Maxime Delcourt
22 November 2018
Il n'a pas fallu beaucoup de temps pour que l'on tombe sous le charme de L'Or du Commun. Dès Les Daltons, un de leurs premiers singles en 2013, ces quatre bruxellois (resserrés aujourd'hui autour de Primero, Loxley et Swing) s'assuraient une place de choix parmi les grands espoirs du rap belge. À l'écoute de Sapiens, entièrement produit par le producteur lyonnais Vax1, impossible pourtant de nier l'évolution de ce trio, désormais prêt à conquérir la francophonie après avoir tracé « toutes les allées d'Ixelles à vélo ».
Enregistré en septembre en dernier, ce premier album impressionne en effet par son ambition et sa maitrise. C'est fluide, c'est malin, c'est technique et d'une belle inventivité. Il suffit d'entendre l'efficacité mélodique des premiers singles lancés en éclaireur (Homosapiens, Sur ma vie), les ressentis intimes exposés comme autant de fulgurances introspectives, l'énergie apportée par la présence d'Isha et Roméo Elvis (autres figures essentielles à la scène rap belge, dont ils sont proches depuis des années) ou encore la variété des flows et des attitudes pour comprendre que ces douze titres planent au-dessus de la mêlée.
« La façon dont on vit au quotidien, avec toutes ces vidéos et ces photos de nous que l'on balance sur les réseaux sociaux, pousse à être de moins en moins pudique, avance Swing. On s'habitue à montrer un peu de notre intimité, à créer un dialogue avec les personnes qui nous suivent sur ces médias. Je pense que ça finit par se répercuter sur la façon dont on conçoit nos morceaux. » Ces morceaux, justement, prennent une forme et une force nouvelles sur scène, les trois rappeurs ayant l'énergie, la fougue, le charisme et les affinités nécessaires pour faire soulever les foules. Ce qui n'est pas la moindre des qualités quand on interprète des paroles aussi censées, sombres, portées par tout un tas de questions existentielles et parfaitement conscientes de l'état du monde actuel.
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