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Les rêveries baroques d’Isolde Lasoen

Belgian BandInterview

Maxime Delcourt

22 March 2023

Plutôt que de parler de la nouvelle scène locale, Eventail.be a décidé de donner la parole à ceux qui secouent le paysage musical belge. De son côté, Isolde Lasoen, aperçue chez Daan ou Absynthe Minded, a le mérite de le faire en douceur, dans des albums délicats, tout entiers abandonnés au spleen et à la vulnérabilité. Son dernier album, Oh Dear, en est la plus belle des démonstrations.

Eventail.be – Vous avez la particularité d’avoir une formation de batteuse. Est-ce à dire que vous pensez d’abord à l’instrumentation avant de poser des mots sur vos mélodies ?
Isolde Lasoen – Étant instrumentiste depuis le plus jeune âge, je dois reconnaître que mes compositions reposent avant tout sur la mélodie. D’ailleurs, au sein de mon approche, le chant est finalement venu assez tard, je dirais au début de ma vingtaine. On me proposait d’assurer les chœurs dans certains groupes, on me complimentait, etc. J’ai commencé à prendre confiance, à vaincre ma timidité et je me suis mise alors à écrire mes propres textes.

© Steven Hendrix

– Certains évènements vous ont-ils aidé à croire en votre capacité à incarner un texte ?
 Il y a surtout eu une soirée, à Gand, ma ville, où je devais jouer aux côtés d’une autre artiste. Finalement, elle n’est jamais venue… Par respect pour le public, je me suis mise derrière le micro et j’ai commencé à chanter. Dans la foulée, j’ai monté un projet de reprises, j’ai écrit mes premiers textes et j’ai appris à être toujours plus à l’aise avec ma voix. Si bien que je me définis désormais ainsi, comme une batteuse qui chante.

– D’après vous, d’où vient cet amour profond pour les musiques instrumentales ?
– 
En Flandres, j’ai fait partie de tout un tas de fanfares, des orchestres où je pouvais assumer mon goût pour les musiques de films, notamment celles d’Ennio Morricone ou d’Henry Mancini, et où l’on reprenait des morceaux de Queen ou de Michael Jackson. N’écoutant pas la radio, c’est au sein de cet univers que j’ai pu faire mon éducation musicale. Et puis, il faut le dire, c’est naturel pour moi d’aller vers des compositions très arrangées, avec beaucoup d’instruments ou des lignes harmoniques très marquées.

© Steven Hendrix

– Il s’est écoulé six années entre Cartes postales et Oh Dear. Est-ce à dire que la création est un exercice éprouvant ?
Il faut savoir que mon projet solo n’occupe pas la majeure partie de mon temps. En parallèle, je suis également musicienne au sein de différentes formations, comme Daan ou Absynthe Minded, avec lesquels on tourne beaucoup. Cartes postales, c’est aussi un disque que j’ai défendu pendant près de trois ans sur scène, le temps d’une tournée qui m’a donc tenu à l’écart de l’écriture. Pour composer, j’ai besoin d’être pleinement concentrée. Si bien que l’enregistrement de Oh Dear n’a réellement débuté qu’après avoir emménagé dans ma nouvelle maison et mon nouveau studio. Cette nouvelle vie, c’était la parfaite excuse pour arrêter de procrastiner et me mettre à penser à ce second album.

© Piet Stellamans

– Êtes-vous allée naturellement vers ces mélodiques baroques et ces textes mélancoliques ?
 Je suis content de vous entendre mentionner mon approche baroque. C’est un beau compliment, et c’est sans doute là l’influence de ce que j’écoute en permanence : du classique, des B.O, toutes ces musiques où l’on retrouve de belles progressions harmoniques, des grandes orchestrations, etc. Quant à la mélancolie, disons que c’est un sentiment que j’aime explorer musicalement. J’ai l’impression d’y trouver un certain réconfort. Ça fait sens avec la manière dont j’appréhende la vie, ça amène une certaine poésie et ça prolonge la musicalité que je tente de déployer, même si j’aimerais parfois tendre vers plus de simplicité, comme Randy Newman a pu le faire sur  I Think It’s Going to Rain Today.

– Serait-ce déjà là les premières envies d’un futur troisième album ?
 Non, je ne pense pas. Il faut que je chérisse cette richesse instrumentale, c’est ce que je suis. Étant batteuse, je suis de toute façon condamnée à concevoir ma musique en pensant à d’autres instruments. Je ne peux pas faire comme les pianistes ou les guitaristes, et me contenter d’un album acoustique. J’ai besoin d’additionner les instruments, d’amener d’autres sonorités, de penser mes albums comme des puzzles dont on découvre les différents aspects au fur et à mesure des écoutes.

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