Éric Jansen
30 January 2025
Il a cette élégance d’un autre monde, au fond pas si éloigné dans le temps, mais qui paraît aujourd’hui englouti. Pour ceux qui connaissent son histoire – son mariage avec Margherita Agnelli, la fille de Gianni, en 1975, les trois enfants qu’ils ont eu ensemble – un parfum de glamour, d’art de vivre luxueux et nonchalant ajoute à son charme. Mais il divorçait six ans plus tard et l’homme ne se réduit pas à cet aspect mondain. Très jeune, il a voulu être écrivain, fasciné par la plume d’Ernest Hemingway, Truman Capote, Raymond Carver. “Malheureusement, je ne les ai pas connus.” En revanche, sa rencontre avec Alberto Moravia sera déterminante : il lui consacre une biographie remarquée par la presse italienne, qui lui commande d’autres grands entretiens avec les célébrités du moment : Umberto Eco, Sophia Loren, Valentino, “mais aussi des cardinaux, des hommes politiques…” Son aisance à interroger, l’air de rien, des personnalités difficiles d’accès lui ouvre les portes de la télévision, où il aura son émission durant une quinzaine d’années. Cet intérêt pour les figures de notre époque, qu’elles soient écrivains, acteurs, architectes ou chefs d’entreprise, ne le détourne pas pour autant de son travail personnel. Il écrit une vingtaine de livres, dont de nombreux se passent à Paris. Sa ville de cœur. “C’est un endroit très inspirant et j’y ai vécu.” Il y était encore, il y a quelques jours, pour le lancement d’un recueil d’interviews dans lequel Frank Gehry côtoie Alain Ducasse et Damien Hirst. “Je suis curieux et éclectique. Le fil rouge, c’est la façon dont ils réussissent chacun dans leur domaine. Il n’y a pas de gossip…” Nous ne lui poserons donc pas de questions trop personnelles, lui laissant sa part de mystère.
Photo de couverture : Alain Elkann © Marco-Delogu
© Hôtel Duc de Saint-Simon
“Je descends dans cet hôtel depuis très longtemps. C’est Gae Aulenti qui me l’avait indiqué. À l’époque où elle transformait la gare d’Orsay en musée, elle dormait là. J’y ai pris mes habitudes, je suis quelqu’un de très fidèle. Je voyage beaucoup et j’ai tendance à retourner dans les mêmes endroits. Et je dois dire qu’ils sont adorables, car ils me trouvent toujours une chambre, alors qu’ils ont beaucoup de demandes. Il faut dire que l’hôtel est idéalement situé, à deux pas du boulevard Saint-Germain, mais dans une petite rue calme.”
Hôtel Duc de Saint-Simon • 14 rue de Saint-Simon 75007 – Paris, France • +33 1 44 39 20 20 • hotelducdesaintsimon.com
© Lao Tseu
“De mon hôtel, je vais à pied dans ce restaurant chinois, qui est une institution du quartier. Quand j’habitais Paris, dans les années 1980, j’y allais régulièrement le dimanche soir. Je me souviens entre autres de dîners très amusants avec Frédéric Mitterrand. C’est un lieu où se retrouvent journalistes, hommes politiques, artistes, gens de l’édition. La cuisine y est bonne et, surtout, on est très bien accueilli par monsieur Zhu Wen. Il avait baptisé son restaurant du nom du célèbre sage pour séduire les maisons d’édition voisines et il a réussi !”
Lao Tseu • 209 boulevard saint Germain, Paris, France 75007 • Tél. +33 1 45 48 30 06 • Insta : @lao_tseu_paris
© Brasserie Lipp
© Brasserie Lipp
“Je sais, c’est très banal, mais j’y ai tellement de souvenirs ! J’y venais avec mes enfants, cela faisait partie de nos cantines, comme le café de Flore. Pendant un moment, j’ai eu un appartement rue du Dragon, qui donnait sur l’arrière de la brasserie. Nous allions aussi au Voltaire, mais depuis qu’il a été repris, il est devenu à la mode et il est plus difficile d’y avoir une table. Quand j’ai le courage de quitter Saint-Germain-des-Prés, je vais Chez Georges ou Chez l’Ami Louis. Deux autres restaurants où le temps semble n’avoir pas de prise.”
Brasserie Lipp • 151, boulevard Saint-Germain 75006 Paris • Tél : +33 1 45 48 53 91 • brasserielipp.fr
© Hôtel Regina
“Un autre lieu qui ressemble à un décor de film, avec ses meubles anciens, ses boiseries, son bar anglais. Il y a longtemps que je n’y suis pas retourné et j’espère vraiment que rien n’a changé. C’est un hôtel qui a le charme du Paris d’hier, figé dans le temps. J’y ai terminé un roman, Piazza Carignano, que Régine Deforges a publié en 1989, après nous être rencontrés dans un dîner. Elle n’avait pas lu le manuscrit, mais s’était immédiatement enthousiasmée pour l’histoire inspirée par mon oncle maternel, juif et fasciste…”
HÔTEL REGINA • 2 Place des Pyramides 75001 Paris • Tel: +33 1 42 60 31 10 • regina-hotel.com
© Thaddaeus Ropac
© Gagosian
“Quand je ne suis pas au Louvre, à Orsay ou au musée des Arts décoratifs pour une exposition, j’aime aller dans les galeries d’art contemporain. J’ai une prédilection pour celles de Thaddaeus Ropac que j’ai interviewé et que j’estime beaucoup. Je suis allé dans son incroyable espace à Pantin, pour les expositions d’Anselm Kiefer et d’Alex Katz. J’ai également rencontré ses artistes Gilbert & George, Miquel Barceló, Georg Baselitz. L’autre galerie incontournable est celle de Larry Gagosian que j’ai aussi interviewé à New York.”
Thaddaeus Ropac • 7 Rue Debelleyme, Fr-75003 Paris • www.ropac.net – Gagosian • 9 rue de Castiglione, 75001 Paris • www.gagosian.com
© Bourse du Commerce
© Fondation Louis Vuitton
“J’engage tout le monde à aller voir l’exposition consacrée à l’Arte povera à la Bourse du Commerce, sublime bâtiment métamorphosé par le génial Tadao Andō pour François Pinault. J’y ai retrouvé les œuvres de deux artistes que j’admire beaucoup et qui sont des amis, Giuseppe Penone et Michelangelo Pistoletto. Pour être tout à fait impartial, je dois dire que j’aime tout autant la fondation Vuitton réalisée par Frank Gehry, pour Bernard Arnault ! On dirait un vaisseau qui fend le bois de Boulogne.”
Bourse de Commerce • 2 rue de Viarmes, 75001 • pinaultcollection.com – Fondation Louis Vuitton • 8 av. du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris • fondationlouisvuitton.fr
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