Corinne Le Brun
02 January 2019
Ce nouveau rôle au cinéma, Camille Chamoux se l'est écrit elle-même avec son compagnon réalisateur (Patrick Cassir) qui signe ici son premier long-métrage. Après Les Gazelles (adaptation au cinéma de son spectacle Camille attaque, 2014) réalisé par Mona Achache, Camille Chamoux, 41 ans, a rejoint le club des étoiles de l'humour féminin à l'écran. Libérées des clichés, des tabous... Scénariste, coscénariste, comédienne, metteuse en scène de ses propres seuls en scène, elle irradie d'énergie. Rencontre au Festival international du film de comédie de Liège.
Eventail.be - Premières vacances est une comédie romantique et drôle, mais pas seulement...
Camille Chamoux - Elle reflète le plus de vérité possible sur ce que c'est qu'est être un homme et une femme aujourd'hui. Sur les nouvelles manières qu'ont les trentenaires de se rencontrer, de voyager. On a commencé par remplir la promesse de comédie pour, après, pouvoir surprendre les gens et leur raconter des choses plus subtiles sur les modes de vacances. On se moque tout, autant des airbnb que de l'hôtellerie dite de luxe, aseptisée où, en fait, ne voit pas le pays. C'est toujours un acte étrange de pouvoir visiter un pays et être consommateur. Le film parle aussi d'un sujet intarissable que j'adore : le couple.
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- Partir en vacances sans se connaître, c'est pour le meilleur ou pour le pire ?
- Partir en vacances avec quelqu'un qui est très différent de vous est le sujet du film. On le raconte sur le mode de la comédie. J'ai toujours dit que les vacances, ça passe ou ça casse. Pour les amis, pour les couples, elles sont un révélateur. On n'est jamais 24 heures sur 24 avec quelqu'un, sauf en vacances. On pense que c'est la cerise sur le gâteau, alors que les vacances sont l'épreuve ultime du couple !
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- Marion et Ben se sont rencontrés virtuellement... Une aubaine ?
- Comment on arrive à s'entendre, ou pas, en étant si différents? Sur Tinder ou tout autre application, vous rencontrez des gens qui ne vous ressemblent pas forcément et que n'auriez sans doute jamais croisés. Le film part de ce postulat. On peut emprunter à la réalité pour faire une situation comique optimale. C'est fini de faire connaissance dans le cadre de son travail ou des loisirs. Aujourd'hui, trois personnes sur cinq se rencontrent sur le web. C'est un nouveau territoire de rencontres. Maintenant, on est les enfants Tinder. Il n'y a pas si longtemps, il y avait une grande méfiance vis-à-vis des rencontres online. C'était moins honorable que la vraie vie. On est train de passer ce cap. Si cela se finit par une vraie rencontre, c'est chouette ! Je connais trois couples qui se sont formés grâce à Tinder et cela marche.
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- Comment définiriez-vous le couple ?
- C'est un partage de l'intimité. On peut être attiré par la différence. Dans le film, Ben veut tout anticiper, tout prévoir, il ne veut pas avoir d'accident. Pour Marion, le bonheur viendra toujours de l'imprévu. Je le pense profondément. L'imprévu réveille toujours quelque chose. On peut être très différents mais du moment qu'il y a une autodérision et que cela se passe bien sur le plan physique, tout est possible. Il y aura toujours un tube de dentifrice non fermé, des vêtements traînant dans la chambre. Je pense que le ciment du couple passe par le fait de pouvoir en rire ensemble. Pouvoir rire de soi est essentiel. De même, avoir toujours une attraction physique fondamentale pour l'autre, comme la simple envie de l'embrasser.
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