Thomas de Bergeyck
20 January 2022
Soit. Il en faut davantage pour abattre “Monsieur Glücksbourg” comme l’appellent ses anciens sujets. Une altesse qui ressemble à s’y méprendre à Jean-Claude Juncker, l’ancien président de la commission qui lui emprunte sa fibre européenne car il est lui-même au cœur d’un “réseau royal européen” : pensez donc : son épouse Anne-Marie est la sœur de la reine de Danemark Margrethe (qui vient tout juste de fêter son jublié d’or. Nous vous en parlions ici). Et sa sœur à lui n’est autre que Sofia, l’épouse délaissée de l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos.
Le roi Constantin de Grèce et son beau-frère, Juan-Carlos d'Espagne © DR
Constantin II n’a régné que neuf ans sur le soleil de Grèce, entre le 6 mars 1964 et le 1er juin 1973. Ensuite, la République le balaie. Il a bien tenté la négociation lorsqu’en 67, un coup d’état dit “des Colonels” menace son règne. Le Roi accepte de collaborer avec eux si leur futur gouvernement militaire est dirigé par un candidat royaliste. Chose acquise, Constantin les suit, espérant ainsi préparer un contrecoup d’état. Une association calculée, mais qui sera un échec. Les Grecs ne lui pardonneront jamais d’avoir, dans les faits, “pactisé avec l’ennemi”. Il va fuir à Rome, puis à Londres.
Mais l’ancien roi s’accroche. Il doit sa renaissance au sport : passionné de voile dont il a été champion, mais aussi de nage et de karaté, il devient membre du Comité international olympique. Lui qui a régné sur la Grèce sera invité plus tard par le président Stephanopoulos au palais présidentiel … son ancienne demeure ! D’exilé, Constantin devient persona grata sur ses propres terres. Il vend Londres, et achète à Porto Héli, dans le Péloponnèse. Sa famille redevient hellène pour de bon. Mais ce ne fut pas sans mal. Il a fallu affronter la honte : tous les biens immobiliers de la famille royale avaient été confisqués, assortis d’une déchéance de nationalité.
Le palais royal de Tatoï, en 2002 © CC BY-SA 3.0
En 2002, la Cour européenne des droits de l’homme oblige la Grèce à lui verser, pour solde de tout compte, 4 millions 600.000 euros de dédommagement. Ce que je voulais, a-t-il déclaré, c’était ma maison, la tombe de mes parents et mes souvenirs. On parle ici de trois lieux hautement symboliques de l’ancienne famille royale : la résidence d’été des rois de Tatoï, à quelques kilomètres d’Athènes, où sont enterrés ses parents ; la propriété “Mon repos” sur l’île de Corfou ainsi qu’un parc naturel. Une humiliation que cet homme intelligent va détourner en pied de nez : il reverse tout à une fondation contre les catastrophes naturelles. En faveur des Grecs. Ce peuple à qui il aura tout donné.
Place Royale
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