Rédaction
11 January 2017
Eventail.be - « Home » s'inspire d'un fait réel. Comment l'avez-vous adapté ?
Fien Troch - Il y a très longtemps, j'avais vu un reportage américain sur une relation incestueuse entre une mère et un fils. Cette histoire, énorme, inimaginable, a évolué dans ma tête, je n'ai d'ailleurs pas voulu revoir le reportage par souci de m'en écarter. « Home » n'est pas qu'un film sur l'inceste. J'ai voulu raconter l'histoire d'un jeune garçon délinquant qui va vivre chez un adulte et narrer la relation qu'ils vont avoir. Pour la première fois, j'ai écrit le scénario avec mon compagnon (NDLR : Nico Leunen). Mes films précédents étaient basés sur une émotion, une atmosphère autour de l'enfance. Ici, je voulais vraiment me concentrer sur l'histoire d'un adolescent. Nico, également monteur, notait toutes mes idées pour ensuite les structurer.
© CineFiles Cineart (Cinéart sa) |
- « Home » met en scène l'angoisse, la souffrance, récurrentes dans vos films...
- Je n'aurais jamais pu faire un film sur un sujet aussi fort si j'avais vécu cela personnellement. Comme c'est assez loin de moi, je ressens une grande liberté. Ma mère pense que je devrais consulter un psychologue pour comprendre pourquoi je fais des films de ce genre. Toutes mes peurs s'échappent quelque part dans le scénario. Si je ne faisais pas de films, je serais beaucoup moins stable. Le cinéma m'apporte de l'équilibre.
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- Dans votre portrait de deux générations, la rage des adolescents est très forte...
- Les adultes ne font pas bien leur boulot même si, dans leur tête, ils croient bien faire. Une zone grise existe car il n'y a pas d'un côté des adultes complètement défaillants et de l'autre des ados pour qui les adultes sont « coupables » de tout. C'est très compliqué d'élever un enfant, encore plus un adolescent. Les jeunes ont aussi le droit d'être adolescents, d'expérimenter les choses. A cet âge, ils veulent être libres. Mais on sent qu'aujourd'hui, les jeunes ont plus beaucoup d'expériences. Par Internet et les réseaux sociaux, ils voient des choses que je n'avais jamais vues à leur âge. En fait, rien ne change. Ils veulent toujours avoir ce câlin, cet amour. Ils préfèrent parler avec quelqu'un en face à face plutôt que par le GSM. Le monde a changé et, finalement, si on regarde un peu plus loin, les questions des ados restent les mêmes.
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