Rédaction
31 July 2017
Lui-même issu de la plus ancienne maison princière de Bohême, l'une des plus illustres du Saint-Empire, le Prince qui a étudié en Allemagne, en Suisse, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis avant d'entamer une carrière dans la finance et d'ouvrir un bureau de conseil en art à Londres, s'attache désormais à redonner vie aux châteaux familiaux et à les intégrer dans un projet plus ambitieux de redynamisation du Bourbonnais.
Le château de Fourchaud © Droits réservés |
Eventail.be - Monseigneur, pourquoi avoir voulu mettre sur pied cette fondation "Présence Bourbon" ?
Charles-Henri de Lobkowicz - Je souhaitais donner un avenir aux châteaux qui appartiennent à ma famille dans un souci plus global de préservation du patrimoine en Bourbonnais, berceau des premiers Bourbon. Dans cette optique, il fallait fédérer les populations locales, une façon de leur faire comprendre qu'il s'agit aussi de leur patrimoine. Leur participation s'avérait essentielle et j'ai été entendu au delà de toutes espérances puisque, immédiatement, de nombreux bénévoles se sont présentés. Le plus jeune avait 13 ans et le plus vieux, 88 ans. L'idée de structurer le projet en association puis en fondation me paraissait vital afin de sauvegarder tout le travail déjà accompli et de le pérenniser pour les générations futures. Aujourd'hui, nombre de départements français rencontrent de graves difficultés économiques et je crois que le tourisme, plus que l'industrie, peut s'imposer comme un acteur de choix pour revivifier une région. En fait, nous menons une action extrêmement moderne. Mais pour drainer les touristes, il faut un cadre de vie, des paysages, du patrimoine et une identité forte. Le château a toujours joué un rôle social et, de nos jours, il doit poursuivre cette vocation, tourné vers l'avenir. Je pense que le Bourbonnais est la deuxième contrée en France comptant le plus grand nombre de châteaux, un patrimoine méconnu que nous devons valoriser. Propriétaires et autorités locales doivent travailler de concert, ce qui est notre cas. Le Bourbonnais ne peut qu'y gagner en visibilité
Le château du Vieux Bostz © Droits réservés |
- Pratiquement, quels sont vos projets pour les différents châteaux ?
- Ils auront chacun leur propre destinée. Le château de Fourchaud, une des tours médiévales fortifiées les mieux conservées en France, a été sauvé. Un énorme buisson la dissimulait, ce qui l'a sans doute épargnée. Je souhaiterais y montrer la vie telle qu'elle se déroulait au XVe siècle. Je ne veux pas y installer l'électricité ou en faire un musée mais simplement replonger le lieu dans son époque et surprendre les gens par le raffinement qui y régnait. Je travaille avec de grands archéologues comme Elisabeth Sirop-Chalmin pour faire aboutir cette idée. En ce qui concerne le château nouveau de Bostz où a longtemps séjourné l'impératrice Zita et où j'habite maintenant, j'aimerais le montrer comme une demeure de famille. Beaucoup me disent qu'il est compliqué d'ouvrir un château au public mais un château a toujours été un lieu de passage et d'accueil et cela ne me fait pas peur. Il sera restauré mais restera une demeure vivante. Pour celui du vieux Bostz, nous allons préserver le premier étage, tel qu'il était au XVIIIe siècle. Au rez-de-chaussée, nous disposons de cinq salons en enfilade qui pourront accueillir un espace muséographique où l'on expliquera l'histoire de la région et celle de la première maison de Bourbon. Le vieux Bostz est vraiment le château emblématique du Bourbonnais avec ses 22 toitures, un vrai petit village plein de charme, qui fut habité jusqu'à la révolution. Il y a beaucoup de travail mais nous avons déjà restauré dix toitures. Á l'entrée du village, le château de Rochefort qui, en 1500, appartenait au médecin des ducs de Bourbon, va être solidifié en tant que ruine et la tour donjon du Petit Fourchaud, elle aussi restaurée.
Le château nouveau du Bostz © Droits réservés |
- Y a-t-il eu des craintes au sein de la famille quand vous avez lancé ce projet ?
- Non, me connaissant, tout le monde sait que quand je m'engage dans un projet, je n'ai pas peur. J'écoute les avis autour de moi, je les entends, certes, mais une fois ma décision prise, je fonce. Un proverbe asiatique dit : 'Ne termine jamais ta maison où tu meurs'. Je crois que je serai donc immortel !
Les 1100 ans de la maison de Bourbon © Droits réservés |
- La mésentente qui a divisé vos oncles et tantes Bourbon-Parme perdure-t-elle toujours ?
- En ce qui me concerne, et je ne peux parler que pour moi, j'ai toujours fait en sorte que les membres de la famille se réunissent, quels que soient les conflits historiques et personnels. Une famille désunie est la pire chose que l'on peut présenter. Ceux qui veulent s'unir sont les bienvenus mais je respecte l'opinion de ceux qui ne le souhaitent pas. Ne pas se battre pour cette union s'avère néfaste et destructeur. Ma porte est toujours ouverte.
Le Prince et sa mère © Droits réservés |
- Outre la restauration des châteaux, quelles sont vos autres domaines de prédilection ?
- J'ai toujours été très impliqué dans l'art. Cela doit être génétique puisque les Lobkowicz ont toujours été de grands mécènes. Je suis de très près l'art contemporain, tout en étant aussi l'ambassadeur des montres De Witt, dans ma logique de recherche de la beauté et de la perfection. Je continue à rallier le Liban, tous les deux mois. J'y vais depuis mes 13 ans et les liens humains que j'ai pu y tisser sont très importants pour moi. Ma mère y poursuit depuis des années son travail caritatif dans le cadre de l'ordre souverain de Malte.
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