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La violence et la douceur: Berlinde De Bruyckere et Penthesilea

Rédaction

31 March 2015

© La Monnaie/De Munt

[caption id="attachment_14861" align="alignnone" width=""]Georg Nigl/Achilles et Natasha Petrinsky/Penthesilea tremblent d'une impossible passion[/caption]Le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles présente en première mondiale à partir de cette semaine, Penthesilea, une œuvre commandée au compositeur français Pascal Dusapin (né en 1955). Adapté de la pièce éponyme de Heinrich von Kleist écrite en 1807, ce drame inspiré de la mythologie grecque est le septième opéra de Dusapin, un musicien que la critique a salué comme un des créateurs les plus inspirés de sa génération. Les décors de Penthesilea ont été conçus par l'artiste gantoise Berlinde De Bruyckere, qui se trouve associée ici pour la première fois à une réalisation scénique. En 2013, elle avait représenté la Belgique à la 55e Biennale de Venise. Berlinde De Bruyckere travaille depuis 2000 avec la photographe Mirjam Devriendt, qui signe les vidéos intégrées dans le spectacle de la Monnaie. L'une et l'autre nous ont parlé de leur travail et de la manière dont s'est développée leur collaboration.

L'Eventail - Qu'est ce qui vous a inspiré?

Berlinde De Bruyckere – Mon inspiration pour les décors est liée à mes visites aux abattoirs d'Anderlecht. C'était il y a deux ans, avant de me lancer dans cette aventure avec la Monnaie. J'ai tout de suite été touchée par ce lieu. C'était une expérience très intense. Il y avait là une sensation cruelle et douce à la fois. Quand j'ai vu les gens qui s'occupent de ces peaux, qui les manient, qui les découpent et les accrochent, j'ai éprouvé paradoxalement un sentiment d'espoir. Je me disais : il y a donc un futur pour ces dépouilles. Dans l'opéra, quand on voit ces couches de peaux entassées, cela me fait penser aux victimes qui sont mortes pendant la guerre. Dans les ateliers d'Anderlecht, j'ai observé comme on installe les peaux sur des constructions en fer rouillé ; puis on y ajoute du sel pour les conserver pendant quelques jours ; et enfin on les déplace. Eh bien, en regardant tous ces gestes, ce qui m'est venu à l'esprit c'est la déposition du corps du Christ.

 
Berlinde De Bruyckere photographiée par Mirjam Devrindt © Droits réservés

- Mais dans le spectacle de la Monnaie, les gestes dont vous parlez sont-ils montrés concrètement, ou sont-ils suggérés ?

- Je ne voulais pas tomber dans une illustration littérale. Après mes visites aux abattoirs, j'ai demandé à Mirjam Devriendt d'y retourner avec moi. Je lui ai expliqué ce qui m'avait émue dans ces lieux. Et je lui ai demandé de prendre des photos. Elle a fait quelque 300 prises de vues. J'ai imprimé toutes les photos et je les ai posées contre le mur de mon atelier pour m'en imprégner.


Mirjam Devriendt – Je travaille avec Berlinde depuis longtemps et nous nous connaissons tellement bien que souvent un mot échangé entre nous suffit pour nous comprendre. Jusqu'alors mon moyen d'expression était la photo. Mais quand elle m'a amenée aux abattoirs j'étais comme en transe. Je me suis mise à faire une masse de photos, comme si je tournais un film. Et subitement j'ai pensé: au fond, j'aimerais vraiment faire un film. Berlinde a retenu cette idée, et c'est ainsi que je me suis retrouvée régulièrement dans les ateliers d'Anderlecht avec une petite caméra discrète pour capter les gestes des travailleurs.

L'atelier de l'artiste © Mirjam Devrindt


- Il y a aussi dans votre intervention vidéo des images de fleurs?

-MD: Oui, mais seulement au début. Il se trouve qu'il y a un an environ Berlinde avait reçu un grand bouquet de fleurs. Avec son GSM elle en avait fait une série de photos. C'étaient des fleurs très particulières, des pivoines qui avaient l'apparence d'une grande boule. Et ce qui m'a fascinée, c'est que quand ces fleurs mouraient elles commençaient à ressembler à un tas de peaux...C'est ainsi qu'on a eu l'idée d'introduire cette image. Le reste de ma vidéo est centré sur les détails du traitement des peaux, que j'ai filmés de très près. Nous étions dans un seul lieu, pas très grand, où quatre ou cinq hommes s'activent : c'est comme un rituel intemporel, qui n'est pas lié à une époque ou à une culture. A la fin, d'ailleurs, ces travailleurs m'avaient oubliée, j'étais comme invisible.

Natascha Petrinsky incarne Penthesilea, reine des Amazones © Forster


- Penthesilea est une œuvre violente et cruelle. Pour la romancière allemande Christa Wolf, elle se résume en une phrase : « Nous anéantissons ce que nous aimons ». Mais dans toute cette noirceur, y a-t-il aussi une place pour la tendresse ?

- BDB: Lorsque j'ai lu le livret, je n'y ai vu en effet que de la dureté et de la férocité. Mais moi, dans mon travail je cherche toujours un élément qui offre une possibilité de guérison. Et cette note d'espoir, je l'ai trouvée dans la musique de Pascal Dusapin. C'est à travers cette musique que j'ai pu accepter et surmonter ce qu'il y avait d'impitoyable dans l'oeuvre. J'aimerais que mon décor soit vu comme une métaphore de la guérison. Dans les abattoirs, on jette du sel sur la peau des bêtes pour la protéger pendant quelques jours. Pour moi, cela évoque les hôpitaux où l'on soigne les blessés de guerre. Ce simple geste exprime une sorte de confiance dans l'avenir, un engagement en faveur de la vie. J'espère que le public sera sensible à cette dimension.

Théâtre de la Monnaie
Bruxelles
Jusqu'au 18 avril
www.lamonnaie.be
 

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