Juliet Bonhomme
10 March 2023
Le designer japonais a présenté au palais de Tokyo une collection unisexe pas comme les autres : elle illustre les montagnes d’ordures de la fast fashion déversées en Afrique. Comment ? Le sol du défilé représentait une décharge de vêtements à ciel ouvert et les tenues évoquaient le plastique et les montagnes de déchets textiles. Le tout poétiquement illustré par un mélange de couleurs et de matières.
Nakazato confie qu’il a voulu trouver un juste milieu : “J’ai essayé de voir non seulement la beauté, mais aussi la partie négative et mixer les deux. […] Nous devons penser ensemble à l’avenir de l’industrie de la mode. Il n’y a pas de réponses exhaustives, mais il est important d’en parler.” Cette inspiration vient de son voyage au Kenya en octobre dernier, pays qui reçoit des tonnes de vêtements de seconde main. Il compte réaliser un documentaire, véritable point de départ de sa collection, dénonçant l’impact de l’industrie de la mode dans des pays souffrant d’importantes sécheresses et de pollution textile.
© yuima nakazato
Avec de telles valeurs, le créateur ne pouvait laisser de côté l’origine éthique de ses matériaux : certains tissus ont été fabriqués au Japon, son pays d’origine, à partir de vêtements recyclés. D’autres ont été teints en beige et en orange grâce à des pierres du désert africain, une jolie fusion entre les deux continents. Le processus de production textile était donc à impact réduit, évidemment, tout comme l’utilisation de la technologie dite “fibre sèche” utilisée pour produire du tissu non tissé, imprimable, à partir de vêtements usagés.
Cet événement nous prouve que la mode est un art qui peut faire passer des messages forts à la masse. Yuima Nakazato démontre qu’écologie et créativité sont des alliés, et qu’il est temps d’en parler.
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