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« Amazonia, au cœur de la terre mère », un film de la princesse Esmeralda de Belgique

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Christophe Vachaudez

12 November 2024

Depuis des années, la princesse Esmeralda de Belgique mène une croisade pour la protection des écosystèmes et de l’environnement prenant part à des conférences et des débats à travers le monde. Alors qu’elle revient de la COP16 sur la biodiversité qui s’est déroulée en Colombie, le film qu’elle a conçu avec Gert Peter Brush et qui a été diffusé là-bas sera présenté à Liège, Namur et Anvers, une occasion d’en savoir plus sur ce plaidoyer pour la sauvegarde d’une forêt mais aussi et surtout des populations qui l’habitent depuis des siècles. La princesse répond aux questions d’Éventail.be.

Eventail.be – Comment ce projet de film est-il né ?
Esmeralda de Belgique –
En raison de ma filiation, j’ai toujours été associée aux voyages de mon père qui se préparaient à la maison. Je rêvais déjà devant ses valises. Il m’envoyait des lettres qui me permettaient de le suivre et puis, à son retour, j’assistais aux projections des nombreuses dias qu’il avait réalisées tout en découvrant toutes ses photos. Et puis il a créé sa fondation en 1972 et fin des années septante, j’en devenue la vice-présidente. J’ai eu la chance de parfois l’accompagner. Il a toujours été fasciné par l’Amazonie où il a passé de nombreux mois en compagnie des tribus indigènes. Quant à moi, je suis devenue journaliste mais avec un intérêt toujours marqué pour l’environnement. Je rêvais d’aller en Amazonie et durant le COVID, le réalisateur Gert-Peter Bruch, président de Planète Amazone, m’a proposé de participer à un film pour la télévision américaine. Et au fil des discussions, nous avons décidé de travailler à ce projet qui a commencé en 2022, en nous basant sur les expéditions de mon père mais aussi sur la situation actuelle que connait l’Amazonie. En fait, mon père a sans doute été le premier étranger à rencontrer le chef Raoni grâce aux frères Villas Bôas, qui furent à l’origine de la création du parc de Haut-Xingu. Moi-même, j’ai rencontré le chef Raoni pour la première fois en 1989 et puis à d’autres reprises par la suite. Le cacique Ninawa Huni Kui et de nombreux chefs ont pris la relève, mais tous respectent Raoni et son action.

– Comment s’est déroulé le tournage ?
Ce fut une véritable expédition. Après l’avion, il faut neuf heures de bus, puis emprunter un bateau pour atteindre le village du chef Raoni. Ce fut émouvant pour moi de marcher sur les pas de mon père mais aussi de me retrouver en présence d’un homme qui a rencontré de nombreux chefs d’état et qui continue à vivre dans la plus grande simplicité. Le tournage qui s’est effectué en plusieurs fois nous a permis de rencontrer avec le Président Lula. Je suis retournée l’année suivante à Brasilia pour assister à un grand rassemblement de tribus lors d’une grande fête où elles célèbrent leurs cultures, en présence là aussi du Président Lula. Nous avons projeté le film, presque terminé, à l’ambassade de Belgique pour le montrer aux chefs qui sont concernés afin d’obtenir leur assentiment avant la diffusion au plus grand nombre. Le film s’est fait en étroite collaboration avec Gert et nous échangions tant au sujet des séquences que de la musique et du choix des archives. Gert est à la tête d’une ONG française créée en 2012, avec statut d’observateur de l’ONU. La démarcation et la protection des terres indigènes est essentielle pour le droit de ces populations mais aussi pour la préservation de la bioversité.

© Patricia Willocq/Collection de S.A.R la princesse Esmeralda

– Y a-t-il eu des changements positifs depuis l’arrivée d’un nouveau président ?
On a constaté une baisse de la déforestation depuis l’arrivée du président Lula et la police a été envoyée à plusieurs reprises pour lutter contre les fermiers illégaux et les orpailleurs. Donc, il y a bien une volonté mais quand ces illégaux sont repoussés d’un côté, ils s’en vont s’installer ailleurs. De plus, le Congrès est gangréné par les lobbies, ce qui rend difficile le vote des démarcations. Le principe est très compliqué et aboutit au terme d’un long processus qui implique l’administration, des ethnologues et quantité d’intervenants. Le Président Lula en a signé trois. Malheureusement, ces démarcations n’empêchent pas les incursions mais c’est un début essentiel !

Manifestation pour le climat et l'énergie à Bruxelles, en octobre 2022, en présence de la Princesse Esmeralda à l'occasion du Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement © Philip Reynaers/Photonews

– Vous évoquez également le Mercosur. Quel est son impact sur la forêt et les populations indigènes ?
Les traités de libre échange sont importants pour nous comme pour les pays partenaires mais ce traité en particulier tel qu’il a été établi est une catastrophe pour les deux parties, tant pour les droits humains que pour l’environnement. Il y a une opposition du monde agricole européen et nous espérons que nos pays vont tenir bon. L’un des buts de ce film est d’influencer positivement les prises de décision. Nous souhaitons le projeter au cœur des institutions, dans les universités et les écoles. Le film sera diffusé en Belgique bien entendu mais aussi dans d’autres pays européens. Il s’agit d’un problème brésilien mais il nous concerne tous.

© Patricia Willocq/Collection de S.A.R la princesse Esmeralda

– Comment le projet a-t-il pu se concrétiser ?
Nous avons bénéficié de différents partenaires financiers et autres comme le Fonds Léopold III bien entendu, la Fondation du prince Albert de Monaco, le WWF, Greenpeace, Synchronicity Earth et Stop Ecocide. Les défenseurs de l’environnement paient de lourds tribus, on en tue quatre par semaine dans le monde. Il faut donc s’agir. Notre film veut informer et dénoncer. Il s’agit d’un projet non commercial qui sera au fil du temps mise en ligne pour que tout le monde puisse le visionner. Beaucoup connaissent l’Amazonie comme une forêt qu’il faut protéger mais peu réalise qu’il y a des millions d’habitants et qu’il y a des meurtres au quotidien dans le but de s’approprier les terres.

© Patricia Willocq / Collection de S.A.R la princesse Esmeralda

– Vous parlez aussi de la notion d’écocide, pouvez-vous nous expliquer ?
‘Eco’ signifie maison, ‘cide’ assassinat. Jojo Mehta, fondatrice de Stop Ecocide, explique donc qu’il s’agit de notre maison que l’on détruit. Il est important de pénaliser les crimes écologiques car cela pourrait responsabiliser davantage les contrevenants. La Belgique est l’un des premiers pays à avoir inscrit cette notion dans son code pénal. Il faudrait maintenant que le principe se généralise. Car quand les grandes entreprises sont condamnées, elles paient avec des fonds déjà prévus à cet effet, mais s’il y a une condamnation pénale, l’impact sera sans doute beaucoup plus important.

Photo de couverture : © Photo News

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Informations supplémentaires

Film

Amazonia, au cœur de la terre mère

Réalisation

Esmeralda de Belgique & Gert Peter Brush

Diffusion

  • le 18 novembre au Cinéma Sauvenière
  • le 19 à Namur, à l’Université de Namur
  • le 21 à Anvers, à Université d’Anvers

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