Christophe Vachaudez
11 January 2023
Une page de l’histoire grecque se ferme inexorablement. Dernier souverain d’une dynastie importée du Danemark, le fils du roi Paul et de la reine Frederika a été contraint de quitter son pays le 14 décembre 1967 bien qu’il n’ait jamais vraiment abdiqué.
Le roi Constantin de Grèce et son beau-frère, Juan-Carlos d'Espagne © DR
Son règne avait débuté le 6 mars 1964 et le jeune Constantin bénéficiait alors d’un capital sympathie très élevé mais son rôle dans le problème de l’Apostasie qui survient en juillet 1965 fut très critiqué et contribua à la détérioration de la situation politique qui aboutira au coup d’Etat du 21 avril 1967. Contraint ou imprudent, le souverain reconnait assez rapidement le Régime des Colonels. Encouragé par le Président des Etats-Unis, Constantin tente de renverser le régime dictatorial mais échoue. Il doit quitter le territoire et s’envole finalement pour Rome avec sa famille.
Le roi Constantin et la reine Anne-marie de Grèce © DR
À sa naissance déjà, les nuages n’allaient pas tarder à s’amonceler par-dessus la Grèce puisqu’il a à peine un an quand les Nazis envahissent le pays et que ses parents doivent fuir d’abord pour l’Egypte puis pour l’Afrique du Sud. Constantin a déjà une sœur Sophie, née en 1938. Une autre, prénommée Irène, verra le jour en 1942. Quand son père est intronisé en 1947, il devient prince héritier ou diadoque mais cette situation ne change pas radicalement son éducation qu’il partage en toute simplicité avec ses condisciples. À l’université, il suit des cours de droit mais ce sont davantage ses exploits sportifs qui font la une de l’actualité puisque le diadoque obtient une médaille d’or en voile aux Jeux Olympiques de Rome en 1960. Le Prince s’illustre aussi en natation, est ceinture noire de karaté et s’intéresse au squash et à l’équitation.
© DR
Le 18 septembre 1964, Athènes vit à l’heure du mariage de Constantin avec sa lointaine cousine la princesse Anne-Marie, fille du roi Frederik IX de Danemark. Le couple aura deux enfants nés en Grèce : la princesse Alexia en 1964 et le prince Pavlos en 1967. Le prince Nicolas voit le jour en Grèce en 1969 tandis que la princesse Theodora et le prince Philippos naissent à Londres où le couple royal s’est finalement installé, dans le chic quartier de Hampstead.
Le Roi qui a connu des relations houleuses avec les différents gouvernements grecs a pu rentrer quelques heures dans son pays pour les funérailles de sa mère la reine Frederika, en 1981. Toutefois, pendant bien longtemps, sa présence ne fut pas souhaitée par une classe politique lui reprochant de ne pas s’acquitter de l’impôt foncier alors même qu’il ne pouvait jouir de ses propriétés et poser un pied sur le sol grec. En 1992, Constantin conclut un accord avec le gouvernement. Il cède toutes ses terres qui sont érigées en fondation en échange du domaine de Tatoï où reposent ses parents. En 1994, l’état grec revient sur sa décision et reprend les propriétés royales, refusant au souverain la citoyenneté grecque sous prétexte qu’il n’a pas de patronyme. Constantin portera plainte devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme et obtiendra gain de cause pour le foncier. Il ne les récupérera pas mais recevra une somme utilisée pour créer la Fondation reine Anne-Marie, au profit des victimes de catastrophes naturelles.
Le palais royal de Tatoï, en 2002 © CC BY-SA 3.0
Aujourd’hui, le souverain qui a toujours dans sa titulature le titre de prince de Danemark voyageait librement en Grèce grâce à un passeport délivré par les autorités danoises. Il avait acheté une villa sur les bords du golfe saronique où il recevait les siens. Il continuait cependant à entretenir des liens très étroits avec la famille royale britannique. N’était pas le parrain du prince de Galles ? Proche de sa sœur, la reine Sophie d’Espagne, et de la famille de son épouse, sœur de la reine Margrethe II de Danemark, le souverain grec était invité à tous les grands événements du gotha. Il était confronté depuis 2018 à d’importants problèmes de santé.
Le roi, la reine et leurs enfants © Maison royale de Grèce
Son fils, le diadoque Pavlos, deviendra roi de jure des Hellènes. Il a épousé la riche héritière américaine Marie-Chantal Miller en 1995. Le couple a cinq enfants dont les prénoms évoquent la mythologie grecque (Maria-Olympia, Constantinos-Alexios, Achileas-Andreas, odysseas-Kimon et Aristidis-Stavros. Déjà, des pourparlers ont été engagés avec les autorités grecques pour des funérailles d’état et aussi la possibilité pour le Roi d’être inhumé à Tatoï, aux côtés de ses parents.
Publicité