Christophe Vachaudez
16 August 2019
Le prix pourrait paraître démesuré mais quand on sait que la propriété dispose d'un parc arboré de 14 hectares à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la presqu'île dite des milliardaires, on peut aisément comprendre. Très tôt, Léopold II avait compris le potentiel que représentait cette langue de terre défiant la Méditerranée.
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Autrefois rocailleuses, couvertes de la végétation typique de la garrigue, l'emplacement ne compte que quelques villas cernées par les moutons qui viennent encore paître ici. Le Roi qui a déjà acquis la Villa Vial dans la baie de Passable pour la baronne Vaughan, se fait construire un édifice bien plus grand sur un ensemble de terrains qu'il a acquis sous différents prête-noms (ceux du docteur Thiriar, son médecin personnel, du Domaine de la Couronne, de l'État Indépendant du Congo ou de la Société civile immobilière de séjour et d'exploitation horticole de la Côte d'Azur).
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Bientôt, il fait planter des palmiers, des magnolias, des bananiers et des essences exotiques au grand dam des autochtones qui maugréent tant et plus. Près de 25 serres et une escouade de jardiniers maintiennent le tout dans un état impeccable. Il fait ensuite construire trois autres villas : La Banana, La Boma et La Matadi, conçues comme logements de repos pour des officiers à la retraite.
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Á cette époque, Léopold II possède le tiers de la presqu'île. Quand il meurt en 1909, la Donation royale est chargée de gérer les propriétés qui, durant la guerre, deviennent des hôpitaux militaires accueillant les soldats blessés lors du front de l'Yser. Certains ont été enterrés là-bas, au cimetière belge. Après la guerre, le roi Albert fait vendre les villas pour une bouchée de pain. La Villa Les Cèdres est rachetée en 1921 par la famille Marnier-Lapostolle, dépositaire de la marque Grand-Marnier. Récemment englobée par le groupe Campari-Cinzano, la propriété devient un fardeau dont on essaie de se débarrasser.
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L'épilogue vient d'être signée et les autorités locales de s'émouvoir du sort que les nouveaux propriétaires réserveront à l'arboretum. Le Roi qui fit connaître Saint-Jean-Cap-Ferrat, y possède son buste, son arrêt de bus mais aussi une importante avenue qui remonte vers Villefranche-sur-Mer car, là aussi, le souverain possédait deux vastes propriétés : les villas de Saint-Segond et Leopolda. Dans le parc de la deuxième, près de cinquante jardiniers s'affairaient autrefois. En 1985, elle est acquise par le banquier libanais Edmond Safra. Sa veuve, Lily y réside toujours même si elle a pensé vendre l'ensemble en 2008 pour 390 millions d'euros. Le milliardaire ruse Mikhaïl Prokhorov s'y intéresse et verse un acompte de 39 millions. La crise ne lui permettra pas de respecter ses engagements et Madame Safra gardera la coquette somme qu'elle fera reverser à différentes oeuvres de charité.
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