Christophe Vachaudez
10 August 2020
Inutile de revenir sur l'ascension fulgurante de cette dynastie de banquiers qui va prendre plaisir à acheter de façon compulsive des myriades d'œuvres d'art. Le baron Ferdinand qui réside à Londres souhaite profiter de la campagne anglaise et il achète à son ami le duc de Marlborough, un important domaine en plein cœur du Buckinghamshire où il avait l'habitude de chasser le renard.
Lui qui espérait acheter un château de La Loire change d'avis et commande à l'architecte français Gabriel Hippolyte Destailleur un édifice de style néo-renaissance fusionnant des éléments empruntés à différents châteaux célèbre, comme ceux de Maintenon ou de Chambord, notamment.
© Chris-Lacey/National Trust/Waddesdon Manor |
La vaste demeure qui va accueillir le baron durant les week-ends est terminée en 1883 et un dîner de vingt convives commémore l'événement. Le manoir sera sans cesse agrandi durant une autre décennie et il ne manque pas de susciter la curiosité. Ainsi, la reine Victoria, d'ordinaire si frileuse, s'y fait inviter. Elle y vient en 1890. Son fils, Bertie, est déjà un habitué !
Á la mort de Ferdinand, en 1898, Waddesdon passe à sa sœur Alice qui décède elle-même sans enfants. Son petit-neveu, James, issu de la branche française en prend possession en 1922. Á sa disparition en 1957, il le cède au National Trust afin de préserver son intégrité, contenant comme contenu. Son épouse puis leur neveu, Jacob demeure toutefois au conseil d'administration.
© National Trust/Waddesdon Manor |
Entre 1990 et 1997, ce dernier entreprendra et financera d'ailleurs une importante campagne de rénovation. La famille conserve toutefois la propriété du charmant manoir d'Eythrope, renommé pour ses jardins. Attraction majeure de la région, Waddesdon attire surtout les passionnés d'art attirés par ses vastes et précieuses collections.
Au fil du temps, les nombreuses pièces du manoir ont accumulé les toiles de maîtres. On note une nette prédilection pour les portraitistes anglais tels que Gainsborough ou Reynolds, les peintres hollandais du siècle d'or ou les artistes français du XVIIIe siècle qui demeure l'époque favorite des Rothschild, grands amateurs de porcelaines de Sévres, de tapis de la Savonnerie, de lambris rocaille, de tapisseries de Beauvais et d'ébénistes parisiens.
© National Trust/Waddesdon Manor |
Cependant, l'art de la Renaissance ne les laisse point indifférent et leurs cabinets de curiosités regorgent d'objets uniques mais aussi de bijoux rehaussés de camées, d'émaux et de pierres précieuses. Des armures estampées, des manuscrits et des éditions anciennes, des éventails peints parés de nacre, des costumes, des cristaux, des lustres, de l'argenterie, des pièces de monnaie, des dessins ou encore des sculptures contribuent à faire de Waddesdon l'un des plus riches musées du Royaume-Uni, témoignage du goût imparable des Rothschild.
De nos jours, les horloges continuent à tintinnabuler, pour le plus grand plaisir des nombreux visiteurs qui parcourent les salons de Waddesdon, ses greniers, sa chambre au trésor, ses appartements tout comme les quartiers réservés jadis aux domestiques, téléportés durant quelques dans un univers suranné où l'art rayonne en majesté.
www.waddesdon.org.ukPublicité