Rédaction
03 May 2018
La philosophie de la Ferme de Linciaux tient en quelques mots riches de sens : autonomie, permaculture, pédagogie et réalisme.
Nicolas le Hardy nous explique : « Dans le modèle traditionnel, les fermes se spécialisent souvent dans une seule activité et ne sont qu'un seul maillon d'une longue chaîne. À la ferme de Linciaux, nous travaillons pour former un tout et constituer toute la chaîne ». Pour parvenir à ce résultat, il estime que chacune des activités de son exploitation doit servir les autres et que tout doit être pensé de manière globale et optimisée.
© Ferme de Linciaux |
Mais le projet repose aussi sur une logique entrepreneuriale. « Il ne faut pas systématiquement vouloir faire gros, il faut apprendre à faire petit. Ici nous faisons peu, mais nous le faisons bien », nous dit-il. Les agriculteurs d'aujourd'hui doivent repenser les modèles conventionnels s'ils veulent survivre. Ils doivent adopter une gestion plus moderne et plus réaliste quitte à avoir plusieurs activités professionnelles, comme c'est le cas pour notre hôte.
© Ferme de Linciaux |
Nicolas le Hardy est locataire des terres de son père, agriculteur à la retraite. Et il insiste : « il n'est pas indispensable aujourd'hui d'être propriétaire pour y arriver ». Il souligne aussi l'importance de rendre le citoyen plus conscient et plus responsable dans sa manière d'acheter et de consommer : « On a perdu la notion de ce que coûtent réellement les choses. Acheter pas cher est attractif mais crée un déséquilibre par ailleurs ».
Nous arrivons d'abord dans un potager clos de murs, dans le coin se dresse une jolie serre en fer forgé qui accueillera les variétés frileuses. Nicolas le Hardy nous explique son choix de la permaculture dans laquelle les cultures doivent être associées les unes aux autres et se servir mutuellement.
© Ferme de Linciaux |
Chaque plantation implique une réflexion initiale très poussée pour parvenir à un système cohérent nécessitant à terme un entretien minimal et multipliant jusqu'à sept fois les capacités de production ! À l'ombre des Kiwi plantés en hauteur, le fenouil profitera d'un espace frais nécessaire à sa pousse. Au milieu des fraisiers, pousseront des poireaux. « Notre volonté est de cultiver et de proposer aux clients de la ferme des produits à haute valeur ajoutée ».
À la Ferme de Linciaux, on élève des vaches. Une joyeuse troupe de charolaises nous accueille dans une étable chaude alors que les températures extérieures sont négatives. La viande produite ici sera aussi transformée en utilisant les produits de la ferme, et notamment les herbes aromatiques du potager apportant leurs arômes parfumés au produit, en collaboration avec les professionnels du coin (traiteur, boucher, etc.).
© Ferme de Linciaux |
Là où le label Bio permet encore de faire grandir dix poulets sur un mètre carré (!), ici le choix a été fait de laisser les poulets gambader en plein air. « Pour nous le bio, au-delà de son acception légale et normative, est un B-A-BA. Le label Agriculture Biologique est déjà en train d'évoluer pour permettre une production plus intensive et va progressivement perdre de son sens. Nous sommes bio bien sûr, mais nous allons déjà bien au-delà du bio ».
Les moutons élevés ici sont belges. Une race menacée et esthétique qui fait partie intégrante du patrimoine local. « En été les moutons boivent la rosée du matin. Et leur laine a servi à protéger la ruche du froid », nous explique notre hôte. Tout doit être polyvalent et tout est réfléchi de manière à servir les diverses activités de la ferme.
© Ferme de Linciaux |
La permaculture, au-delà de la technique, est aussi une philosophie, raison pour laquelle Nicolas et Marie-Catherine le Hardy ont souhaité proposer des formations au public. Ils nous expliquent : « La Ferme et le potager doivent non seulement être beaux mais aussi didactiques, si nous voulons que les gens comprennent et adhèrent à notre modèle ».
© Ferme de Linciaux |
Dans ce but d'optimisation permanente, les espaces non cultivables seront aménagés et des nouvelles infrastructures construites, permettant d'organiser des évènements ponctuels dès l'été prochain, parmi ceux-ci l'ouverture d'un restaurant éphémère. « Les gens sont à la recherche d'activités et de choses originales. Les fermes d'aujourd'hui doivent s'ouvrir », nous dit Nicolas le Hardy.
© Ferme de Linciaux |
Nicolas le Hardy n'est jamais à court d'idées pour le futur de sa ferme. « On se voit comme des porteurs de projets, et notre objectif est de pouvoir accueillir à la Ferme de Linciaux des personnes ayant des compétences propres que nous n'avons pas, comme par exemple des apiculteurs ». Un gîte pédagogique pourrait aussi voir le jour dans les années à venir.
www.fermedelinciaux.bePublicité