• HLCÉ

Marie Hocepied, amoureuse des rencontres

Rédaction Eventail

23 June 2015

© Oskar

[caption id="attachment_15126" align="alignnone" width=""]Marie Hocepied, dans son bureau haut perché sur les hauteurs de Forest[/caption]Marie Hocepied est la fondatrice et rédactrice en chef de Recto Verso. Ce magazine de niche, en ligne, se veut esthétique et émotionnel, il traite de la mode, de l’art et de la beauté de manière intime et pointue. Rencontre d'une confrère entrepreneuse.

Pour célébrer le deuxième anniversaire du magazine, un best of imprimé est en librairie depuis fin avril. Malgré l’opinion plutôt pessimiste à propos du lancement d’un nouveau magazine de nos jours, Marie Hocepied, guidée par l'amour du papier et des rencontres, croit sincèrement en ce type de presse. 

Eventail.be - Quel cheminement vous a mené jusqu’au Recto Verso Magazine ? 

Marie Hocepied - C’est marrant car il n’y a pas vraiment eu de grande réflexion. C’était assez instinctif, je l’ai créé pendant ma deuxième grossesse donc cela a vraiment mis 9 mois de penser le projet à ses débuts. J’avais une énergie assez dingue car j’avais besoin de créer quelque chose. L’idée que j’avais était de créer un magazine de A à Z, d’écrire mon article et de le mettre en page comme j’en avais envie. Mais à la base j’avais envie de faire un print car je suis une amoureuse du papier depuis toujours, j’achète toujours une multitude de magazines. Par dépit et d’un point de vue financier, on m’a conseillé de plutôt viser l’online. Je voulais retranscrire la qualité d’un papier sur l’online et réaliser toute une série de rencontres qui m’intéresse et de les partager.

- Pourquoi le nom Recto Verso ?

- A l’époque je travaillais pour Victoire et je m’occupais de la série « comme chez soi ». On allait dans des intérieurs. J’ai toujours aimé rencontrer les personnes dans l’intimité mais sans avoir ce côté voyeur. Cela m’a donné l’idée de réaliser nos propres articles avec nos propres photos mais dans l’intimité des personnes. Il y a donc des rubriques qui s’appellent « dans le bureau de », « dans les casseroles de ». C’est le côté intimiste mais toujours avec un axe bien précis. Le nom Recto Verso est arrivé vraiment en cinq secondes. J’étais avec les graphistes, on avait tout préparé pour le lancement. Elles m’ont dit qu’il fallait trouver un titre et j’ai proposé Recto Verso, elles ont adoré. Question pratique, Recto ce sont des news, des coups de cœur de la rédaction et Verso ce sont les rencontres, les articles de fond, les reportages, le côté coulisses. 

- Quel est l’ADN de Recto Verso, sa spécificité ?

- Quand j’explique ce qu’est le magazine, je dis que c’est un magazine sur l’art, la mode et la beauté mais c’est beaucoup plus parce que forcément il est de niche et on y tient, on ne prétend pas toucher tout le monde, on approfondit le secteur qu’on connaît le mieux. Recto Verso c’est vraiment de l’émotion aussi, en tout cas pour moi, des rencontres, des émotions dans les images qui sont simples mais créatives. C’est du beau, c’est esthétique.

- Il y a beaucoup de collaborations avec des artistes et des créateurs. Comment se construisent ces collaborations ?

- Comme j’avais envie de retranscrire un magazine papier sur le site, il y a eu l’idée de cover puisque forcément chaque magazine a une cover donc je me suis dis que c’était sympa de donner la parole à des artistes et de leur donner cartes blanches avec la seule exigence que cela reflète leur vision de Recto Verso. C’est plutôt du bouche à oreilles au fur et à mesure d’être dans le milieu, des connaissances ou des personnes qui m’envoient un mail et si ça colle, pourquoi pas. Ou si je vois quelque chose qui me plait sur Instagram, par exemple, je contacte la personne. 

 Capture-decran-2015-06-26-a-11.28.12

- Pratiquement, comment se déroule l’organisation du magazine ?

- On a une deadline puisqu’en début de mois on a cette nouvelle cover qui annonce aussi les nouveaux articles, c’est l’occasion d’envoyer une newsletter à nos abonnés. Pendant tout le mois qui précède on fait les différents Verso, on rencontre les personnes, on contacte la personne qui fait la cover. Je travaille beaucoup avec le duo de photographes Oskar depuis le début, ils font vraiment partie de l’équipe et réalisent la plupart des photos. Il y a aussi Face to Face qui réalise la newsletter tous les mois. On est une toute petite équipe. Pour l’organisation, il y a beaucoup d’aspects mais on fait deux journées de shooting, on essaie de grouper les choses. Je m’occupe aussi de la partie plus commerciale et la recherche de sponsor. La rédaction aussi, c’est surtout moi qui écris les articles. C’est tout le temps le rush mais il y a des priorités. On met généralement 7 ou 8 nouveaux gros articles et au cours du mois d’autres peuvent arriver. Mais une fois la newsletter lancée, ça se relâche un peu.

- Une question qui brulent certainement les lèvres des lecteurs qui voient une certaine qualité visuelle et un travail conséquent, c’est la question du financement du magazine ?

- C’est vrai qu’au début c’était beaucoup plus délicat, il y avait pas mal de bénévolat parce qu’il n’y avait pas vraiment d’annonceurs. Maintenant avec le papier, on a eu des beaux annonceurs grâce auxquels on a pu le publier. Pour le site, c’est tout un travail pas facile mais maintenant on a l’intérêt de certaines marques avec lesquelles on a des collaborations, pour du bannering simple ou plus. Donc pour le moment cela fonctionne uniquement avec annonceurs. Cela devient plus facile grâce à la notoriété du magazine. Mine de rien et c’est pour ca qu’on continue c’est qu’il y a de l’intérêt de certaines marques même s’il y a aussi tout le travail que je dois fournir pour y arriver. Le but c’est quand même d’en vivre à un moment donc il faut que cela évolue encore.

- Qu'en est-il du best of ? Les retours sont bons?

- C’est vraiment chouette parce qu’on avait une liste de points de vente qu’on voulait vraiment et ils ont tous accepté. On est dans des librairies de niche, ca reste un magazine de niche avec un tirage limité. On est contents de la sélection des points de vente et cela se vend plutôt bien selon les retours et sur Paris également. Il y aura un numéro 3.

- Le best of sera donc une publication annuelle ?

- On garde cette idée de best of pour chaque anniversaire pour publier ce qui est parut l’année écoulée. Du coup on travaille les gros articles de manière différente parfois, on pense à des nouvelles rubriques pour apporter de nouvelles choses pour le prochain numéro.

- Comment ont été choisis les articles qui s'y trouvent ?

- Il y a eu une sélection. On prend les articles spécifiques à Recto Verso, qui ont été produits de A à Z par nous. C’est vraiment pour exprimer cette version papier, il n’y a pas cette idée de Recto donc il n’y a rien d’actualité, ce sont des articles intemporels puisque c’est l’idée d’un collector que l’on garde dans sa bibliothèque.

- Essayez-vous de toucher le public français, puisque le magazine est disponible aussi chez Colette par exemple ?

- L’objectif n’est pas celui-là principalement mais on ne veut pas être catégorisé belgo-belge ou de ne promouvoir que la création bruxelloise. On a envie de faire d’autres rencontres ailleurs mais ce n’est pas évident car on n’a pas les moyens de faire des reportages partout dans le monde, pas encore. Mais on a fait quelques productions sur Paris car il y a pleins de choses à faire à Bruxelles mais parfois on tourne un peu en rond, et forcément sur Paris il y a de belles rencontres à faire aussi. 

- Si vous deviez mettre un objectif idéal pour le magazine, ça serait lequel ?

- Garder notre indépendance totale qu’on a encore des marques et des annonceurs. On sélectionne quand même les marques, cela reste en accord avec le magazine. Cela peut paraître idéaliste mais pour nous c’est important et cela se présente pour le moment donc c’est assez chouette. L’idéal serait que dans deux ou trois ans Recto Verso soit bien installé, qu’on garde notre liberté de création mais qu’il y ait plus de moyens, des annonceurs et qu’on ait tous ces best of chaque année. L’idéal c’est aussi que la structure puisse grandir puisque je suis sur tous les fronts ce n’est pas évident. Il me manque du temps donc j’aimerai pouvoir agrandir et pouvoir engager.

- Est-ce que tu te qualifies d’entrepreneuse ou de journaliste ?

- Je me considère comme rédactrice mais je commence à ressentir le côté entreprenariat car les gens autour de moi me disent que j’ai fait un boulot assez impressionnant. Je n’aime pas parler de moi ni me mettre en avant, même sur le site. Mais c’est chouette à entendre quand même. Ce côté-là prend de l’importance donc mine de rien, il y a de la gestion. Il faut développer le magazine, le côté business, pour qu’on puisse en vivre mais il y a toujours ce côté passionné et le plaisir qui prennent le dessus. 

 
 
Recto Verso 
Best Of 2 ans

Prix de vente 7€
Disponible à Bruxelles chez Filigranes, Peinture Fraîche,
Candide, Centre-Ville, Superstrat ou au Wiels.
Sur Paris chez Colette et la librairie du Palais de Tokyo.

www.rectoversomagazine.com 

Tuân Andrew Nguyen : The Other Side of Now

Arts & Culture

Ce parcours explore les impacts de la colonisation et des guerres à travers les films et sculptures de l’artiste vietnamien-américain Tuân Andrew Nguyen (°1976).

Le Cap

Du 22/08/2024 au 20/07/2025

Publicité

Foodiz, la nouvelle cantine d’entreprise

Entrepreneuriat

À l’ère du télétravail, les bonnes vieilles cantines d’entreprise ont-elles vécu ? Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de les repenser. Lancée en janvier 2020, la start-up Foodiz aurait dû disparaître prématurément lors du premier confinement, quand les bureaux ont été contraints de fermer leurs portes. Mais ses fondateurs, Quentin Walravens et Thibault Vanhaelen, ont, au contraire, vu dans la crise une opportunité.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles