Rédaction
10 February 2017
En Belgique, plus de 30% des colonies d'abeilles disparaissent par an. Quand on connaît l'importance de cet insecte polinisateur pour notre environnement, le constat effraie.
« Il y a une petite régénération naturelle, bien sûr, mais le taux normal de disparition ne devrait pas dépasser 10%. L'efficacité des outils de contrôle de cette situation est difficile à évaluer d'un pays à l'autre, mais, globalement, la situation est la même dans le monde entier » explique Michael van Cutsem, l'un des deux fondateurs de BeeOdiversity.
© BeeOdiversity |
Quand Michael van Cutsem rencontre, il y a quelques années, Bach Kim Nguyen, celui-ci vient de terminer une thèse de doctorat sur la problématique des abeilles domestiques.
Ils imaginent d'abord vendre du miel et faire profiter les apiculteurs en difficulté d'une partie des revenus de la vente de ce miel.
Mais très vite, les désormais associés comprennent qu'ils peuvent aller beaucoup plus loin.
« C'est la raison pour laquelle nous nous sommes tournés vers l'entrepreneuriat sociétal. Nous sommes financés par nos clients, et pas par des subventions publiques, nous sommes donc complètement indépendants financièrement. Mais en plus de ça, nous avons un impact positif environnemental et sociétal. Nous ne pensons pas qu'il faille faire un choix entre améliorer notre monde et gagner de l'argent » raconte Michael van Cutsem.
© BeeOdiversity |
C'est beau les idéaux, mais comment faire ? Dans sa thèse, Bach Kim Nguyen a mis en évidence les liens entre le recul de la biodiversité, la pollution et la disparition des abeilles. En résumé : l'appauvrissement de la biodiversité et la pollution accélèrent la disparition des abeilles, et la disparition des abeilles accélère l'appauvrissement de la biodiversité. La première idée de BeeOdiversity est donc de briser ce cercle vicieux en aidant des sociétés (publiques ou privées) à installer des ruches en leur sein. L'objectif est ici pédagogique (sensibiliser les employés à la problématique des polinisateurs et de la biodiversité), et écologique (favoriser la biodiversité).
Mais les abeilles de BeeOdiversity ont une carte au fond de leurs ruches qui donne une autre dimension au projet de Michael van Cutsem et Bach Kim Nguyen.
« Une abeille, en moyenne, couvre 700 hectares pour butiner quelques 4 milliards de plantes. De ces plantes, elles ramènent du pollen que l'on analyse en laboratoire. On peut dresser un état des lieux de l'environnement sur ces 700 hectares et y déceler notamment les carences en biodiversité. En fait, les abeilles permettent de faire un échantillonnage très important de la qualité de l'environnement, en particulier sur la présence de métaux lourds et pesticide » détaille Michael van Cutsem.
© BeeOdiversity |
Et ça, ça peut intéresser de grosses entreprises. BeeOdiversity travaille notamment avec d'importantes marques d'eau minérale comme Bru, Volvic, ou Spa. Ce genre d'industrie a, typiquement, besoin d'avoir un rapport détaillé et précis de la qualité de l'environnement naturel qui entoure leurs réserves d'eau et leurs sources. Et pour ce job, rien ne vaut les abeilles !
C'est cette – redoutable – trouvaille qui attira l'attention du jury du concours d'entrepreneuriat social Chivas The Venture (dont Eventail.be vous parlait ici). C'est d'ailleurs BeeOdiversity qui a été choisi pour aller défendre son projet en finale, à Los Angeles, et peut être remporter une partie du million de dollars constitué dans le fond d'investissement de Chivas The Venture.
Michael van Cutsem lors de la finale belge de Chivas The Venture © Chivas The Venture |
Quant à leur chance de réussite dans ce concours, Michael Van Cutsem pense qu'un candidat belge a son épingle à tirer : « En Belgique, on a un désavantage énorme, c'est notre taille, et son marché qui lui est proportionnel. Mais on peut aussi y voir une opportunité : pour décoller en Belgique, on ne peut que très rarement se contenter de rester sur notre marché national. Il faut penser, très rapidement, à l'Europe, voir, au reste du monde. Du coup, les projets belges doivent pouvoir être reproduits partout. C'est ce que les Anglais appellent la « scalability », la « mise-à-l'échelle ». Et c'est un des critères principaux pour The Venture. Avec un projet qui a prouvé qu'il peut être mis à l'échelle, nous partons avec un avantage sur d'autres pays ».
Verdict en juillet prochain, à Los Angeles. D'ici là, Eventail.be ne manquera pas de suivre l'évolution de BeeOdiversity dans le concours, notamment après leur semaine de coaching à Oxford.
www.beeodiversity.comPublicité