Sarah Belmont
22 October 2018
De même qu'à Chicago, dont la foire d'art contemporain a lieu fin septembre, la Fiac 2018 misait sur le relief. Au vu des différences qui opposaient les deux manifestations l'an passé, ce rapprochement n'était pas cousu de fil blanc. Il aura fallu l'intervention de Katharina Grosse, à l'honneur chez Gagosian, pour nous rappeler la force et la sensualité qu'avait le textile outre-Atlantique. Son installation Ingres Wood apparaît comme une mer de draps bariolés sur laquelle repose, ou flotte un bûcher aux mille et une couleurs.
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À l'instar de Navy Pier, le Grand Palais abrite des toiles d'une épaisseur inhabituelle. Nombre d'entre elles ont d'ailleurs été prédécoupées dans des formes improbables. C'est le cas de Schnitt 14.03.2018 d'Imi Knoebel, adepte de Kasimir Malevitch dont les travaux minimalistes oscillent bien souvent entre peinture et sculpture. Ce monochrome crème peut être perçu, d'un point de vue tridimensionnel, comme une tranche de pain généreuse, ou bien comme le tracé, à plat, d'un continent inconnu.
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Si les peintures aux murs ont, ainsi que dans le Midwest, quelque chose de sculptural, la majorité des sculptures exposées sont, elles, verticales. « On dirait un porte-manteau », lance un visiteur en parlant du Subaru de Manfred Pernice, longue tige de métal et de béton qui s'élance dans le périmètre restreint de la galerie Mai 36. De son côté, Thaddaeus Ropac présente Steep, tourelle d'un mètre et demi qu'Antony Gormley a réalisée à partir des barrettes en acier carrées (4 mm). Un jeu de construction d'une finesse et d'une légèreté impressionnantes. De loin, l'œuvre semble imprimée sur la cimaise qui lui sert de fond immaculé. Du ciment omniprésent à ce fusain illusoire, force est de constater que la matière accrochée penche très nettement vers la pierre.
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En effet, voilà une Fiac bien minérale, en termes tant de texture que de couleur. Hormis Philippe Zdar, Mobile n°2, Lyllie de Xavier Veilhan, trois silhouettes géométriques perchées au faîte du stand Perrotin, à l'entrée, les surfaces travaillées cette année se veulent, a priori, brutes. Chez Chantal Crousel, une céramique de Roberto Cuoghi donne, par ses aspérités, l'impression de sortir tout droit de l'océan.
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Natalie Seroussi tire littéralement sur la corde : Phase of Nothingness – Cloth and Stone de Nobuo Sekine intègre un galet suspendu à une toile vierge. Imaginée en 1970, cette œuvre fut détruite par l'artiste lui-même avant de se voir reconstituée par ce même insatisfait en 2004. Plus loin, à la Kukje Gallery, Single Breath Transfer (Chimney) de Michael Joo, saillie en verre (44,5 x 23 x 22 cm) striée de nervures que l'on dirait naturelles, ressemble à une véritable stalagmite. Elle s'inscrit dans un ensemble dominé par des tons pastels, si ce n'est noirs ou blancs.
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Et pour cause ! La palette de la Fiac se révèle un peu pâlotte. Retour chez Kamel Mennour qui expose d'Anish Kapoor une hélice en miroir, intitulée 8 Twist, et d'Alicja Swade 3 Seconds, une espèce de ressort monumental en argent. D'Ugo Rondinone, la galerie Gladstone a choisi Happy Cloud. Cette sculpture mêlée de sable, de gravier et de béton tranche avec les installations arc-en-ciel auxquelles l'on associe habituellement le plasticien suisse. À croire que Paris a soif de gris et ce, en dépit d'un été indien qui en ravit pourtant plus d'un.
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