Maxime Delcourt
17 May 2023
Eventail.be – Y a-t-il un moment particulier, au cours de votre enfance, où vous avez ressenti un désir de cinéma, l’envie d’incarner des personnages ?
Nadège Bibo-Tansia – Petite, j’étais assez turbulente, je faisais beaucoup de sketchs, j’aimais bien me déguiser et je faisais pas mal d’imitations, de mes proches ou même d’Eddy Murphy dans Un prince à New York. Du coup, j’ai encore en tête toutes ces fois où mes parents me disaient : « Ah, toi, t’es une comédienne !». Je n’avais pas spécialement envie de faire du cinéma, mais les gens autour de moi avaient l’air de sentir cette fibre. Plus tard, on m’a donc conseillé de tenter ma chance. J’ai testé, et j’y ai pris goût.
– Plus jeune, étiez-vous du genre à passer votre temps devant les films ?
– C’est sûr que je pouvais regarder un film au moins dix fois, notamment les grands classiques comme Le Roi Lion ou Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre. Aujourd’hui encore, quand je suis avec des amis, ça ne me dérange absolument pas de revoir un film ou une série. Je crois même que j’aime ça. Étant intriguée par les dialogues, j’ai envie de les connaître parfaitement, de pouvoir les répéter… Forcément, il y a des films que je connais sur le bout des doigts, comme Maman, j’ai raté l’avion 3, Corrina Corrina et Sarafina avec Whoopi Goldberg, une actrice que j’aime beaucoup. Inconsciemment, ça m’a peut-être donné envie de devenir actrice, sans pour autant être certaine ou consciente que je pouvais y arriver.
© Bande de ciné
– Whoopi Goldberg et Eddy Murphy ont connu une période très faste avant de voir leur carrière connaître un sérieux coup de frein. La postérité, vous y pensez ?
– Je suis encore trop jeune pour me soucier de ces questions-là. En revanche, comme n’importe quel artiste, oui, je crains de faire un projet à succès et de ne pas pouvoir aller plus loin ensuite. Surtout qu’être actrice, c’est aussi s’engager sur des projets qui ne dépendent pas uniquement de notre prestation. On ne maîtrise pas tout, et ce n’est pas toujours évident à accepter. Mais bon, ce ne sont pas vraiment des questions qui me rongent à l’heure actuelle. Je suis plutôt du genre à relativiser, j’imagine que c’est une chance dans ce milieu.
Le réalisateur Christophe Rolin © DR
– Puisqu’on parle de l’industrie cinématographique, à quelles difficultés une jeune actrice est-elle confrontée afin de s’y faire une place ?
– Le plus dur, finalement, a été de faire ce pas pour Le voyage de Talia, d’avoir le courage de me présenter au casting. Sachant que je n’ai pas de rôle modèle dans le cinéma belge, je ne pensais pas que je pouvais y arriver. J’étais même angoissée, presque effrayée, à l’idée de passer ces épreuves. Je me disais : qu’est-ce que ça veut dire s’ils ne te choisissent ? Que tu n’es pas bonne ? Que tu n’es pas faite pour ce métier ? J’avais dû mal à trouver les conseils qu’il me fallait… Cela dit, tout s’est très bien passé et, depuis ce premier casting, les projets s’enchainent. J’en suis ravie.
– Le voyage de Talia est votre premier film conséquent. Que retenez-vous du tournage ?
– J’ai eu la chance d’aller à plusieurs reprises au Sénégal, un pays où je n’étais jamais allée. De fait, j’ai pu découvrir en même temps une partie d’un continent important pour moi, étant d’origine congolaise. Entre cette découverte et la nécessité de trouver ma place sur un plateau de tournage, il y avait donc beaucoup d’informations à traiter, d’émotions à digérer. Ma chance, toutefois, ça été d’être parfaitement intégrée par une équipe finalement petite, mais surtout très familiale et chaleureuse.
– Depuis, Le voyage de Talia a été montré dans de nombreux festivals. Vous ressentez un avant et un après ?
– Ce qui est marrant, c’est que des opportunités se sont créées avant même que le film ne soit montré. Panna, une série flamande dans laquelle je joue, a même été diffusée avant Le voyage de Talia… Cela dit, ce rôle m’a clairement ouvert des portes. Si bien que sa sortie sur les écrans belges me donne l’impression de clôturer un chapitre. À présent, je suis curieuse de connaître le prochain. Je ne veux pas me contenter de cette première expérience, j’ai un tas d’envies.
Film
Le Voyage de Talia
Réalisation
Christophe Rolin
Distribution
Nadège Bibo-Tansia, Aminata Sarr,
Oumy Sow
Photo
Thomas Wilski
Sortie
En salles
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