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Le « Belgica » de Felix Van Groeningen

Rédaction

02 March 2016

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[caption id="attachment_15932" align="alignnone" width=""]Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch[/caption]Le café Belgica est au centre de l'histoire de deux frères, unis pour le meilleur et pour le pire. Après La merditude des choses (2009), Alabama Monroe (2012) (César du meilleur film étranger en 2014 et nommé aux Oscars la même année), le cinéaste belge flamand Félix Van Groeningen revient avec un psychodrame prenant, tendre, violent, entièrement tourné à Gand.

Eventail.be - Pourquoi avez-choisi le titre Belgica? Une référence à notre pays ?

Felix Van Groeningen - D'abord il y a eu l'idée du bar. Puis, par l'histoire des gens qui le fréquentent, nous avons été amenés à vivre quelque chose de plus grand. Belgica s'est finalement imposé, non pas pour désigner un pays, encore moins la Flandre ou la Wallonie. Cette appellation fait davantage référence à un groupe de personnes diverses réunies dans un lieu de vie qui leur est commun. Finalement, cette « maison » est un microcosme sociétal où tout peut se passer, le meilleur comme le pire, surtout la nuit.

- Les gens s'amusent. Et ils ont peur...de quoi ?

- Le milieu des cafés est très complexe. Dans la vraie vie, mon père s'était lancé dans l'exploitation d'un café à Gand. C'était un vrai succès. Au bout de quinze ans, l'établissement a fait presque faillite. Cela ne marchait pas, moins de monde y venait. Mon père l'a vendu à deux frères. A partir de là, j'ai écrit l'histoire de Frank et de Jo, deux frères un peu paumés, unis dans l'ouverture d'un lieu de vie sympa, convivial, très rock and roll. Cela marche du tonnerre. Le café s'agrandit, devient une boîte de nuit. On se retrouve alors dans un autre univers fait de violence, de dealers, d'alcool. Les règles changent. On pense que tout va bien et puis soudain il y a une bagarre. Les blagues spontanées ne plaisent pas à tout le monde. Les gens prennent peur. On a envie d'être ouverts mais dans la réalité on ne l'est pas. On se replie sur soi, on se protège. On ne peut plus revenir à quelque chose de spontané comme au début. Finalement, c'est très actuel avec ce qui se passe aujourd'hui: les frontières, l'extrême droite, les migrants... Notre regard sur notre avenir change, les gens ont peur, on remet en question notre éthique. Comme mes personnages avec leur bistrot.

- Les deux frères s'adorent et pourtant leur relation dégénère...

- Progressivement, le petit frère devient le grand frère. Frank a un peu honte de voir que « le petit » Jo prend du pouvoir sur lui. Il n'apprécie pas non plus qu'il devienne un homme d'affaires .... Une petite rivalité s'installe insidieusement. Ils commencent à avoir du mal à se supporter. Chacun a l'impression que l'autre ne fait pas ce qu'il faut. Ils sont coincés par leur vrai amour fraternel et la difficile gestion du bistrot. Cette relation est fascinante, avec, en filigrane, le rapport avec le père.

Felix Van Groeningen a remporté le Prix de la meilleure réalisation - Belgica - dans la catégorie World dramatic competition au Festival du Film de Sundance, à Park City (Utah).

Belgica de Felix Van Groeningen
Avec Tom Vermeir, Stef Aerts, Charlotte Vandermeersch.
Musique : Soulwax. En salle dès aujourd'hui.

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