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Quand Philipp von Württemberg manie le marteau

Portrait Gotha

Rédaction

12 December 2016

© Sotheby's

Issu de l'une des plus illustres familles d'Allemagne, Philipp von Württemberg exerce la Direction générale de Sotheby's Germany tout en étant Chairman pour l'Europe, une position qui lui permet de mettre en pratique sa passion pour l'art mais aussi de débusquer des pièces inédites qui susciteront la curiosité des collectionneurs.

Le troisième fils du duc Carl et de la princesse Diane de France est revenu sur son parcours et son expérience au sein de la célèbre maison de ventes. Philipp von Württemberg a épousé en 1991 la duchesse Marie-Caroline en Bavière dont il a eu quatre enfants.

Eventail.be - Monseigneur, en 2016, vous allez fêter vos vingt ans de carrière chez Sotheby's. Si vous deviez retenir un fait marquant, une vente spéciale, quel serait-il ?

Philipp von Württemberg - Sans doute la grande vente de Baden-Baden quand j'étais encore étudiant. J'ai vraiment eu envie de rentrer chez Sotheby's grâce cette expérience qui m'a vraiment marqué.

- D'où vous est venue votre passion pour l'art ?

- J'ai grandi dans un château entouré d'objets rares et j'ai eu la chance d'être élevé par des parents ouverts. Ils ont compris que j'aimais l'art et ils m'ont donné carte blanche pour le choix de mes études. Ce fut une chose primordiale. Á l'âge de quatorze ans, je parcourais les pièces du château à la recherche des armes, armures et pistolets. Je voulais tout rassembler dans un seul endroit pour créer une sorte de petit musée. Chaque jour, après l'école, j'allais dans cette pièce pour ranger les objets dans les vitrines, les nettoyer, discuter avec des restaurateurs pour les réparer et c'est pendant cette période que ma passion pour l'art est réellement née. Il est vrai que ma mère est artiste et quand j'étais à ses côtés, dans son atelier, je nettoyais ses pinceaux et je la regardais travailler, parfois jusqu'à minuit. Je dessinais pendant qu'elle peignait et c'est sans doute cet autre aspect de mon éducation qui a conforté mon intérêt pour ce domaine et éduqué mon œil. J'adorais aussi quand nous participions aux marchés aux puces. On y vendait ce qui provenait des greniers du château, au profit d'associations caritatives en faveur de l'enfance ou de la restauration des églises. Le fait de dénicher un objet, de le mettre en vente ou de l'acheter, m'a donné l'envie de devenir marchand. Mes parents m'ont alors envoyé faire un stage chez un restaurateur de meubles à Ludwigsburg. Cela m'a intéressé de découvrir comment se fabriquait un meuble mais j'ai réalisé que je préférais dénicher des œuvres et les mettre sur le marché.

 
 © Droits réservés

- Porter un nom tel que le vôtre vous a-t-il ouvert des portes ?

- Bien entendu, Württemberg est peut-être un nom connu qui permet d'ouvrir des portes. Cependant, dans mon métier, il est primordial d'établir un rapport de confiance avec le client et de lui offrir une prestation de qualité.

- Vous débutez chez Sotheby's en Allemagne puis, en 2003, Sotheby's vous confie la France et le bureau de Paris, un vrai challenge que vous relevez haut la main ! Pouvez-nous expliquer ?

- Laure de Beauvau-Craon qui dirigeait le bureau de Sotheby's France souhaitait alors alléger son emploi du temps et renoncer à certaines de ses fonctions. Elle cherchait une personne qui puisse apporter une dimension internationale au bureau de Paris, capable de consolider les liens avec les autres villes européennes, tout en poursuivant le développement des ventes qui avaient débuté en France pour Sotheby's depuis l'automne 2001. J'ai eu la chance d'être nommé Président de Sotheby's France. Á l'époque, Paris était réputé pour son marché de haute qualité mais il fallait absolument le dynamiser. J'ai donc initié les ventes d'art contemporain et de peintures impressionnistes, des secteurs qui étaient généralement réservés à Londres ou à New York, suivies par les ventes d'art non-européen, d'Art Nouveau, d'Art Déco, de Design et enfin de photographies. L'important était de démontrer aux vendeurs et aux acheteurs que Paris est une place internationale forte. Je dois dire que le succès fut au rendez-vous. Paris est à nouveau dans le peloton de tête des plus grandes places du marché des ventes publiques.

 © Sotheby's

- Avez-vous joué un rôle dans le développement des ventes aristocratiques ?

- Quand j'ai repris la direction du bureau de l'Allemagne, nous avons lancé à Amsterdam des ventes réunissant des œuvres de provenance aristocratique. C'est la vente de la Maison royale de Hanovre au château de Marienburg, en 2005, véritable événement, qui lança notre 'marque de fabrique' dans ce domaine. Depuis lors, nous organisons une vente de ce type chaque année. Nous sommes ainsi une référence en matière de House sales, ventes organisées in situ.

- Quels sont, selon vous, les départements qui ont le vent en poupe ces dernières années ?

- Chez Sotheby's, l'art contemporain et la peinture impressionniste se classent en tête, suivis par les tableaux anciens, les bijoux et l'art asiatique. En parallèle, des ventes publiques, nous proposons également des ventes privées, une transaction de gré à gré organisées en toute discrétion, pour les œuvres exceptionnelles. Le montant atteint pour ce seul secteur est maintenant d'un milliard de dollars par an. Sotheby's propose donc des ventes aux enchères classiques, des ventes privées et des expositions-ventes. Cette dernière attire une clientèle plus jeune.

 
© Maison de Württemberg 

- Vous avez quatre enfants. Sont-ils sensibles à l'art ?

- Ma famille et moi vivons entourés des œuvres d'art que j'ai achetées. Mes enfants ont grandi au milieu de tableaux et de sculptures contemporaines chinoises et européennes. J'aime les emmener au musée et leur montrer les catalogues de ventes. Tout comme leur grand-mère, ils dessinent, peignent, sculptent.

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Sotheby’s avait déjà proposé une partie de la collection à l’automne passé, voici que la vente de novembre à Genève poursuit la dispersion de cet ensemble exceptionnel issu de la branche cadette de la famille de Wurtemberg. Á cela s’ajoutent des bijoux des maisons de Bade et de Bavière mais aussi un somptueux collier provenant de l’écrin des marquis d’Anglesey. Ce négligé totalisant plus de 300 carats fut porté aux couronnements de Georges VI et d’Élisabeth II et son histoire a de quoi intriguer puisque les glands terminaux proviendraient du fameux collier de la reine, celui que refusa Marie-Antoinette et qui fit pourtant un tel scandale. Á n’en point douter le bijou date du XVIIIe siècle et si certains témoignages corroborent l’association à l’infortunée souveraine, il faut rester prudent. Quoiqu’il en soit, il illustre à merveille l’opulence de la cour du roi Georges III et fait preuve dans son porté d’une modernité étonnante. Flexible à souhait, il pourrait allègrement dépasser les deux millions de francs suisses et sortir d’une famille à qui il appartient depuis au moins 250 ans !

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