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Marie-Christine de Kent, princesse et écrivain

Portrait Gotha

Rédaction

17 October 2014

© Mireille Roobaert

Le dernier livre de la princesse Marie-Christine de Kent vient de sortir en français. Lors d'un entretien exclusif au palais de Kensington, la cousine de la reine Elizabeth II a évoqué la genèse de cet ouvrage qui, à l'image de son héroïne, fut une véritable aventure.

Dotée d'une personnalité forte, l'épouse du prince Michael, cousin germain de la reine Elisabeth II, n'a pas coutume de faire les choses à moitié. Durant sept années, elle a étudié avec minutie le contexte historique et la vie de Yolande d'Aragon (1381-1442), la souveraine des quatre royaumes, à qui elle consacre une biographie romancée solidement charpentée. Historienne de formation, la princesse s'est plongée dans les archives pour recréer cette épopée qui commence au XIVe et se poursuit bien au-délà, mettant en scène l'illustre famille d'Anjou, mais aussi les Maisons alliées. Elle s'est rendue dans chaque lieu décrit et a mené l'enquête, délivrant le premier volume d'une trilogie qui promet d'égaler le succès de ses précédents ouvrages. La parution de The Queen of Four Kingdoms clôt en beauté une année riche en émotions pour la princesse Marie-Christine.

L'Eventail - Madame, il aura fallu attendre près de sept ans pour que paraisse votre nouveau livre. Était-ce prémédité ou plutôt le fruit du hasard ?

Marie-Christine de Kent - En fait, ce ne sera pas un seul livre mais bien une trilogie, plutôt une longue histoire divisée en trois volumes. Je ne voulais pas être pressée par le temps et puis durant ces sept années, il s'est aussi passé de nombreuses choses. En fait, je souhaitais consacrer un ouvrage à Agnès Sorel car dans mon dernier livre, consacré à Diane de Poitiers, j'ai découvert que son mari, Louis de Brézé, était le fils de Charlotte de Valois, une dame dont la beauté égalait celle de sa mère Agnès Sorel. J'ai donc voulu en savoir plus sur cette Agnès Sorel et j'ai trouvé son histoire tout-à-fait fascinante.

- Mais pourquoi alors avoir décidé de consacrer votre livre à Yolande d'Aragon, un personnage étonnant mais très peu connu de tout un chacun si l'on excepte les historiens ?

- En fait, tout en me documentant sur Agnès Sorel qui deviendra la favorite du roi Charles VII, j'ai réalisé qu'elle était la protégée de Yolande d'Aragon, souveraine de quatre royaumes, et j'ai absolument voulu commencer l'histoire en évoquant cette autre figure captivante. Á cette époque, l'Anjou et l'Aragon combattaient âprement pour s'approprier Naples et la Sicile. Les deux reines, toutes les deux veuves, voulurent que leurs enfants s'épousent afin de faire cesser la guerre. Malheureusement, les cousins s'en mêlèrent et le conflit continua, en partie à cause de la dernière reine, Jeanne de Naples, de la branche de Durazzo, qui favorisait un camps et puis l'autre. Yolande dut attendre neuf ans avant de rencontrer son promis qui était à la guerre et quand ils se virent pour la première fois, ils se plurent immédiatement, ce qui était plutôt rare pour un mariage arrangé ! Elle sera présentée au roi de France et, en la voyant, il sera vivement impressionné. Il lui donnera une bague sertie d'un saphir en lui disant que si, un jour, elle avait besoin de lui, il lui suffirait de présenter le bijou qui lui ouvrirait bien des portes. Cette bague qui suivra les protagonistes dans les trois livres apparait d'ailleurs sur la couverture et est l'une des seules inventions de l'ouvrage.

- Qui est Yolande ?

Yolande est la fille du roi Jacques d'Aragon et de Yolande de Bar. C'est une femme très intelligente qui va jouer un rôle considérable, élevant le futur roi de France en son château d'Angers, le protégeant des machinations du temps, administrant ses terres en Provence et en Anjou. Elle se liera entre autre avec Louis d'Orléans et son épouse Valentine Visconti, avec le duc de Berry, auteur des Riches Heures, avec le duc de Bretagne à qui elle donne sa fille en mariage. Elle serait également à l'origine de l'apparition de Jeanne d'Arc, une tentative pour renverser la mainmise de l'Angleterre sur le territoire français. Elle vit à une époque assez exceptionnelle avec deux papes, l'un à Avignon, l'autre à Rome, mais aussi de hauts faits historiques comme la bataille d'Azincourt que j'explique en détail car il s'agit d'un événement clef de l'époque puisque toute la crème de la noblesse française fut tuée, le roi d'Angleterre n'ayant pas d'argent pour s'occuper de prisonniers. Il les fit tous exécuter ! Et puis, ce qui explique le titre, Yolande était reine de Naples, de Sicile, de Chypre et de Jérusalem !

- Comment construisez-vous un tel livre sur le plan du contexte historique par exemple ?

- Tous les faits évoqués sont véridiques. Quant aux détails, qu'il s'agissent de costumes ou de bijoux par exemple, leur description renvoie à des exemples similaires portés à l'époque, sans doute pas le jour mentionné mais il n'y a pas d'invention, sauf peut-être la bague qui me permettait d'avoir une sorte de fil conducteur entre les trois volumes de la trilogie. Je suis très exigeante quant à la véracité du contexte historique, même au niveau des plantes ou de la nourriture. Les voyages aussi sont extrêmement importants et jamais, je n'ai parlé d'un endroit que je n'avais pu visiter moi-même. Évidemment, nombre de choses ont changé depuis le XVe siècle, mais il est important de se rendre compte des lieux. Il existe d'ailleurs encore des vestiges de cette période comme les châteaux d'Angers ou de Tarascon.

- Appréhendez-vous la réaction du public quand un de vos livres parait ?

Pas vraiment, non que je ne m'en soucie pas mais ce qui m'importe, c'est l'écriture d'un livre. J'y prends énormément de plaisir. Si le public apprécie le livre, je suis bien sûr très heureuse mais si il n'aime pas, alors, je pense qu'il ne s'agit pas du public approprié car mes ouvrages sont faciles à lire, regorgent d'informations et doivent susciter l'intérêt de certaines personnes.

- Fut-il difficile de vous imposer comme écrivain, en tant que princesse ?

J'ai étudié l'histoire et l'histoire de l'art. Mon envie d'écrire sur des sujets en rapport avec ma formation me paraissait donc légitime et puis, dans la famille, tout le monde éprouvait le besoin d'écrire. Je fut encouragée par ma mère et puis, toute mon enfance fut bercée, non par les traditionnelles contes mais plutôt par des récits historiques, d'où mon vif intérêt pour le genre. Quand j'ai épousé mon époux, je travaillais dans la décoration intérieure et au retour de mon voyage de noces, j'ai appris qu'une princesse ne pouvait avoir une activité professionnelle. J'ai donc réfléchis et trouvé ma voie, en accord avec le palais. Depuis, les choses ont bien changé mais à l'époque je me suis adaptée.

La reine des quatre royaumes par Son Altesse Royale la princesse Marie-Christine de Kent, Editions Télémaque, 2014.

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