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Restez chez vous avec Michel Draguet

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Rédaction

13 May 2020

Bienvenue dans le confinement de Michel Draguet, directeur général des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Restez chez vous avec Michel Draguet from L'Eventail Magazine on Vimeo.

L'Eventail - Où êtes-vous ?
Michel Draguet - Je vis ce confinement chez moi en étant dans un appartement et en ayant la chance d’avoir une grande terrasse qui donne sur Bruxelles, ça permet de s’évader et de voir une perspective ouverte, d’avoir un point de fuite sur l’horizon, et un point de fuite en cette période c’est important.

- Comment occupez-vous vos journées ?
- J’essaye de conserver un rythme usuel, il y a le travail pour le musée, il est double. Aujourd’hui il est de plus en plus en vidéo conférence que ce soit avec les collègues sur place ou avec des collègues à l’étranger, l’information, la circulation de l’information et on prépare comme ça la réouverture du musée et le déconfinement prévu le 18 mai. En même temps il y a le 2e volet qui est lorsque ce n’est pas le musée, ça touche à l’écriture, à la recherche à ce qui est le point de cristallisation du sens dans un métier comme celui-là et on se rend compte que ce soit des artistes, des écrivains, des peintres, des poètes ou autre ,des chercheurs, des scientifiques, on a tous en point commun d’être des confinés de nature. Simplement dans mon cas ça me donne la possibilité de vivre de manière non frustrée ce confinement pour travailler, pour écrire et pouvoir l’équilibrer dans la journée. C’est très confortable et c’est très heureux.

- Un livre à conseiller ? 
- C’est un livre que j’avais lu étudiant forcé par mon prof de français auquel je rends hommage car il a fortement contribué à ce que je suis aujourd’hui. Ce professeur nous avait donné La promesse de l’aube de Romain Gary. C’est un livre que lorsqu’on le lit à 18 ans, on est au point de départ , on voit une trajectoire qui est donnée et on ne comprend pas tout, quand on le lit à 56 ans ,on le lit d’une autre manière , on voit le rapport à la mère, à la vie. Il y a énormément de choses qui sont savoureuses dans ce livre outre son titre qui est merveilleux et qui est personnellement ce que je veux garder de la période actuelle. Elle est une promesse d’aube.

- Qu’écoutez-vous ?
- On écoute de tout , je suis confiné avec un fils qui se passionne actuellement pour le Flamenco, ce qui fait que nous écrémons toutes les playlist de Flamenco et je voudrais renseigner un artiste qui s’appelle Vicente Amigo, écoutez son Requiem, c’est une œuvre magnifique. À côté du flamenco on met de tout ,il y a de la chanson française, il y a Miles Davis, les Pink Floyds tout ce qui bouge et tout ce qui passe. 

- Un album pour tout oublier ?
- Il y en aurait beaucoup mais je n’ai pas envie d’en citer. J’ai envie de parler de quelque chose qui correspond à aujourd’hui et c’est l’initiative de Benjamin Biolay de mettre tous les jours sur Instagram l’une de ses chansons ou une chanson qu’il interprète de manière confinée seul à la guitare de manière très régulière et je trouve ça remarquable. D’une part c’est en direct, entre guillemets 'non professionnel', ça n’a pas le fini professionnel, ce n’est pas toujours bien posé mais c’est du partage et je me suis rendu compte qu’on était très fortement entré dans cette recherche-là. Moi personnellement c’est ce que je fais quand je vais au musée, je me dis que c’est dingue de faire ça tout seul et donc maintenant je filme des petites capsules, ça m’oblige à préparer un peu, à me rafraichir la mémoire quant à savoir ce que signifie telle ou telle œuvre et ce sont des visites guidées où finalement l’internaute est un ami qu’on prend par la main et avec qui on fait une ballade. Je crois que ça c’est extrêmement important.

- Quelle est la 1ère chose que vous ferez après le confinement ?
- Voilà une question compliquée, j’ai hâte évidemment de revoir mes amis, de voir mes fils, d’être tous ensemble. Avoir ce besoin d’être tous ensemble, c’est un côté un peu social, le côté un peu insocial , enfin ce n’at pas insocial, j’aimerais m’installer à une terrasse de café, d’être à Paris plutôt avec un café crème vers 7h30 du matin au début de l’été s’il y a moyen et regarder la vie qui prend son cours, qui se met en place, l’agitation de la ville. Je suis très surpris quand je regarde la télévision et que l’on voit une file, une rue pleine de monde, on a perdu l’habitude et on a presque le sentiment que c’est mal. Donc je serai très heureux de retrouver cet aspect là des choses. Ai bien envie d’aller à la mer et d’avoir cette sensation d’infini et d’espace en regardant l’horizon, mais je crois que je ne serai pas le seul à avoir la même idée.

- Comment restez-vous en contact avec vos amis et votre famille ? 
- On se téléphone beaucoup, je suis très sensible aux voix peut-être plus qu’aux images quand elles sont ultra pixellisées . On fait aussi des Facetime et des choses de ce type pour dialoguer, rester en contact. Je crois que c’est la seule chose que l’on puisse faire.

- Une pensée ou citation à partager ?
- Il y a une phrase de Woody Allen qu’il publie dans ses aphorismes qui ne sont pas de toute jeunesse, ça date de près de 40 ans et il disait « Je m’intéresse à l’avenir car c’est là que j’ai décidé de passer mes derniers jours ». Je trouve qu’il y a tout l’humour de Woody Allen dans cette phrase et en même temps elle est fondamentalement juste. Je trouve ça très beau.

- Que faite-vous pour rester zen ?
- Rien il faut s’énerver régulièrement et puis il y a quelque chose que je voudrais vous montrer , un bon remède pour rester zen , c’est ça, il suffit de regarder un chat et on se dit qu’ ils ont l’éternité devant eux. Lui est un fier descendant des chats égyptiens et il a l’ éternité devant lui et a l’air de vivre ça très très bien.

Un tout grand merci à Michel pour son soutien !

Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique
Rue du Musée 9, Bruxelles
Tél. 02 508 32 11
info@fine-arts-museum.be
www.fine-arts-museum.be/fr

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