François Didisheim
20 February 2024
L’indépendance, l’humanité et l’audace avec lesquelles Laurence Massart a mené à bon terme ces audiences historiques en ont fait la personnalité incontournable de 2023. Mais, paradoxalement, sa discrétion aussi. En effet, Laurence Massart n’est pas du genre à s’afficher dans les médias, qui sont pourtant demandeurs. Vous aurez du mal à trouver quelque part une interview qui vous permettrait d’en apprendre plus sur la personnalité de cette femme respectueuse. Non, on ne connaît Laurence Massart qu’au travers de sa profession. Ce que confirme le journaliste Thomas de Bergeyck dans le magazine Lobby : « Laurence Massart ne s’est pas affichée en quatre par trois dans toute la presse et, pourtant, elle a été l’une des personnalités les plus brillantes en 2023. Quelle tâche exigeante que de rendre la justice dans un dossier si sensible que celui des attentats de Bruxelles. À l’émotion, elle a préféré la raison. Présidente de la Cour d’assises spéciale, elle ajoute, avec cet Award du Leader féminin, un autre titre à celui déjà prestigieux de Femme de l’année du magazine Elle. » Et Thomas n’oublie pas de souligner son « âpreté au travail ». Ce qui lui fait un point commun avec notre Leader masculin, Peter Piot.
© Didier Lebrun/Photonews
Laurence Massart n’est pas arrivée là par hasard. Parmi les grandes affaires qui ont marqué sa carrière, on note pêle-mêle : le procès d’assises de Mehdi Nemmouche, après l’attentat du Musée juif de Bruxelles, l’affaire Pineau-Valencienne, ex-PDG du groupe Schneider, aussi, et également l’affaire dite des « quatre de Butare » , liée au génocide rwandais. En 2010, c’est elle aussi qui officiait en correctionnelle lorsque Citibank fut condamnée en marge de la crise américaine des subprimes ou, encore, en appel lors du jugement de la catastrophe de Ghislenghien. Partout, les mêmes compliments dithyrambiques sont dans la bouche de ceux qui ont eu l’occasion de se frotter à notre juge : « Main de fer dans un gant de velours » , « une juge qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts, quel que soit leur volume » et encore, « une magistrate qui impose naturellement le respect, impartiale et intègre. »
Mais ce n’est pas parce qu’on cultive la discrétion qu’on se laisse marcher sur les pieds… Laurence Massart a un sacré caractère et elle l’a prouvé en introduisant un double recours – devant le tribunal de première instance et le Conseil d’État – contre l’État belge. En effet, le Ministre de la Justice ayant bloqué sa demande de prolongation de mandat, pour des raisons d’alternance linguistique, avec la fonction de procureur général. Sûre de son fait, elle a gagné devant les deux instances et infligé, par la même occasion, un sacré camouflet à Vincent Van Quickenborne, le Manneken Pis en chef qui nous servait de Ministre de la Justice à l’époque…
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Pour terminer, comme dans chaque catégorie des Lobby Awards, le jury a désigné deux nominées qui n’ont pas été loin de remporter le prix. Il s’agit de la cycliste Lotte Kopecky, première cycliste sacrée sportive de l’année. L’Anversoise a vécu une mémorable saison 2023 : triple championne du monde (sur la route et deux fois sur piste), maillot jaune du Tour de France féminin durant sept jours, victorieuse du Tour des Flandres et du Circuit Het Nieuwsblad. Excusez du peu ! Tout cela, on l’espère, avant une médaille d’or aux JO de Paris cet été ?
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Dans un tout autre style, notre Jury a choisi Diane von Fürstenberg comme deuxième nominée. Créatrice de mode, femme d’affaires et philanthrope belgo-américaine à qui une expo a dernièrement rendu un bel hommage au Musée Mode et Dentelle de Bruxelles.
Newsletter Lobby du 9 février 2024, rédigée par François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez Lobby, la revue des cercles du Pouvoir, ici
Photo de couverture : © Didier Lebrun/Photonews