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Écrin de rêve pour une collection chargée d'amitié

DécorationDécoration intérieureKnokkeLe ZouteLifestyleMaisonvilla

Gwennaëlle Gribaumont

28 August 2024

À l’image du couple formé par Guy et Linda Pieters, leur somptueuse villa baptisée La Belle Équipe a su se faire attendre pas moins de… vingt ans ! Installés depuis 2019 dans la maison de leurs rêves, les galeristes coulent des jours heureux entourés d’œuvres d’art comme autant de témoignages d’une vie de rencontres et d’amitiés.

Idéalement située en plein cœur du Zoute, la maison de Guy et Linda Pieters nous est introduite par une anecdote attachante. Le propriétaire des lieux explique : “Cette maison est véritablement notre maison de rêve. Longtemps, nous avons habité juste en face et nous rêvions de nous y installer. À deux reprises, cette villa a été mise en vente. La première fois, il y a de nombreuses années, nous n’étions pas en mesure d’en faire l’acquisition… Quand elle a été remise sur le marché, c’était le bon moment, et nous avons eu l’immense bonheur de pouvoir l’acheter. C’était il y a six ans.”

Construite au début des années 1950, cette bâtisse au toit de chaume – imaginée par l’architecte hollandais Jean de Wit van der Hoop (1880-1936) – a été complètement restaurée, en conservant fidèlement les volumes intérieurs et l’ambiance originelle. Si l’architecture est remarquable, que dire de la vertigineuse collection d’œuvres d’art qu’elle abrite ? Des pièces emblématiques signées Arman, César, Marcel Broodthaers, Jan Fabre, Bernar Venet, Christo et Jeanne-Claude, Keith Haring, Niki de Saint Phalle… Et pour cause : plus qu’un passionné, Guy Pieters s’est imposé dans le microcosme des galeries d’art contemporain comme l’un des acteurs incontournables. Pourtant, rien ne le prédestinait à un tel parcours. À un détail près…

Un écrin sur mesure pour une collection d'envergure. À l'extérieur, une sculpture en acier corten signée Bernar Venet.

Né à Laethem-Saint-Martin, Guy Pieters passa son enfance dans ce village bucolique au bord de la Lys, reconnu depuis la fin du XIXe siècle comme l’un des foyers artistiques les plus féconds du pays. Fuyant la ville au profit d’un environnement plus naturel, plusieurs générations d’artistes y élurent domicile. Parmi eux, Léon et Gustave de Smet, Hubert Malfait, Gustave Van de Woestijne… Dans le café tenu par sa grand-mère, le petit garçon rencontre les artistes du cru, s’imprégnant de la tradition picturale de son terroir : l’expressionnisme flamand. Au tournant de ses quinze ans, il ouvre un coin librairie dans la boutique maternelle (un magasin de fournitures de peinture). Une étape décisive ! Parallèlement à ce petit commerce, Guy Pieters commence à vendre les tableaux que les artistes locaux lui confient. “Je connaissais très bien tous les grands artistes. J’ai véritablement grandi sur leurs genoux. Progressivement, ils me déposaient des tableaux que je mettais en vente. En deux ans, j’avais transformé ma librairie en petite galerie d’art avec tout de suite de bonnes signatures.”

Accueil chaleureux avec le pouce de César, agrandissement en bronze du propre pouce de l'artiste.

Deux œuvres emblématiques ornent l'escalier : un grand tableau de Jan Fabre composé d'élytres de coléoptères surplombe une compression de Mercedes de César.

Son parcours de galeriste prend une dimension nouvelle après avoir rencontré Linda, son épouse. “Dès septembre 1979, nous nous sommes intéressés au marché international. Sur les conseils de Gaston Bogaert (peintre et écrivain franco-belge), nous nous sommes rendus à Paris pour visiter des galeries et des artistes du côté de l’avenue Matignon et du boulevard Saint-Honoré, mais nous étions jeunes et assez mal reçus. Dès le lendemain, nous avons décidé de quitter Paris pour découvrir la Côte d’Azur. Dans un restaurant de Juan-les-Pins, attablé à côté de nous, l’artiste Arman. Cette rencontre a été décisive. Il nous a invités à visiter son atelier, il nous a confié la vente d’une vingtaine de tableaux mis en dépôt, et surtout, il nous a introduits auprès de tous les autres artistes du Nouveau Réalisme (César, Bernar Venet, Ben Vautier…).

La décoration intérieure est confié à Linda Pieters. Avec talent, elle a réussi à rendre les lieux chaleureux et accueillants. À l'arrière-plan, une compression de cartons de César, à droite, du même artiste, la sculpture intitulée Les Patins de Gilles. Sur la table de salon, ¥€$, sculpture signée Jacques Villegé. Et toujours, de beaux livres d'art rappellent les activités d'éditeur de Guy Pieters.

Un tableau de Valerio Adami entre en dialogue avec Big Strings, sculpture d'Arman.

Trois ans plus tard, et parce que nous défendions tous ces artistes de premier plan, nous avons inauguré notre galerie à Knokke-le-Zoute.” Linda et Guy Pieters représenteront également le travail de nombreux artistes américains. “En 1984, lors d’une visite chez Bernar Venet à New York, ce dernier nous a introduits dans l’atelier de Christo et Jeanne-Claude. Le couple va à son tour nous présenter Robert Rauschenberg, Tom Wesselmann, Robert Indiana, Frank Stella… C’est ainsi, au fil des rencontres, que s’est structuré le programme de notre galerie.”

Bunny, sculpture en néons de l’Américain Keith Sonnier jouxte une toile de Bernar Venet.

La salle à manger n’est pas en reste, réunissant d’autres très belles œuvres. Parmi les pièces les plus remarquables, un tableau aux assiettes signé Marcel Broodthaers, Le D est plus grand que le T…, et une composition d’Arman présentant des morceaux de violoncelle.

Une collection d’envergure muséale

Aujourd’hui, la plupart des œuvres qu’ils conservent sont historiques et d’envergure muséale. Guy Pieters nous confie au passage que certaines œuvres sont en voyage… Parmi elles, une œuvre exceptionnelle d’Yves Klein qui circule en permanence dans des expositions aux quatre coins du monde. Si certaines ont été achetées en début de carrière et/ou à des prix encore accessibles, la plupart ont été reçues en cadeau. Et si le couple chérit sa collection avec autant d’affection, c’est parce que toutes ces œuvres leur apparaissent comme des témoignages d’amitiés sincères entretenues sur de très longues années avec tous les artistes qu’ils n’ont cessé de défendre. “Nous vivons avec des œuvres que nous n’avons jamais présentées à la vente et dont nous ne nous séparerons jamais. Nous les gardons précieusement dans l’intimité de notre vie, dans notre quotidien à la maison. Toutes véhiculent la mémoire d’un instant. Elles sont chargées des souvenirs de nos rencontres : une visite à l’atelier, une discussion, une exposition… Cette collection représente ces relations auxquelles nous avons toujours été attentifs.”

La maison multiplie les associations réussies, à l’image de la rencontre de cette nature morte signée César, intitulée Hommage à Morandi, au-dessus d’un splendide dressoir de Cees Braakman accueillant une petite sculpture de Bernar Venet. À leurs côtés, un chandelier de Jean Tinguely (époux de Niki de Saint Phalle).

En cuisine, pour ouvrir l’appétit, rien de tel qu’une accumulation de fourchettes signée Arman.

Si la collection de Linda et Guy Pieters aligne les grands noms d’artistes considérés aujourd’hui parmi les plus performants sur le marché de l’art, il faut néanmoins reconnaître que la situation était fort différente quand le couple commença à s’y intéresser. “Dans les années 1970 et 1980, l’art contemporain n’était pas à la mode comme c’est le cas aujourd’hui, et ces artistes souffraient d’un manque de visibilité et de reconnaissance. Il nous a fallu du courage mais aussi beaucoup de patience pour mettre ces artistes en valeur, et réussir à les faire connaître et reconnaître. Aujourd’hui, ce chemin parcouru nous apporte une grande satisfaction.”

Avec un enthousiasme communicatif, Guy Pieters nous raconte quantité d’anecdotes. Certaines remplies de nostalgie. Un temps où une poignée de main était synonyme d’engagement et où le plaisir de travailler ensemble apparaissait comme un prérequis essentiel à toute collaboration professionnelle. Un temps où Knokkeépicentre artistique – accueillait, sous l’impulsion du peintre et collectionneur Roger Nellens, Keith Haring, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. “C’était une époque formidable ! Nous organisions des fêtes, des déjeuners sur l’herbe dans le jardin autour du dragon réalisé par Niki de Saint Phalle. Au Casino, Gustave Nellens (le directeur) présentait de grandes rétrospectives sur les nouveaux réalistes, Magritte, Delvaux… Sur le plan artistique, dans les années 1970 et 1980, Knokke polarisait l’attention. Ce sont autant de souvenirs inestimables que nos œuvres nous rappellent chaque jour !”

Au-dessus d’un magnifique sofa qui invite à la détente, les courbes suggestives de Marilyn, huile sur toile de Robert Indiana.

La chaleur d’un foyer

Si l’installation des œuvres d’art dans un intérieur apparaît, au sein d’un couple, comme un sujet régulièrement sensible, entre Linda et Guy Pieters, il n’en est rien. “Avec mon épouse, les choix s’opèrent naturellement. D’ailleurs, quand nous visitons des ateliers d’artistes, nous faisons le tour séparément. À la fin, même si nous avons vu un millier d’œuvres, nous pointons toujours les mêmes pièces ! Aussi, je dois reconnaître à Linda un réel talent pour la décoration intérieure. Elle a toujours un coup d’œil unique et parvient à rendre les lieux très chaleureux et accueillants. Comme avec les artistes, elle aime les relations de confiance qui s’inscrivent dans la durée avec les décorateurs et enseignes locales, notamment avec Rik Ruebens (RR Interieur Knokke) et Brigitte Garnier (Damme).”

Œuvre très importante en raison de l’affection portée à l’artiste par le galeriste, et réciproquement, The Umbrellas (Project for Japan and Western USA) signée Christo.

Dans la salle de bain, une touche d’Italie avec la serviette Missoni.

Toujours aux commandes de leur prestigieuse enseigne (qui compte trois galeries à Knokke), Guy Pieters et son épouse ne manquent pas de projets. Parmi les plus ambitieux, l’aboutissement d’une œuvre imaginée par Christo et Jeanne-Claude à Abu Dhabi et l’ouverture prochaine d’un centre d’art de 1000m2 à Knokke (Natiënlaan) avec pour objectif la pérennisation des démarches d’artistes qu’ils ont longuement défendus, à travers des expositions et des conférences… Tout cela, en poursuivant la programmation d’expositions dans leurs quatre espaces et la recherche de jeunes talents qui écriront les prochaines pages de l’histoire de l’art. Quant à savoir si nous aurons un jour le plaisir de lire, dans quelques chapitres biographiques, toutes leurs pérégrinations artistiques, Guy Pieters répond : “Je préfère que l’on publie des livres sur nos artistes. Ce sont eux qui ont construit notre vie !”

Photos : © Mireille Roobaert
Photo de couverture : Au cœur de Knokke-le-Zoute, La Belle Équipe, maison rêvée de Linda et Guy Pieters.

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