Sarah Belmont
03 September 2018
Pas de panique ! Le thème de la collection est moins morbide qu'il n'en a l'air. Il ne l'est d'ailleurs pas pour un sou. À la surprise générale, la baronne de Rothschild aimait les crânes miniatures. Elle en aurait collectionné près de 200 durant sa vie, à l'insu de ses proches, y compris de son mari. Sa brève carrière d'infirmière durant la Grande Guerre serait-elle à l'origine de cette passion étrange ? Légués au Musées des arts décoratifs de Toulouse après sa mort, les trésors cachés de cette grande dame occupent actuellement le sous-sol de l'hôtel d'Assézat, lequel abrite depuis 1994 la collection de feu George Bemberg (1915-2011), un riche Argentin amateur d'art.
L'exposition temporaire, qui se présente sous la forme d'un triptyque, se confond à mi-parcours avec une partie de l'accrochage permanent. Passé les mini têtes de mort merveilleusement mises en scène par Hubert Le Gall au niveau -1, il s'agit de repérer les vanités modernes et contemporaines installées dans les étages supérieurs de l'établissement. La visite se transforme dès lors en une sorte de jeu de piste, invitant le spectateur à prolonger ses réflexions quant au temps qui passe, commune à la baronne de Rothschild et à une myriade d'artistes.
© Fondation Bemberg |
Un néon rouge, auquel Jean-Michel Alberola a donné l'apparence d'un crâne formant le mot « Rien », évoque la finitude de l'homme tout en dialoguant avec un portrait en pied du Titien, des anges de François Boucher, et une scène d'auberge de Brueghel Le Jeune. Au dernier étage, Saint Phalle, Picasso, Basquiat mènent, sans en avoir l'air, à des pépites impressionnistes, acquises tout au long de sa vie, par le vénérable George Bemberg.
Parmi nos pièces favorites, « Pégase et l'Hydre », un tourbillon de couleurs dont jaillit un cheval mythologique au pelage flamboyant. La « Femme au jardin » de Berthe Morisot est d'une beauté à faire pleurer.
© Marie-Christine Sentenac |
C'est à se demander si les touches de peinture sur la toile ne miment pas les larmes susceptibles d'embuer la vue de certains visiteurs. Quelques sculptures également, dont une version de « L'Âge d'Airain » d'Auguste Rodin, majestueux bronze à la patine brune. Sans oublier la dernière salle presque entièrement consacrée à Pierre Bonnard. Celle-ci contient le dernier autoportrait de l'artiste (1945), que tous les musées se disputent régulièrement. Alors ? Il n'y a vraiment aucune raison d'avoir peur, n'est-ce pas ?
« Même pas peur ! Collection de la baronne Henri de Rothschild »Publicité