Christophe Vachaudez
31 December 2024
Respectant un protocole séculaire, les royaumes scandinaves marient leurs princes et princesses en long, tous diadèmes dehors, l’occasion de voir réapparaître des bijoux exhumés d’antiques écrins. Ainsi, reine depuis un an à peine, Mary de Danemark s’est intéressée à une longue rivière de diamants exposée au château de Rosenborg, provenant de la reine Caroline-Mathilde. Dotée d’un pendentif, elle servit de ceinture à la reine Louise, née princesse de Suède, puis fut portée d’une épaule à l’autre par la reine Ingrid. D’ordinaire, le bijou repose dans une vitrine et l’idée de pouvoir en utiliser une partie afin de réaliser un bandeau a abouti voici peu. Le conservateur des bijoux royaux a donc fait appel à un joaillier qui a adapté une partie des chatons taille rose afin que la reine Mary puisse les porter en diadème… de quoi encore enrichir l’écrin danois déjà bien garni. Aussitôt terminé, aussitôt arboré lors du banquet d’état offert en l’honneur du président égyptien voici tout juste un mois !
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Autre première, l’épouse du roi Frederik X arborait le grand diadème de perles des reines de Danemark pour la première fois lors de la visite officielle effectuée en Norvège, quelque temps après l’accession de janvier. Il avait été commandé en 1825 par le roi Frédéric-Guillaume de Prusse pour sa fille Louise qui allait s’unir au prince Frederick des Pays-Bas. Leur fille Louise convola avec le futur roi de Suède, Charles X, et leur petite-fille, avec le futur roi Frederik VIII de Danemark, en 1869, voilà pourquoi le diadème, assorti d’un collier, d’une broche et de boucles d’oreilles, arriva à Copenhague !
En Suède, l’un des grands événements de l’année se déroule en décembre lors de la remise des Prix Nobel. La reine Silvia et ses filles, les princesses Victoria et Madeleine, puisent sans retenue parmi les joyaux historiques de la Fondation Bernadotte. Cette année, l’épouse du roi Carl-Gustav avait opté pour les saphirs Leuchtenberg, ainsi désignés car la parure a intégré la collection grâce à Joséphine, fils d’Eugène de Beauharnais, duc de Leuchtenberg, lui-même fils de l’impératrice Joséphine. Les saphirs proviendraient d’ailleurs de l’épouse de Napoléon. Quant à Victoria, elle coiffait le diadème d’aiguilles en diamants arrivé en Suède en 1881 dans la corbeille de mariage de la princesse Victoria de Bade, une ancêtre homonyme. Reste Madeleine qui avait choisi un bijou privé ayant appartenu à la princesse Margaret de Connaught, son arrière-grand-mère, une des nombreuses petites-filles de la reine Victoria !
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Plus tôt dans l’année, la reine Silvia s’était parée de l’ensemble de camées dont le diadème procède lui aussi de l’écrin de l’impératrice Joséphine. Le bijou est plutôt célèbre en Suède puisqu’il a retenu le voile de plus d’une mariée royale. En effet, après les princesses Désirée et Birgitta, sœurs aînées du roi, ce fut au tour de la reine Silvia et de la princesse héritière Victoria de poursuivre la tradition.
Au Royaume-Uni, la reine Camilla a porté pour la première fois lors de l’ouverture de la session parlementaire, le grand diadème qui fut exécuté en 1820 par le joaillier Rundell Bridge & Rundell pour le roi Georges IV. Á l’origine, il aurait formé la base d’une couronne qui ne fut jamais terminée. Il alterne les croix pattées et les symboles du royaume, à savoir, la rose, le trèfle et le chardon, le tout serti de 1333 diamants.
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Chez nos voisins néerlandais, les rubis régnèrent en maître puisque la reine Maxima arbora tour à tour les deux ensembles rehaussés de cette pierre rouge sang que possède la maison royale des Pays-Bas. La première, appelée parure du paon, fut créée en 1897 par le joaillier Schürman à l’intention de la reine Wilhelmine et a été portée par différents membres de la famille d’Orange-Nassau. La deuxième parure est plus ancienne et sortit des ateliers du joaillier parisien Mellerio en 1889. Elle était destinée à la reine Emma, arrière-grand-mère de la reine Beatrix, mère de Willem-Alexander, le roi actuel.
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Et puis, difficile de passer sous silence le diadème des Stuarts qui cumule tous les superlatifs. Abandonné par la reine Beatrix qui le trouvait par trop ostentatoire, il fut remis à l’honneur par la reine Maxima qui ne craint de le coiffer, portant haut le diamant culminant au sommet que l’on dit peser près de 40 carats. Le joyau, sans doute le plus précieux de l’écrin des reines des Pays-Bas, fut lui aussi ouvré par le joaillier francfortois Eduard Schürman en 1898 et fait désormais la fierté de la cassette royale.
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En Espagne, les apparitions de la reine Letizia portant un diadème sont plutôt rares. Pourtant, lors de la visite d’état que les souverains espagnols effectuèrent aux Pays-Bas, elle emporta des bijoux en diamants et perles, dont le haut diadème de la reine Marie-Christine, mère d’Alphonse XIII. C’est le joaillier madrilène Marzo qui dessina ce précieux joyau livré au palais en 1886. Il ne fut jamais porté par la reine Victoria-Eugénie et échut directement à la comtesse de Barcelone. Hérité ensuite par l’infante Cristina, il fut racheté par le roi Juan-Carlos, son neveu, qui le mit à disposition de la reine Sophie.
Lors du voyage officiel des grands-ducs de Luxembourg en Belgique, Maria-Teresa avait choisi à dessein deux bijoux ‘belges’ liés à la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, sœurs des rois Baudouin et Albert II. Outre un collier d’aigues-marines qu’elle reçut de la colonie belge au Brésil à l’occasion de son mariage en 1953, on pouvait admirer le diadème du joaillier belge Coosemans qui lui fut offert à la même occasion par la Société Générale de Belgique, deux bijoux qui ont aujourd’hui intégré le fidéicommis et resteront à disposition des futures grandes-duchesses.
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Quant à la reine Mathilde qui ne dispose que de bien peu de diadèmes, elle peut compter sur celui des neuf provinces qui fut présenté à la princesse Astrid de Suède lorsqu’elle épousa le futur roi Léopold III, en 1926. Il s’agit d’un bijou conçu par le joaillier belge Van Bever grâce à une souscription nationale… un cadeau du peuple belge. Entièrement modulable, le diadème se compose de neuf diamants cernés chacun d’un motif rhomboïdal, le tout reposant sur une grecque aux méandres endiamantés. La reine Fabiola le coiffa le jour de son mariage avant de le céder à la reine Paola en 1993. Il fait partie de nos jours de l’apanage de la reine Mathilde qui l’a déjà porté à de nombreuses occasions. Voilà bien une façon scintillante de terminer l’année 2024 et d’espérer pouvoir encore admirer ces chefs d’œuvre de la haute joaillerie tout au long de l’année qui se profile !
Photo de couverture : © Photo News
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