En 2021, Daniele Fortuna, le responsable des expositions du Parc archéologique du Colisée, propose à Mattia Bosco d’investir le temple de Vénus et de Rome, un immense bâtiment sacré inauguré en l’an 136 de notre ère. Situé entre le Forum Romain et le Colisée, l’édifice contenait jadis de précieuses pièces de marbre. Par la diversité de leurs couleurs et de leurs veinages, ces marbres témoignaient de l’étendue de l’empire et de la gigantesque mosaïque sur laquelle s’est bâtie le pouvoir de Rome. Daniele Fortuna saisit immédiatement l’écho entre l’œuvre de Mattia Bosco et la mission du parc archéologique. L’artiste s’intéresse en effet au potentiel sculptural du marbre, avec lequel il cherche à établir un dialogue. Son intervention ne consiste pas à inventer une forme, mais à libérer celle qui affleure dans la matière, où le processus formel est déjà en cours.
Mattia Bosco, les neuf Korai (2023) disposées en cercle dans la cella de Rome © Giuseppe D'Aleo
Au terme d’un an et demi d’un intense dialogue entre les deux hommes, l’exposition Korai a ouvert ses portes le 22 septembre dernier. Son nom (Korai est le pluriel de Korè) fait référence à ces statues de l’art grec archaïque représentant des jeunes filles debout. C’est aussi le nom des neuf sculptures qui constituent la pièce maîtresse de l’exposition. Disposées en cercle dans la cella dédiée à la déesse de Rome, incarnation de la Ville éternelle, elles évoquent la danse de vestales réunies pour célébrer le plus vieux culte du monde : celui de la matière dont tout est fait, y compris notre propre existence. Toutes de même forme mais chacune taillée dans un marbre différent (le Cipollino, le Portoro, le Bardiglio…), elles sont à la fois semblables et distinctes. Après avoir été des colonnes, des sols marquetés et des revêtements muraux, ces marbres reviennent en tant que sculptures, symbolisant une continuité de la matière et du temps.
Sezione Aurea R1 (2023) dans l’abside du temple de Vénus © Giuseppe D'Aleo
En accord profond avec l’esprit du lieu, les douze pièces réunies dans l’exposition créent l’impression d’un lointain qui refait surface sous une forme différente, ou d’anciens habitants qui reviendraient, méconnaissables et transformés, investir leur véritable demeure.
Mattia Bosco est né à Milan en 1976. Il est représenté par la galerie d’art contemporain Artistics.
Photo de couverture : Mattia Bosco, Stonegate R1 (2023) devant le Colisée © Giuseppe D’Aleo
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