Christophe Vachaudez
20 January 2023
Voilà une année faste qui commence bien car si la reine Mathilde entrera dans sa cinquantième année, son époux célébrera bientôt ses dix ans de règne, deux anniversaires qui sont loin d’être anodins ! Une occasion aussi de revenir sur un parcours inattendu que sera évoqué au cours de l’interview accordée par la reine à la chaîne VTM. Bien des témoignages le confirment, la jeune Mathilde d’Udekem d’Acoz rêvait d’une position à la hauteur de ses ambitions. Certains se souviennent même d’avoir entendu « Je voudrai devenir reine », un vœu qu’un coup de baguette magique semble avoir finalement exaucé.
La jeune Mathilde d'Udekem d'Acoz le jour des fiançailles avec le duc de Brabant, en 1999 © Photo News
En fait, c’est une rencontre suivie d’une histoire d’amour qui a mené cette descendante des plus grands lignages polonais aux marches du trône. Fille du comte Patrick d’Udekem d’Acoz et de la comtesse Anna Maria Komorowska, Mathilde Marie Christine Ghislaine grandit au château de Losange. Elle a un frère, Charles-Henri, et trois sœurs, Elisabeth, Hélène et Marie-Alix. Cette dernière décède tragiquement dans un accident de voiture en 1997. Le prince Philippe la connaissait et on pense que c’est après le drame qu’il commence à fréquenter Mathilde.
Le château de Losange, dans l'entité de Bastogne, maison d'enfance de la princesse Mathilde, aujourd'hui reprise par son frère, le comte Charles-Henri d'Udekem d'Acoz © Jacques Verlaeken/CC BY-SA 3.0
L’intéressée a étudié la logopédie à l’Institut Marie Haps et exerce depuis 1995 à Bruxelles tout en travaillant dans une école primaire. Très tôt, elle démontre une facilité innée à communiquer avec les enfants qui se sentent en confiance à ses côtés. En dépit de la différence d’âge, une complicité semble naître entre l’héritier du trône et cette jeune fille qui s’annonce comme un cadeau providentiel. Le duc de Brabant approche la quarantaine et l’espoir de fonder une famille s’amenuisait. Mathilde est donc accueillie à bras ouverts et, après des fiançailles qui prennent par surprise les media et la population, le mariage se profile durant l’hiver, comme autrefois pour Baudouin et Fabiola.
© Photo News
Il est fixé le 4 décembre 1999 et malgré le froid, près de 50.000 personnes acclament le couple princier. La reine Paola a supervisé la décoration florale dans la cathédrale et tout le gotha, venu en nombre, s’extasie devant cette réussite parfumée. La mariée a revêtu une robe signée Édouard Vermeulen et arbore un diadème de style Art déco provenant de l’écrin de la reine Élisabeth. Au fil du temps, la bienveillance des Belges aidera la princesse à vaincre sa timidité.
© Didier Lebrun/Photonews
Le 25 octobre 2001, le couple accueille son premier enfant, une fille prénommée Élisabeth. Les parents ne cachent pas leur bonheur et Philippe s’exprime même devant les caméras. Cependant, la jeune maman n’a pas perdu espoir de retourner à l’université et, l’année suivante, elle décroche un diplôme en psychologie à Louvain. La famille s’agrandit avec les naissances des prince Gabriel et Emmanuel, en 2003 et 2005, et de la princesse Éléonore, la cadette née en 2008. Complices et particulièrement attentifs à l’éducation de leurs enfants, les ducs de Brabant forment un couple complémentaire, voire fusionnel. Le futur roi a gagné en assurance et baigne dans le bonheur, un miracle signé Mathilde !
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D’emblée, elle s’investit dans des domaines tels que la protection de l’enfance, l’accès à l’éducation, les problèmes de pauvreté ou encore la place des femmes dans la société. Créé en 2001, le Fonds Princesse Mathilde récompense des initiatives visant à aider les personnes les plus vulnérables de la société. Mais l’heure de gloire se profile bientôt quand le roi Albert II décide d’abdiquer en faveur de son fils. Il choisit le jour de la Fête nationale, en 2013, pour transmettre le flambeau à un héritier fin prêt. La passation s’avère réussie mais le ton est d’emblée donné quand Mathilde demande à être appelée Majesté, une requête qui va à l’encontre du protocole et en étonne plus d’un d’autant qu’on a toujours utilisé “Madame” pour les reines précédentes. Á la surprise générale, les souverains émérites sont écartés sans ménagement et l’épouse du nouveau monarque prend désormais les commandes. L’unité familiale s’effrite et devient publiquement perceptible d’autant que la princesse Astrid et le prince Laurent, tout comme leurs familles, subissent le même sort qu’Albert et Paola. Une bise glaciale souffle désormais sur le clan des Saxe-Cobourg.
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Les d’Udekem sont logés à la même enseigne et les visites à Losange deviennent rarissimes. Seule la reine Fabiola dont Mathilde est très proche semble épargnée. Toutefois, la reine se consacre corps et âme à sa charge, travaillant avec une diligence qui l’honore, s’acharnant à maîtriser au mieux les différents dossiers des causes qu’elle suit avec engagement. Le parrainage royal n’est pas un vain mot pour Mathilde et elle s’investit sans compter pour la promotion du Concours Reine Elisabeth ou en tant que présidente honoraire d’UNICEF Belgique ou de Child Focus. On la voit à New York aux Nations Unies, au Forum économique de Davos ou à encore en Allemagne quand elle reçoit, en 2019, le Bambi d’or de la bienfaisance, à la suite de Mary de Danemark et de Silvia de Suède.
© Pool/Benoit Doppagne/Photo News
Curieuse, la reine ne manque pas de visiter les expositions, attentive à la vie artistique du pays. Elle promeut la lecture et les activités de plein air, multipliant les marches et les balades à vélo accompagnée de citoyens lambda. Alors que le Roi s’adonne avec succès à la peinture, la Reine s’est initiée au piano et a encouragé ses enfants à jouer d’un instrument. Avec le roi Philippe, elle symbolise une Belgique unie, représentant dignement un pays qui a souvent bien besoin d’une visibilité positive. Nul doute que la reine sera entourée de ses proches pour fêter cette date infiniment spéciale. D’ores et déjà, bon anniversaire Madame !
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