Maxime Delcourt
30 October 2018
Il suffit d'à peine quelques minutes pour comprendre qu'avec son premier EP éponyme, Esinam invite l'auditeur dans son intimité. On n'y trouve que quatre titres, mais ils semblent tous contenir tout ce qui fait la force et l'ambition de la Bruxelloise, née d'une mère ardennaise et d'un père ghanéen : le mélange des cultures et des époques, cette volonté de confronter des mélodies magnifiées par l'utilisation d'une flûte traversière à un électro-jazz volontiers hybride, qui doit autant à une nouvelle génération de musiciens anglais (Shabaka and the Ancestors, Floating Points) qu'à de grandes figures de la note bleue (Charle Mingus, Eric Dolphy).
Entre tradition et modernité, Esinam s'est donc forgé son propre univers, un monde afro-futuriste pourrait-on dire, où rien n'est jamais surjoué, parfois juste à peine suggéré par cette multi-instrumentiste qui offre au jazz un merveilleux saut en avant. À l'image d'Electric Lady (peut-être un clin d'œil à The Electric Ladyland de Jimi Hendrix, voire au Electric Lady de Janelle Monáe ?), où la Belge nous plonge dans un tourbillon de musique spirituelle et voluptueuse, d'une ambition folle, et parfaitement incarnée par le clip du morceau, censé « retranscrire l'énergie de cette musique 'électrique' dans une vidéo qui laisse transparaître un monde hors du temps. »
© JP Daniels - www.concertmonkey.be |
Cette singularité, forcément, séduit : les plus attentifs auront déjà aperçu Esinam aux côtés du musicien touareg Kel Assouf ou sein de différentes formations (Sysmo, Cassandre, etc.). Les autres ont peut-être eu la chance de l'apercevoir en première partie de Mélanie De Biasio, Selah Sue et Témé Tan, voire de l'entendre sur le dernier album de Baloji, pour qui elle a composé Le vide. Si ce n'est pas le cas, rassurez-vous : son premier EP fourmille suffisamment d'idées pour (re)découvrir son univers, en attendant l'album.
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