Christophe Vachaudez
25 September 2023
Élisabeth Borne, première ministre en fonction, et une haie d’honneur formée par la garde républicaine attendaient le couple royal qui s’est rapidement engouffré dans la Bentley venue de Londres, avec une Camilla la main arrimée à son bibi rose bonbon. Le président et Madame Macron accueillirent ensuite leurs invités d’honneur sous l’arc de triomphe, lieu symbolique entre tous, où, après avoir passé les troupes en revue, le souverain déposa une gerbe aux tons tricolores au monument du soldat inconnu. Un escadron aérien zébra le ciel parisien de ces mêmes trois couleurs, communes aux deux drapeaux.
© Stéphane Lemouton/Bestimage
La liesse populaire fut au rendez-vous à mesure que Charles III et Camilla descendaient les Champs-Elysées pour rejoindre l’Elysée où, après un colloque singulier entre les deux chefs d’état, un déjeuner fut offert. Le quatuor posa quelques minutes sur le perron de l’ancien hôtel d’Évreux et Emmanuel Macron continua à imposer une tactilité invasive qui en a agacé plus d’un, Camilla évitant parfois les embrassades intempestives en tendant sa main. Bref un président qui aurait bien besoin de suivre des cours auprès de Nadine de Rothshild !
© Parsons Media/Polaris
Le soir, la galerie des Glaces du château de Versailles servit de cadre au dîner de gala dont la table habillée d’un décevant métrage de nappe grise fut décorée du service aux oiseaux de la porcelaine de Sèvres et d’un précieux ensemble de Baccarat. Deux chefs, un maître-fromager et un pâtissier avaient uni leurs forces pour proposer un menu composé de homard bleu et tourteau aux amandes fraîches et gel de menthe-coq, suivi d’une poularde de Bresse au parfum de maïs avec son gratin de cèpes, d’un duo de comté et de stichelton et d’un gâteau à la rose, au litchi et à la framboise. Quelque 160 invités avaient répondu à l’appel dont Louise et David de Rothschild, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Carole Bouquet, Charlotte Gainsbourg, Mick Jagger et sa compagne, Laurence et Yves de Gaulle, Hugh Grant et sa compagne, Marie-Béatrice et Eric de Rothshild ou encore Renaud Capuçon. Mais le clou du spectacle fut bien entendu l’arrivée du couple royal et l’immense déception provoquée par Camilla, cheveux au vent, dépourvus de diadème. Il est vrai que la France au lieu du chic white tie banquet avait opté pour un réception black tie qui illustre une fois encore une piètre connaissance du protocole. Monsieur Macron voulait sans doute éviter le frac qui avait suscité bien des moqueries lors de sa visite aux Pays-Bas. Camilla avait choisi un sempiternel collier de saphirs et une robe signée Dior pour honorer ses hôtes alors que Brigitte continue à promouvoir sans sourciller l’entreprise de Bernard Arnault, à savoir Louis Vuitton.
© Henri Szwarc/Polaris
Le lendemain, Charles III s’est rendu au Sénat où, comme la veille, il s’est exprimé en français devant l’assemblée. Au programme de cette journée, une incursion à Saint-Denis sur le thème du sport, un aperçu du chantier de restauration de Notre-Dame et un bol d’air au marché aux fleurs de l’île de la Cité, rebaptisé marché aux Fleurs Reine Elizabeth II en l’honneur de l’inoubliable souveraine qui y avait fait deux visites très appréciées. Le matin, la Reine s’était rendue avec Madame Macron à la Bibliothèque nationale pour instituer un prix littéraire basé sur l’Entente entre les deux pays. Dans une robe blanche de Fiona Clare, Camilla s’est aussi exprimée en Français devant l’épouse du président exceptionnellement vêtue d’une veste-manteau rouge vif de Chanel. Aucun dîner de retour en soirée, une visite d’état un peu tristounette il faut bien l’avouer. Quant aux bijoux offerts par la France et toujours religieusement portés par la reine Elizabeth lors de ses multiples voyages d’état, on n’en a pas vu la couleur cette fois.
© Sénat via Bestimag
© Daniel Leal/PA Wire
Le dernier jour fut consacré à Bordeaux, une cité qui ne compte pas moins de 40.000 résidents britanniques ! Un emploi du temps ultra serré pour le couple royal qui fut célébré à l’hôtel de ville lors d’une courte réception avant que le monarque ne plante un chêne à feuilles craquelées, une tradition qu’il a aussi honorée dans le jardin de l’ambassade du Royaume-Uni à Paris. Puis ce fut une rencontre avec des expatriés et des entrepreneurs britanniques mais aussi avec des secouristes ayant vécu les terribles incendies de forêt, un déjeuner sur une frégate royale amarrée au quai de la Garonne, un court trajet en tram électrique, une dégustation de produits locaux dans un marché d’artisans et un passage au domaine Château Smith Haut Lafitte autrefois dirigé par un écossais. Durant l’escapade bordelaise, le Roi a pu découvrir le site de la Forêt expérimentale alors que la Reine, dans une robe bleue turquoise d’un ordinaire affligeant éclairait de sa présence l’association d’aide aux plus démunis : Le Pain et l’Amitié. Le soir, Charles III et Camilla avaient réintégré leur patrie, avec le sentiment du devoir accompli, mais comment ne pas se souvenir avec nostalgie des voyages d’état d’antan avec une reine Elizabeth II impeccable, si heureuse, à chaque venue, de retrouver cette France qu’elle aimait tant.
Photo de couverture : © Miguel Medina/Pool/Bestimage
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