Rédaction
01 December 2015
Louis-Marie Piron (le "Piron", de Thomas & Piron) n'est pas seulement le roi de la construction en clé en main, c'est aussi un serial entrepreneur doté d'un véritable amour du petit et grand patrimoine. Notamment celui de sa région. On lui doit la résurrection de La Table de Maxime et des Terrasses, à Our, et de l'Hôtellerie de la Barrière de Transinne. Louis-Marie Piron connaît bien Vencimont, il s'y promène régulièrement. C'était donc un spectateur privilégié de l'état de déréliction du moulin...
Convaincu de pourvoir faire ressurgir le potentiel d'un tel bâtiment, Louis-Marie Piron rachète le moulin. Mais pas question d'en faire une attraction patrimoniale et un musée de l'artisanat. Il en est convaincu que, dans un moulin, il faut faire de la farine et du pain. Il charge alors Dominique Leblan (gérant) de relancer l'activité. L'infrastructure est sinistrée, mais les vestiges sont intéressants (barrages, canal, restants de vannes) et à l'intérieur du moulin: trois roues en cascade, dispositif assez rare.
Dominique Leblan convoque une petite équipe pour l'épauler et mettre le projet de Louis-Marie Piron à exécution: Laurent de Wouters s'associe au projet (pour le volet communicationnel, entre autre, ndlr), et Chloé Englebert s'occupe de la boulangerie. Laurent de Wouters n'a, a priori, rien d'un meunier. Restaurateur de tableaux de formation, il a aussi une expérience commerciale de 20 ans dans le secteur de l'édition. "Ma sensibilité d'artisan pique toujours au vif mon intérêt pour tout ce qui touche à la qualité de vie. Le projet de Louis-Marie Piron et de Dominique Leblan était très intéressant, et surtout très cohérent" explique-t-il.
© Cédric de Waele, 2015 |
Dans un premier temps, les roues du moulin sont connectées à des générateurs hydroélectriques, pour redonner un peu d'autonomie à l'ensemble. Ensuite, un atelier de boulangerie, et une boulangerie, attenante au moulin, viennent prendre place dans le dispositif qui s'installe. Depuis fin août, le Moulin de Vencimont accueille donc une activité de production boulangère et de vente de pain. Les premiers pas vers la renaissance d'un véritable moulin sont d'ores et déjà fait...
© Cédric de Waele, 2015 |
Pour se familiariser avec ce nouveau métier, l'équipe du moulin a été formée par Adrienne Delacroix, du Moulin de Hollange, près de Bastogne. Son père, Dominique Delacroix, médecin gastroentérologue, spécialiste des questions des additifs industriels, avait repris un vieux moulin pour y mettre en œuvre le fruit de ses recherches. C'est cette même philosophie que suit le Moulin de Vencimont: "Nous utilisons des farines 100% céréales, sans additifs technologiques et sans gluten ajouté. Nous nous fournissons en farine avant que le producteur n'y ait introduit les additifs qu'il utilise personnellement. Nous produisons un pain blanc 100 % froment, et un pain demi gris : 40% épeautre, 60% froment. Si notre pain ne convient pas aux intolérants total au gluten, il garantit néanmoins un excellent équilibre en gluten. En fait, c'est le retour à un pain comme on le produisait il y a 40 ou 60 ans." explique Laurent de Wouters.
Tout le procédé est fait en interne et manuellement, jusqu'à la cuisson, sur pierre, à l'ancienne.
Tout? Sauf l'activité de meunerie proprement dite. Une situation paradoxale qui n'est pas amenée à durer. "Dominique Delacroix nous a convaincu de la validité et de la qualité de notre outil, notamment celle de nos trois meules. Nous allons donc reprendre la meunerie proprement dite à notre propre compte. Nous produisons déjà de la farine à titre expérimental pour être prêt à alimenter notre propre boulangerie et une activité de vente au détail." précise l'associé. La mécanique datant de la fin du XIXe siècle, la littérature sur le mode de fonctionnement de ce genre de moulin n'est plus disponible. L'heure est à l'affinage des derniers réglages avant la production.
© Cédric de Waele, 2015 |
Le pari de Louis-Marie Piron de ressusciter un moulin est donc en passe de réussir. Mais, l'équipe ne compte pas s'arrêter là : "Nous nous situons dans une région rurale magnifique, mais excentrée et loin de grands axes routiers, il nous faut donc avoir plus d'un atout pour devenir attractif." ajoute, lucide, Laurent de Wouters. C'est pourquoi à côté de la meunerie et de la boulangerie, viennent s'ajouter une activité HoReCa avec deux gîtes et une salle de séminaire ou de réception, et artistique avec une galerie d'art.
© Cédric de Waele, 2015 |
Bref, au-delà du pain, le Moulin de Vencimont, en ruine hier et perdu pour la communauté, retrouve une activité complète. Aujourd'hui, les 600 kg de pain produit hebdomadairement par la boulangerie du moulin sont déjà le symbole du succès et du renouveau d'un trésor de notre patrimoine rural, heureusement sauvé par quelques entrepreneurs attentifs et passionnés.
Le Moulin de Vencimont95, rue GrandeVencimontwww.moulindevencimont.bePublicité