Sylvie Dejardin
31 May 2023
L’Éventail – Quels sont les principaux facteurs influençant le vieillissement, tant physique que psychique ?
Alain Andreu – De nombreux facteurs biologiques favorisent le vieillissement métabolique qu’on pense, à tort, inéluctables. Tout d’abord, la glycation, une réaction chimique entre un sucre et une protéine, plus connue sous le nom de réaction de Maillard, se produit tous les jours dans notre corps. Produite en excès, elle est responsable de l’accélération du processus de dégénérescence, car notre corps se “caramélise” sous son action, avec pour conséquences une perte d’élasticité des artères, de la cataracte… La glycation est fortement influencée par une alimentation industrielle, riche en sucres comme les sodas, les céréales de petit-déjeuner, mais aussi les viandes trop cuites, les barbecues, etc.
Ensuite, un excès de stress oxydatif généré par une suralimentation, la pollution, une activité physique trop intense, une assiette pauvre en antioxydants, va nous faire en quelque sorte “rouiller”. L’inflammation de bas grade, responsable des maladies cardiovasculaires, de la formation des plaques d’athéromes, joue aussi un rôle extrêmement néfaste. Citons également la baisse de l’immunité, la prise de certains médicaments, le raccourcissement des télomères (brins d’ADN) et la diminution du nombre de mitochondries, les centrales énergétiques de nos cellules, qui est directement reliée aux carences hormonales. Il faut absolument les préserver pour éviter le développement de pathologies. C’est dans la mitochondrie que les hormones stéroïdes (prégnénolone, DHEA, testostérone, œstradiol, progestérone, cortisol… ) sont synthétisées à partir du cholestérol. Tous les carburants de la mitochondrie (il y en a une trentaine) doivent être optimisés. Le plus connu étant le co-enzyme Q10 dont les taux sont abaissés par les statines. Pour éviter d’être la victime inéluctable des années qui passent, l’alimentation de qualité et le maintien optimal du statut hormonal sont au cœur de cette révolution qui s’opère en chacun de nous.
© HM STUDIO
– Vous êtes favorable à un régime plus originel, type paléo. Pourtant, le régime méditerranéen a déjà fait ses preuves dans la longévité en bonne santé. Qu’est-ce qui les différencie ?
– Les deux régimes sont intéressants, car ils promeuvent la consommation d’une bonne quantité de fruits et légumes de saison, locaux, cueillis à maturité, des petits poissons riches en oméga-3, des huiles de première pression à froid, de la viande de qualité… Cependant, le méditerranéen traditionnel diffère de l’actuel par la consommation de pain. Ce dernier pose problème lorsqu’il contient du blé moderne dont la composition a fortement changé ces dernières années. Les taux de gluten ont explosé et le pain n’a plus rien à voir avec celui que consommaient nos grands-parents. Il ne peut plus être recommandé sous cette forme-là. Le paléo strict exclut toute forme de céréale. Je conseille malgré tout la consommation de quinoa, les patates douces, de légumineuses ou encore le sarrasin pour les féculents. Outre l’absence de gluten, ils présentent un index glycémique tout à fait respectable. Manger des aliments de bonne qualité, sans transformation industrielle, avec des modes de cuisson doux, à la vapeur, par exemple, sont les bases d’une alimentation anti-âge.
Paleo diet concept. Raw foods high protein and low carbohydrate products, ingredients for healthy food.
– Quels conseils pourriez-vous donner pour garder le plus longtemps possible une peau jeune et ralentir l’apparition des rides ?
– À la ménopause, la peau se ride plus facilement. Je conseille d’ajuster les déficits en hormones avec un médecin spécialisé en thérapie hormonale. Cependant, vous pouvez agir de votre côté, en amont, avec un bon équilibre en acides gras poly-insaturés oméga-3 et 6. Consommez des poissons gras, de l’huile d’onagre et de bourrache. La vitamine C est essentielle à la synthèse du collagène. Mangez à chaque repas des fruits et légumes crus en suffisance, voire en complémentation de 500 mg par jour sous forme liposomale ou Ester C. On parle souvent de collagène marin, mais il est essentiel de connaître la provenance des composés et les conditions d’élevage. Je préfère conseiller la prise de vitamine C et de glycine, l’acide aminé précurseur du collagène pour une action synergique. On en manque souvent. En effet, le collagène et son précurseur se trouvent dans les bouillons d’os, moins consommés de nos jours. La vitamine D, une hormone stéroïde, joue également un rôle très important dans la prévention du mélanome. Il est important donc de l’optimiser, toujours sur base d’un bilan sanguin. Il est toujours préférable de consulter un thérapeute compétent avant de vous complémenter. L’alimentation anti-âge permet de prévenir bien des maladies et de garder une allure jeune tant dans sa tête que dans son corps.
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