières filles selon un rituel orthodoxe (bien qu’il fût adogmatique). Il y eut bien entendu les messages adressés par deux de ses filles et par son épouse Nathalie ; autant de mots d’amour extrêmement émouvants. On entendit aussi l’intervention de Jacqueline Rousseau qui dirigea le Centre Culturel d’Uccle de 2001 à 2019 et y accueillit les spectacles et conférences donnés par les Universités Populaires du Théâtre (UPT) créées par Jean-Claude Idée (qu’elle qualifia avec beaucoup de justesse de passeur de culture). Elle rappela l’historique de cette remarquable institution inspirée par Michel Onfray qui avait fondé à Caen l’Université Populaire de Philosophie. Les deux hommes travaillèrent en collaboration, mais dès 2012 ce fut Idée qui concrétisa et anima ce mouvement qui prône l’éducation populaire par le théâtre. Il permet aux non-initiés d’avoir accès gratuitement à des lectures, leçons-spectacles et débats qui se donnent en Belgique et en France, parfois dans des lieux prestigieux et insolites comme l’Assemblée nationale Française, le Parlement Bruxellois, au pied de la Croix de Lorraine à Colombey-les-Deux-Eglises ou encore la maison de François Mitterrand à Jarnac.
Fait Chevalier des Arts et des Lettres par le Président Macron © DR
Il y eut l’intervention du comédien et directeur de théâtre liégeois Roland Langevin. Il parla du passage à l’Orient éternel du franc-maçon que fut Jean-Claude Idée et de la Franc-Maçonnerie dont le but principal reste le progrès de l’Humanité. C’est indéniablement dans cet esprit que furent lancées les UPT. On entendit aussi quelques comédiens qui lurent des scènes de pièces écrites par Idée. Le passage le plus bouleversant fut peut-être celui de Yves Claessens, ami et proche collaborateur d’Idée, qui lut un passage de sa dernière œuvre écrite voici quelques mois seulement : Boulevard Pasteur. Idée, qui se savait condamné, met dans la bouche du célèbre scientifique, inventeur du vaccin, des mots qui constituent son propre testament et ses propres considérations sur l’œuvre accomplie, la dégradation du cops et l’approche de la mort. Sur grand écran, de très nombreuses photographies furent projetées. On y retrouvait sa famille, ses amis et grand nombre de photos liées à ses réalisations.
© DR
L’inhumation se fit au cimetière d’Auderghem. S’ensuivit une réception donnée à la Comédie Royale Volter mise à disposition par son directeur Michel de Warzée ; sans doute en souvenir de tant de brillantes mises en scène réalisées sur ce plateau par JC Idée. Ce fut un très bel adieu à un grand homme, pas seulement de théâtre.
Photo de couverture : © Philippe Molitor
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