Thomas de Bergeyck
18 February 2021
Car oui, la cheffe d'état des canadiens, c'est encore et toujours la reine d'Angleterre. Le pays du froid, ancienne colonie britannique jusqu'à la Confédération de 1867 fait encore partie du Commonwealth. Oui mais voilà, la fronde est de plus en plus perceptible face à un régime constitutionnel qui, outre son prix – environ 57 millions de dollars par an pour une souveraine qui vit à des milliers de kilomètres d'Ottawa -, voit ses fidèles s'éloigner de plus en plus.
© Rota/Polaris/Photo News |
Selon un dernier sondage, 75% des québécois veulent abolir la monarchie, jugée par trop archaïque. Ils estiment qu'elle ne sert à rien sinon à entretenir une vieille tradition. Mais les canadiens ne bougent pas. Ils ne changent pas le système, trop compliqué car il nécessite une unanimité de l'ensemble des provinces afin de modifier la constitution.
© Ian Jones/Allpix/Photo News |
Le débat a été ravivé il y a quelques jours après la démission de celle qui fut jusqu'ici la « reine locale » : Julie Payette, ancienne scientifique et astronaute, devenue gouverneure générale du Canada, la représentante de la reine Elizabeth II. Un poste qui est réaffecté tous les 5 ans, tantôt à un canadien anglophone, tantôt à un francophone. Julie Payette a pour ainsi dire les mêmes droits que la Reine : elle nomme à certaines fonctions éminentes, encadre le processus législatif et signe les documents officiels. Mais surtout, elle prononce le discours de Sa Majesté sur un trône qui est à peu de choses près le même, frappé des initiales d'Elizabeth Regina.
Julie Payette rencontre la reine Elizabeth II à Balmoral © Andrew Milligan/Empics Entertainment/Photo News |
Alors la reine Payette aurait-elle par trop goûté aux joies – ou aux affres - de la fonction ? Reine de substitution, aurait-elle abusé d'un pouvoir qui ne lui était que transitoire ? En tous cas, elle a démissionné (pourrait-on dire abdiqué ?) le 21 janvier dernier. Dans un rapport accablant, elle est accusée d'avoir installé un climat « toxique » au sein de ses équipes de Rideau Hall, sa résidence officielle. Elle n'hésiterait pas à humilier son personnel, en leur disant que leur travail n'est pas à la hauteur. Elle crie et pique des colères.
Julie Payette en compagnie du roi Philippe et de la reine Mathilde de Belgique, lors d'une visite des souverains belges à Ottawa © Frederic Sierakowski/Photo News |
Bref, tout le contraire de ce que l'on attend d'une gouverneure générale. La presse canadienne rappelle qu'il y a cinq ans déjà, elle avait démissionné de son job au Centre des sciences de Montréal suite aux mêmes plaintes. L'année suivante, pareil : harcèlement verbal au sein du Comité olympique.
On a beau dire : être reine c'est un métier et pour durer, la règle du « Never explain, never complain » n'a jamais été autant d'actualité.
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