Martin Boonen
22 October 2021
Eventail.be - Comment vous êtes-vous tourné vers le bois ?
Thibaut de le Court - J'ai travaillé pendant plus de 17 ans dans différentes startup et PME dans des secteurs comme la logistique, le transport, l'e-commerce... Ayant passé mon enfance en Ardenne et donc grandi entouré de bois et de constructions en bois, je crois que j'ai toujours eu cet univers au fond de moi. En 2013, j'ai commencé à me demander ce que je pourrais lancer comme activité en relation avec ce matériel. En 2018, j'ai pris ma décision : ce sera de la construction.
Thibaut de le Court, fondateur de Back To Wood © Back To Wood |
- D'accord, mais pour construire quoi et comment ?
- Ça peut paraître banal, mais j'avais envie de faire des choses qui me plaisent. Alors, tout de suite nous avons opté pour une approche sur-mesure. Nous faisons du cousu-main. Nous rencontrons le client chez lui, dans l'environnement de la future construction, pour comprendre quels sont leurs besoins et leurs envies. On veut aussi pouvoir être force de conseils. Notre expertise nous permet d'imaginer des choses auxquelles nos clients ne pensaient pas forcément. C'est ça qui nous anime.
© Back To Wood |
- Il y a un style Back To Wood ?
- Non, pas vraiment. Nous voulons coller au plus près des envies du client. Classique ou contemporain, ça m'est égal. Au contraire, la diversification des styles et des genres de nos projets me plait énormément. Comme nous ne faisons rien de standard, je vais forcément m'adapter à ce dont à envie le client. Et c'est toujours un grand plaisir. Mais si vous me demandez mon avis, à titre personnel, les réalisations que j'ai préférées sont les logements sur pilotis pour les Cabanes de Rensiwez : très charpentés, la matière, le bois massif, est vraiment mise en valeur ! On respire le bois ! Dans le même style, le projet de bergerie est, à mon sens, une vraie réussite.
© Back To Wood |
- C'est un matériel naturel, est-il durable pour autant ?
- Contrairement à ce que l'on pense, le nombre d'arbres plantés ajoutés à ceux issus du renouvellement naturel est toujours supérieur au nombre d'arbres coupés. On peut clairement, en Europe du moins, parler de reforestation. Non seulement le bois est un matériel durable, mais il est en plus renouvelable1 !
- Pourtant, les prix flambent actuellement ?
- En effet, c'est à cause du marché nord-américain. Les États-Unis sont sortis de la crise industrielle et économique avant nous. Ils construisent énormément en bois et ont de gros besoins. Jusqu'à présent, ils se fournissaient beaucoup au Canada. Mais l'administration Trump a décidé de taxer l'import de bois canadien. Ils se sont alors tournés vers chez nous. La loi de l'offre et de la demande à fait le reste. Les forêts croissant moins rapidement que la subite demande américaine, le prix du bois est élevé, il faut le reconnaître.
- Ne faut-il pas aller le chercher ailleurs alors ? Certaines essences asiatique par exemple n'ont-ils pas des qualités intéressantes pour la construction ?
- C'est vrai, bien sûr. Mais faire venir du bois d'aussi loin à un coût économique et écologique. Par principe, par éthique, nous privilégions toujours des essences locales, prélevées localement. Principalement des résineux comme le Mélèze ou le Douglas qui correspondent très bien au cahier des charges d'une construction en extérieur. On travaille aussi avec du chêne, qui a une image plus prestigieuse... et qui a un coût. Personnellement, j'aime beaucoup la patine que le temps donne aux constructions en résineux. Pour la toiture, on aime bien le bardeau de cèdre. Ils font de super toitures : c'est beau et ça dure ! Nous avons de super bois dans nos régions, pourquoi aller le chercher si loin ?
© Back To Wood |
- On sent de la passion, en tout cas !
- Absolument, et c'est un point commun que je partage avec toute l'équipe. On est une bonne dizaine à partager les mêmes valeurs, l'amour du bois et c'est ce que je voulais quand j'ai construit l'équipe. Notre responsable opérationnel a plus plus de 10 ans de métier, notre responsable technique est un architecte qui voulait absolument travailler dans le bois. On a des ouvriers qui sont, eux, plus récemment entrés dans le métier mais qui s'y passionnent. J'observe la même chose chez nos freelances. Tout le monde à les pieds sur terre ! C'est important dans notre métier
1 : En France, la surface boisée a retrouvé son niveau du Moyen-Age. En Europe, elle augmente de 500 000 hectares chaque année et on en exploite seulement un peu plus de la moitié (64 % exactement) : Source ici
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