Rédaction
22 February 2018
Sauf erreur, c'est le quatrième film de (semi-)fiction consacré au piratage du vol Air France organisé en 1976 par deux Allemands membres des « Cellules révolutionnaires » et deux membres du Front de libération de la Palestine. L'avion restera bloqué plusieurs jours à l'aéroport d'Entebbe, Ouganda, jusqu'à la libération des otages par un commando de l'armée israélienne – une opération qui reste exemplaire. Le film du metteur en scène brésilien Jose Padilha ne nous apprend pas grand-chose de neuf.
Les scènes d'exposition sont assez banales, alternant entre l'angoisse croissante des victimes parquées à l'aéroport (où apparaît en visiteur faussement bienveillant le dictateur Idi Amin Dada) et les réunions du cabinet de crise en Israël. J'ai trouvé que la phase finale de l'Operation Thunderbolt (c'était le nom de code) a été filmée d'une façon confuse. Et surtout, le réalisateur a eu l'idée idiote d'alterner les moments décisifs de l'action salvatrice menée par le commando avec des extraits d'un ballet dansé par la compagnie Batsheva. Au lieu d'accentuer le drame, ce montage parallèle apparaît comme une astuce d'un metteur en scène qui veut se rendre intéressant.
En juillet 2011, 500 jeunes gens participant à un camp d'été organisé sur l'île d'Utoya, près d'Oslo, par le parti socialiste norvégien ont été pris pour cibles par un tueur muni d'armes automatiques. Bilan : 69 victimes. Le meurtrier imbécile , Anders Breivik, se réclamait d'une idéologie d'extrême-droite et a fait le salut nazi lorsqu'il est apparu plus tard au tribunal (il a été condamné à perpétuité). Le réalisateur Erik Poppe a filmé cette tragédie comme une sorte de reportage où la caméra (tenue à la main dans le style cinéma-vérité) accompagne un petit groupe de garçons et de filles qui se cachent ici et là pour essayer d'échapper au tireur.
© Agnete Brun |
Paradoxalement, ce récit de 90 minutes m'a paru un peu longuet dans la mesure où le même schéma se répète constamment : une fuite hagarde à travers les bois, la recherche de la jeune sœur de l'héroïne qui a disparu au début de la fusillade, la panique quand les coups de feu se rapprochent, la rencontre d'un garçon sympathique avec qui on fait des plans d'avenir...Au fond, on pourrait se trouver dans un western à petit budget où une bande de jeunes pionniers se trouvent poursuivis par un méchant desperado. Avec cette différence, bien sûr, que le drame est bien réel et que 69 vies innocentes ont été fauchée. Le film aura surtout, j'imagine, une résonance en Norvège où ce traumatisme est encore présent dans la vie nationale.
En 1981, Romy Schneider se réfugie pour quelques jours au célèbre institut de thalassothérapie de Quiberon. À 42 ans, la comédienne est en pleine crise existentielle. Mais elle a accepté de recevoir deux journalistes allemands (un photographe et un écrivain) pour une longue interview destinée au magazine à grand tirage Stern. Les relations de l'actrice autrichienne (qui à ce moment est installée en France, où elle tourne pour des réalisateurs comme Claude Sautet) sont devenues exécrables avec la presse allemande, qui lui reproche de ne pas être fidèle à l'image de Sissi. La cinéaste franco-germano-iranienne Emily Atef a eu l'idée bizarre de reconstituer les quelques jours et nuits passées en Bretagne par ce quatuor où les relations, d'abord tendues, deviennent plus ou moins complices : Romy ; sa meilleure amie Hilde ; le photographe Robert Lebeck (avec qui on comprend vite qu'il y a eu naguère un degré d'intimité) ; et le rédacteur Michael Jürgs, tour à tour inquisiteur et capable d'empathie. Nous avons donc droit à de larges extraits de l'interview originale, rejoués pour la caméra d'Emily Atef.
Un bilan-confession d'une femme en pleine crise, avec autant de constats d'échecs : les relations avec une mère dominatrice et avide d'argent, le suicide d'un de ses maris, les malentendus avec son fils David, les ratages sentimentaux, la peur de la solitude. Un personnage pathétique et attachant , mais j'avoue que ces deux heures de projection ne m'ont rien appris d'autre que ce qu'on peut trouver déjà dans la dizaine de bouquins biographiques consacrés à l'interprète des Choses de la vie. Emily Atef a trouvé une comédienne, Marie Bäumer, qui présente une ressemblance assez troublante avec Romy Schneider. Reste à savoir si ce film trouvera son public. Dans la filmographie de l'artiste, beaucoup de titres ont mal vieilli (à mon avis, elle a tendance à surjouer dans les rôles dramatiques). Je connais des cinéphiles nostalgiques pour qui elle est toujours une icône (ce n'est pas mon cas). 3 Days in Quiberon aura du mal à être distribué sur le marché américain, dans la mesure où on y voit l'héroïne fumer trois paquets de clopes par jour. Un bien mauvais exemple dans un pays où Hollywood a banni la cigarette à l'écran.
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