Maxime Delcourt
18 May 2022
Eventailbe – Topical Dancer est-il né d’une volonté particulière ou est-ce le résultat de trois années passées à composer de nouveaux morceaux ?
Bolis Pupul – Après deux EP’s, on a eu l’envie d‘aller plus loin, de creuser certains sujets et de créer un concept à part entière. On a beaucoup échangé avec les frères Dewaele, à la tête de notre label, Deewee, et on s’est mis d’accord pour envisager Topical Dancer comme une capsule temporelle où l’on compilerait toutes nos observations de 2020-2021. L’idée, c’est de permettre aux gens qui tomberaient sur cette capsule dans cent ans de comprendre ce à quoi ressemblait notre monde.
Charlotte Adigéry – C’est davantage un exercice de style qu’une volonté de prétendre avoir des réponses à donner aux grandes questions de notre époque. On a simplement souhaité raconter le monde à travers nos yeux, sans chercher à donner des leçons.
– C’est vrai que, malgré la profondeur des sujets abordés (l’appropriation culturelle, la misogynie, le racisme, le post-colonialisme, etc.), vos morceaux restent très dansants. C’est important de ne pas tomber dans quelque chose de trop sérieux ?
B.P. : On a beaucoup bossé là-dessus. Et oui, c’est important pour nous de mettre du sucre dans un plat, d’ajouter une légèreté à des sujets assez lourds.
– Combien de temps avez-vous travaillé sur cet album ?
B.P. – Topical Dancer représente deux ans et demi de travail.
C.A. – Ça reste malgré tout difficile à matérialiser. Pendant ce temps, on a sorti deux EP’s, donné de nombreux concerts, etc. En gros, on profitait de chaque jour libre à Gand pour aller en studio. C’était très intense, mais c’était une façon pour nous de faire de Topical Dancer une extension de ce qu’on avait créé jusqu’alors.
B.P. – On a créé un langage, on le parle de mieux en mieux, et je pense que ça se ressent sur ce disque. On n’a pas cherché à créer quelque chose de différent, on s’inscrit simplement dans une continuité de notre esthétique.
– En studio, comment vous répartissez-vous les rôles ?
C.A. – On n’a pas une manière spécifique de travailler. Chaque chanson est un nouveau départ. Parfois, je commence avec un beat ou une ligne de basse. D’autres fois, Bolis écrit quelques mots et on part là-dessus… Ce n’est pas comme si j’étais la chanteuse et lui producteur : tout est beaucoup plus flou dans notre façon de composer.
– Votre dernier single, « Ceci n’est pas un cliché », saisit par son ton assez unique. Comment est-il né ?
B.P. – Il a pris forme en tournée. Un jour, on est en voiture et on entend un morceau à la radio qui commence ainsi : « I walking down the street ». On s’est dit qu’il fallait avoir un sacré culot pour, en 2021, écrire une musique qui débute avec un si grand cliché. On a commencé à s’échanger les pires clichés que l’on pouvait entendre dans la musique, et le morceau a commencé à se concrétiser.
C.A. – Ce qui est marrant, c’est que le papa de Bolis s’est pris au jeu et nous a envoyé quelques phrases pour le texte. De mon côté, j’avais une ligne de basse en tête, on a ajouté quelques notes disco, des percussions, un synthé et « Ceci n’est pas un cliché » est né, très naturellement.
B.P. – Avec, comme souvent chez nous, l’envie de ne pas noyer le groove sous des tonnes d’effets. Encore une fois, tout est très organique chez nous.
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