Jean des Cars
15 December 2022
C’est une perspective encore lointaine, puisque son grand-père, le roi Harald V, règne toujours et donc que son père, le prince Haakon, n’est pas encore roi. Mais ce sera, à tous égards, un événement, étant donné qu’il n’y a pas eu de femme sur le trône de Norvège depuis le XIVe siècle, soit depuis 600 ans.
Ingrid Alexandra est née le 21 janvier 2004. Son baptême a été célébré dans la chapelle du Palais royal par l’évêque d’Oslo, selon le rite luthérien d’origine suédoise. En effet, la Norvège est, à l’époque, l’un des derniers pays ayant une religion d’État, par respect pour son union politique avec la Suède, union qui ne sera dissoute qu’en 1905, sous le règne de Haakon VII, arrière-grand-père d’Ingrid Alexandra et légendaire héros de la Seconde Guerre mondiale ayant échappé à Hitler (qui en était fou de rage). Les parrains et marraines du bébé représentent une partie de l’Europe monarchique actuelle et de demain : d’un côté le prince Frederik de Danemark et le prince des Asturies, actuel roi Felipe VI d’Espagne ; de l’autre, la princesse Märtha Louise de Norvège, sœur aînée d’Ingrid qui avait renoncé à son rang, la princesse héritière Victoria de Suède et la grand-mère maternelle de la baptisée.
Ingrid passe ses premières années au manoir de Skaugum, une charmante résidence royale à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Oslo, dans une région boisée, au pied d’une petite montagne. La Princesse est vite passionnée par la nature et, bien sûr, sensible à l’écologie. Elle suit l’enseignement d’une école publique. Peu à peu, elle apparaît sur les portraits officiels et commence à accompagner ses parents lors de la Fête nationale, le 17 mai, appelée aussi “jour de la Constitution”. Ingrid Alexandra apprend à saluer la foule. Son geste est d’abord timide, ce qui est normal, puis il devient parfaitement codé depuis le balcon du Palais. C’est un rituel observé dans tous les royaumes, particulièrement au moment des sorties officielles et des fêtes essentielles, comme Noël.
© PHOTONEWS
À six ans, le 19 juin 2010, l’héritière entre dans la vie publique de la famille : elle fait partie du cortège nuptial de sa marraine, la princesse héritière Victoria de Suède, qui a voulu qu’elle soit sa demoiselle d’honneur, comme une référence à l’ancienne alliance des deux monarchies. Deux ans plus tard, Ingrid Alexandra accompagne son père dans une émission télévisée où le prince Haakon, le futur monarque, s’exprime sur l’environnement, une séquence de rigueur aujourd’hui. Un an plus tard, à la demande de son grand-père, la jeune fille baptise un bateau de sauvetage, nommé Elias. Très proche de ses grands-parents, elle est fière de sélectionner des dessins et des sculptures de jeunes Norvégiens dans un parc réservé aux enfants près du Palais royal édifié dans le centre de la capitale, au XIXe siècle, du temps de l’union entre la Norvège et la Suède.
L’exposition est inaugurée par la reine Sonja, mais sa petite-fille est à ses côtés. Et, signe que la relève des générations est prête, en 2018, la Princesse de quatorze ans accompagne la Reine pour accueillir le duc et la duchesse de Cambridge, William et Kate, en visite officielle. On ne s’étonne pas que la future reine multiplie sa présence dans des cérémonies officielles, comme celle où elle allume la flamme olympique des JO de la jeunesse d’hiver à Lillehammer, un village devenu célèbre pour avoir organisé les Olympiades de l’hiver 1994. C’est d’autant moins surprenant que la Princesse est une grande sportive : souriante, elle l’a prouvé le 20 novembre 2021, lors d’une initiation de rigueur dans un camp d’entraînement de l’armée. Pour bien connaître son futur royaume, Ingrid Alexandra sillonne le territoire norvégien et comme la mer n’en est jamais loin, elle baptise un navire de recherches polaires du nom de son père, Prince héritier Haakon.
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On ne saurait oublier que la Princesse a fait sa confirmation, selon le rite luthérien, le 31 août 2019. Sur la photo, elle se tient entre son grand-père et son père, tous deux en uniforme. Au printemps 2022, la future souveraine fait une visite officielle, très médiatisée du, Storting, le Parlement norvégien, qu’elle connaissait déjà depuis 2014 mais, cette-fois, elle a droit à une visite privée. En élégant blazer et pantalon, Ingrid Alexandra, très souriante, était à l’écoute afin de bien connaître les rouages et le fonctionnement de ce haut-lieu du pouvoir législatif. Elle a ensuite rendu visite au Premier ministre, Jonas Gahr Støre, qui héritera, en 2022, malgré la pandémie et les difficultés, d’un bilan sanitaire et économique favorable. Le temps d’une photo, la visiteuse, tout sourire, s’est installée dans le fauteuil du Roi et a signé le livre d’or, en y ajoutant un cœur à côté de son prénom. Elle aura un entretien avec la plus jeune des membres du Parlement, Maren Grøthe, âgée seulement de vingt ans et qui a été élue députée en 2021. Très émue, la Princesse a posé beaucoup de questions, s’est informée du fonctionnement du Storting et de l’état des travaux parlementaires en cours. Et elle s’est arrêtée devant un tableau représentant la prestation de serment de son grand-père, le roi Harald V, qui règne depuis 1991. La santé du Souverain a inquiété la Norvège depuis qu’il a été testé positif au Covid-19 à la fin de l’hiver dernier.
Dès qu’elle paraît, Ingrid Alexandra enthousiasme ses interlocuteurs de la vie politique, qui n’hésitent pas à dire : “C’est une Princesse très sage que nous avons, qui en sait beaucoup. Nous avons une merveilleuse famille royale et nous sommes heureux de connaître celle qui sera la première femme régnante de Norvège depuis des siècles”.
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