François Didisheim
22 November 2022
Disons-le tout de suite, nous ne sommes en tout cas pas dans un univers sectaire ! Et certains fantasment beaucoup (et même trop…) au sujet de ces cercles… Si à une époque, les cercles d’affaires étaient plutôt réservés à une élite qui aimait y passer du bon temps et, surtout, conserver un entre-soi loin de la foule, il est grand temps de dépoussiérer cette image dépassée. Car comme partout, les choses évoluent. Alors, un cercle d’affaires aujourd’hui, c’est quoi ? Eh bien affirmons le derechef, on y fait un peu de tout : on y croise des businessmen, des politiciens, des gens de pouvoir. On y déjeune amicalement, on y cultive des réseaux, on y noue des amitiés ou des relations d’affaires entre happy few. On y assiste à des conférences plus ou moins enrichissantes. Certains cercles se focalisent sur le business, d’autres sur le récréatif, quand les troisièmes proposent un mélange des deux.
L'inénarrable Béa Ercolini, fondatrice et patronne du cercle féminin Beabee © DR
Le public peut varier très fort. Une partie des cercles vise la grande bourgeoisie et l’aristocratie, une autre s’élargit aux professions libérales, aux chercheurs de renom, ou même aux journalistes, à l’instar du directeur du Vif/L’Express et du Trends/Tendance, Amid Faljaoui, qui préside aux destinées du Cercle de Wallonie. Arrivés il n’y a pas si longtemps, l’ex-rédactrice en chef de Elle Belgique, Béa Ercolini, et John-Alexander Bogaerts ont même créé leur propre cercle, le club féminin Beabee pour la première, l’itinérant B19 pour le second.
En tant que capitale européenne, on peut dire que Bruxelles est gâtée en termes de cercles. Et tout le monde essaye de se faire une place au soleil, sans forcément y arriver. En faire une liste exhaustive serait fastidieux, mais nous avons choisi de vous en présenter quelques-uns. Un choix tout à fait subjectif, nous l’admettons.
S’il y en a un qu’on ne peut pas passer sous silence, c’est bien le Cercle Gaulois ! Non pas qu’il soit mieux ou moins bien qu’un autre, mais on y fonctionne encore à l’ancienne. Niché au cœur du Parc de Bruxelles, l’établissement accorde une place plus feutrée au business, les ordinateurs et autres smartphones étant laissés au vestiaire. Dans ce monde parallèle élitiste, on est en général royaliste et masculin. Eh oui, exception faite pour les femmes occupant une fonction d’ambassadeur, le sexe faible ne peut fréquenter les lieux que s’il y est invité occasionnellement par un membre. La recette des réjouissances dans ce cercle plutôt fermé comprend : conférenciers de renom, concerts, vernissages, événements diplomatiques, club de chasse, gastronomie, séjours golf, voitures de course, etc.
Les salons à l'anglaise du Cercle Gaulois... © Cercle Royal Gaulois Artistique et Littéraire
.... et son bar, interdit aux femmes, encore aujourd'hui © Cercle Royal Gaulois Artistique et Littéraire
À l’opposé du Cercle Gaulois, on trouve le social club TheMerode, créé sur les fondations de feu le Cercle de Lorraine dont la chute fut un choc dans le monde des affaires… et des cercles. Il faut dire que c’était une véritable institution. Un incontournable ! En réorganisation judiciaire, il a été repris par le très courageux et entreprenant Bruno Pani, et ses associés.
Dépoussiéré au prix fort, aujourd’hui la nouvelle équipe professe de hautes ambitions, celles d’un social club éclectique rajeuni et féminisé, avec des patrons, entrepreneurs, startupers, professions libérales, des personnalités de la tech et du monde culturel, avec aussi des salles à disposition et des espaces ouverts aux non-membres, comme un restaurant cornaqué par une cheffe autrefois étoilée (Isabelle Arpin, pour ne pas la citer).
Maintenant, si l’on suit l’axe nord-sud passant par Bruxelles, il n’y a vraiment que le B19 de John-Alexander Bogaerts qui réponde à tous les critères. C’est, en effet, le seul qui fonctionne au niveau national et qui, d’ailleurs, n’a pas de domicile fixe. Se voulant plus relax et démocratique (il en coûte 600 euros et c’est gratuit pour les moins de 25 ans) et visant plutôt un public de PME, il organise ses events dans une petite dizaine de lieux, d’Anvers au Grand-Duché en passant par Bruxelles, le Brabant Wallon et Liège. « Ce sont les sociétés qui font 500.000 euros de chiffre d’affaires et 100.000 euros de bénéfice qui font vivre la Belgique » dit son heureux boss. « Ces entrepreneurs, en prise direct avec la vie active, n’ont pas le temps pour banqueter : ce qui les intéresse, c’est le vivier relationnel, le networking, de nouveaux contacts, de nouveaux contrats. Nous sommes totalement digitalisés grâce à une application sur le net, et nous comptons près de 2000 membres, pour un chiffre d’affaires d’un peu plus d’un million d’euros. Pour 600 euros, on a le choix entre 150 événements par an, matin ou soir. L’objectif étant d’offrir la possibilité de rencontrer le plus de gens possibles ». En voilà un qui a tout compris !
Newsletter Lobby du 18 novembre 2022, rédigée par François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez Lobby, la revue des cercles du pouvoir, ici