Martin Boonen
05 May 2017
Peut-on dire que de la bière coule dans les veines de la famille Humblet ? En tout cas, brasser, ils ont ça dans le sang ! Et comme bon sang ne saurait mentir, tout commence avec le papa. Benoit Humblet n'est pas un inconnu du petit microcosme brassicole belge : après avoir travaillé pendant quinze ans pour d'importantes brasseries d'un groupe lillois, puis pour Kronenbourg (à Strasbourg) au début des années 90', il s'associe à Alain Pinckaers pour fonder la brasserie de Val-Dieu. En 2009, il revend ses parts dans l'entreprise pour se lancer dans un projet familiale qui lui tient à cœur : Bertinchamps.
© Bertinchamps |
Un projet familiale, d'accord, mais pour faire quoi ? De la bière, évidemment. « La bière, c'est le métier de mon père depuis toujours, mais dans le cas de Bertinchamps, c'était surtout un prétexte pour pouvoir travailler en famille » raconte Marc-Edouard, dit Marcus, le petit dernier de la fratrie (27 ans). L'idée séduit toute la tribu, et petit à petit, les uns et les autres rejoignent le projet.
© Bertinchamps |
C'est Anne-Claire qui embraie la première. En effet, architecte, c'est à elle que l'on confie la lourde tâche de transformer la superbe (mais en piteuse état) ferme de Bertinchamps, sur laquelle Benoit Humblet a jeté son dévolu. Elle doit en faire, début 2010 : un lieu de vie, une brasserie, et un centre d'accueil attractif pour les visiteurs. La tâche n'était pas aisée : "la première fois qu'on a été voir Bertinchamps, c'était en hiver : il faisait froid, il y avait du vent et des arbres poussaient dans les granges ! On avait envie de pleurer. Mais mon père avait décelé tout le potentiel de l'endroit : il s'avait ce qu'il faisait. Tout le monde a fait confiance à son expérience ! » se souvient Marcus.
© Bertinchamps |
En effet, en mai 2013, les Humblet décapsulent la première bouteille de « B » sortie de leur chaine d'embouteillage. Parce qu'à Bertinchamps, ils assument toute la chaine de production : « c'est une fierté pour nous de maîtriser tout le processus. Actuellement, nous avons les moyens techniques de produire 8 000 hectolitres, et nous espérons arriver à 6 500 au cours de l'année » précise Marcus.
Pour le moment, Bertinchamps propose trois « B » : une blonde, une brune, une triple et une « hiver » (pendant la période concernée), et trois « B+ », blanche et pamplemousse. Donc six bières qui viennent s'ajouter au panorama déjà très complet du secteur brassicole belge : « en fait, comme dit mon père, faire de la bière, c'est le plus facile. Trouver un positionnement qui nous satisfasse, c'était beaucoup plus compliqué » explique Marcus. Et même s'il se défend d'être un expert en marketing, on peut dire que la question du positionnement a été longuement étudiée : la « B » se propose dans une bouteille au format original de 50cl (à partager donc) sur laquelle est collée une étiquette sobre où se démarque une grande lettre B. Marcus raconte : « on est allé puiser dans l'ADN du projet : la famille, un savoir-faire belge et la ferme ».
© Bertinchamps |
Parce ce que la ferme de Bertinchamps, belle bâtisse en carré, typiquement brabançonne avec son pigeonnier au-dessus du porche, est amenée à devenir un acteur proprement dit du projet. Après Marie-Laure Humblet, l'architecte, les premiers à installer leur activité furent les brasseurs Benoit, Jean-Philippe et Marc-Edouard. Et depuis plusieurs mois, Anne-Claire fait en sorte de rendre ce lieu accessible aux visiteurs.
Et pas n'importe comment ! À côté de l'espace de dégustation, s'est ouvert un restaurant où officie, quelques soirs par semaine, Stephan Jacobs, chef étoilé au Guide Michelin pour son travail au Va Doux Vent.
« Bertinchamps pourrait être un site touristique où l'on pourrait passer plusieurs jours pour profiter des bonnes choses de la vie, dans un calme absolu et un cadre de charme ! » prédit Marcus, le cadet. Anne-Claire et Marie-Laure ont encore du travail devant elles pour plusieurs années !
© Bertinchamps |
Et ça tombe bien parce que Jean-Philippe et Marcus aussi ! « On va développer la marque B+ en allant vers la préférence du marché avec des IPA, ou des bières fruitées comme les Radler ... et puis, on ne s'arrêtera peut-être pas à la bière. Nous avons les moyens techniques pour faire du gin ou du whisky par exemple, et même des softs comme des tonics » s'enthousiasme Marcus !
Bertinchamps et le projet familial des Humblet n'ont donc pas encore atteint leur rythme de croisière ! « On a bien conscience que notre projet aura besoin de trois générations pour arriver à maturité » conclut Marcus.
Bref, à Bertinchamps, on n'est pas prêt d'arrêter de brasser ... en famille !
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