Martin Boonen
06 October 2022
Guillaume Le Grand, cofondateur (avec Diana Mesa) et directeur de TOWT (Transoceanic Wind Transport) est brestois. Aussi, quand il pense impact, est-ce vers la mer qu’il se tourne. “Dès 2009, nous nous sommes rendu compte que le vent, au large, était très abondant. Nous avons compris également que cette énergie, durable et inépuisable, nous pouvions la ‘router’, la comprendre et l’exploiter, y compris pour de très gros navires.Disrupter le maritime, le défier dans sa décarbonation, peut se faire à la voile pour des raisons très réalistes.”
© Piriou
Le premier des avantages de la propulsion vélique peut aussi sembler le plus étonnant : la vitesse ! Pas en mer, évidemment, navires de TOWT font la différence. Alors que les grands hubs commerciaux sont tous très engorgés, forçant les porte-conteneurs du monde entier à attendre des jours et des jours avant d’être déchargés, les navires de TOWT, au tirant d’eau (la profondeur immergée du bateau) plus faible, ont accès à des bassins moins profonds, souvent situés dans des ports historiques, au cœur des villes, à proximité des hangars urbains. Autonomes pour leur déchargement, les navires de TOWT ne dépendent d’aucun acteur portuaire. “Cela représente évidemment un gain de temps mais aussi d’argent, puisque nous supprimons des intermédiaires”, précise Guillaume Le Grand. Les opérations de transbordement peuvent donc s’opérer en quelques heures, contre plusieurs jours pour les concurrents carbonés. Bref, le temps que l’on perd en mer, on le gagne (et plus encore) au port.
Évidemment, être un pionnier c’est très bien, mais cela ne change pas fondamentalement la donne. Guillaume Le Grand en est conscient : “Notre objectif est de transporter des marchandises à la voile de manière plus industrielle, à une plus grande échelle, avec des navires plus importants, aux gréements plus modernes et aux équipages réduits”.
Pour y parvenir, TOWT vient de conclure une levée de fonds de 4,5 millions d’euros (dont 750 000 en Belgique). La start-up finance la conception et la construction de deux navires de toute dernière génération, bénéficiant de dix ans de travaux en recherche & développement dirigés par TOWT et utilisant des technologies à la pointe dans tous les domaines. Ces navires ultra efficaces seront opérationnels dès 2023 et 2024. Ils permettront de transporter à la voile 18 000 tonnes de marchandises et d’économiser 2400 tonnes de CO2 par an. Quatre nouveaux navires sont actuellement en commande auprès d’un chantier naval français (Piriou) pour compléter la flotte de TOWT.
Avec de tels chiffres, TOWT devient un acteur important du transport maritime, dont le travail valorise les produits transportés (notamment grâce à un label, Anemos). On comprend mieux, dès lors, comment l’avenir du transport maritime (re)passera sans doute par la voile !
Photos de couverture : © Piriou
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