Sybille Wallemacq
07 November 2019
L'œuvre du compositeur Arthur Honegger, Jeanne d'arc au bucher, est qualifiée d'oratorio dramatique. Le livret est signé Paul Claudel. Sa singularité ? Les rôles principaux : Jeanne et Frère Dominique sont parlés, et non chantés. La mise en scène proposée par Roméo Castellucci évacue le chant de la scène mais le fait émaner des 4e balcons afin qu'il encercle les spectateurs de son mystère et sa puissance.
Le chant évacué de la scène à l'opéra ? Cela pourrait déranger. C'est sans compter sur la très forte performance d'Audrey Bonnet qui interprète Jeanne d'arc au fil des 11 tableaux qui découpent l'œuvre : depuis sa condamnation à mort jusqu'à son enfance innocente.
© B. Uhlig |
La composition musicale d'Arthur Honegger est riche de références et marche très bien avec l'intrigue. Soulignons aussi l'utilisation novatrice à l'époque des ondes Martenot, un des tout premiers instruments électroniques !
© B. Uhlig |
À la direction de l'orchestre, la Monnaie retrouve Kazushi Ono, qui fut directeur musical de la maison d'opéra national de 2002 à 2008. Le maestro japonais retrouve la fosse qu'il avait quittée il y a plus de 10 ans.
© B. Uhlig |
Aborder Jeanne d'arc sans penser à la religion ou à la nation française est impossible. En 2017, à l'Opéra de Lyon (coproducteur avec la Monnaie et l'opéra de Bâle), des émeutiers d'extrême droite ont manifesté contre l'opéra et son interprétation. C'est dire toute l'actualité du mythe.
Jeanne d'arc au bucherPublicité