Maxime Delcourt
10 March 2021
Eventail.be - Il paraît que vous avez découvert la musique assez tard. Quel a été le déclic ?
Tawsen - La première fois que j'ai compris que je pouvais m'investir dans la musique, c'était lorsque j'avais 18 ans, alors que je sortais d'une session d'enregistrement avec mon ancien groupe. Un ingénieur du son est venu me voir pour me dire que je devais me lancer en solo, il sentait que j'avais un truc en plus, une particularité dans la voix. Ça m'a fait réfléchir, je suis alors passé du mec qui chantonne sous la douche à celui qui croit en son potentiel. Et puis on avait décidé d'arrêter avec mon groupe, nos morceaux ne rencontraient pas le public, ça me paraissait donc être le moment idéal.
- Le fait d'être à la fois belge, marocain et italien, vous pensez que ça influence la façon dont vous envisagez la musique ?
- Ça m'influence en tant que personne. Alors, forcément, ça doit se ressentir dans ma musique, surtout que j'essaye de mettre en place un univers hyper personnel, au plus proche de mes pensées. Je ne me dis jamais : « Ah, là, je vais utiliser des sonorités orientales, là un son plus latin, etc. » Je ne calcule pas ma musique, j'avance à l'instinct.
- D'où le fait de considérer votre musique comme du néo-raï ?
- Disons qu'au sein d'une époque où les gens aiment catégoriser une musique, j'ai préféré prendre les devants. Je ne fais ni du rap, ni de la pop urbaine, un terme que je trouve d'ailleurs horrible, dans le sens où il donne l'impression que c'est une sous-catégorie de la pop, réservée aux artistes issus de la banlieue. En gros, Angèle est pop, mais Aya Nakamura est urbaine. C'est ridicule. Dès lors, j'ai préféré me présenter selon une étiquette que j'avais pleinement défini. Au moins, ça me correspond complétement.
- Je sais que vous avez pensé vos trois premiers EP's comme une trilogie. Qu'est-ce qui différence Al Najma des deux précédents ?
- Disons que je vais encore plus loin dans le côté sentimental des deux premiers EP's. Al Najma, c'est le grand frère : il est plus fort, il est plus cool, plus nuancé et plus assumé. Je pense que je chante toujours mieux, que le mixage est plus maitrisé également. Concrètement, c'est le troisième étage d'un grand gâteau au chocolat, auquel il ne manque plus qu'une cerise pour peaufiner le tout.
- La cerise, ce sera l'album ?
- Non, pas nécessairement. Ce sera peut-être juste une autre version de moi-même, de ma musique. On verra. Ce qui est certain, c'est que je n'aimerais pas que cette fameuse cerise sur le gâteau paraisse en cette période si compliquée, qu'il soit impossible pour moi de défendre ce projet sur scène.
- Musicalement, c'est important pour vous d'être perpétuellement en équilibre entre la mélancolie et les sonorités festives ?
- J'aimerais bien être heureux dans la vie et arrêter de tenir de tels propos dans mes chansons... Je ne le fais pas exprès, rien n'est calculé. Cela dit, c'est vrai que j'aime ce mélange, similaire à celui défendu par Stromae sur Papaoutai. Mais c'est vrai aussi que j'ai peur de tourner en rond. J'aime ramener de nouvelles idées, j'ai besoin de nouveaux concepts, un peu comme les américains qui, à l'instar de The Weeknd, arrivent tous les deux ans avec un nouvel univers, un nouveau look et des visuels totalement inédits. J'ai la même ambition, je ne veux pas que l'on s'ennuie avec ma musique.
- L'un des vos derniers clips, Cherry By Bye traite d'une histoire d'amour qui se termine. Un thème récurrent dans vos morceaux...
- Il faut l'avouer : les meilleures chansons de l'histoire concernent l'amour. C'est peut-être gnangnan de dire ça, mais c'est le thème universel par excellence. Après, peut-être que c'est plus facile pour moi de chanter ces thèmes-là, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est que j'y prends plaisir, ça me vient naturellement, et tant mieux si ça permet de toucher les gens plus facilement.
- Parmi vos références musicales, on trouve Linkin Park, Black Eyed Peas ou encore la Sexion d'Assaut. Vous aspirez à la même popularité ?
- Mon but, ce n'est pas nécessairement d'avoir autant de tubes qu'eux, simplement d'avoir une carrière similaire à la leur, sur la durée. C'est pour cela que la France et la Belgique ne sont pas mes objectifs principaux : je veux toucher l'Amérique. Et je dis ça en toute humilité, attention. C'est juste que j'ai de l'ambition et que je rêve de toucher le plus de monde possible.
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