Martin Boonen
18 December 2020
Quand on pense à des vins rouges effervescents, les premières images vont inévitablement aux lambrusco italiens (Lombardie, Émilie-Romagne). Les vins du nouveau monde leurs ont fait également un bel accueil en Australie, en Nouvelle-Zélande ou en Afrique du sud. Plus proche de chez nous, en France par exemple, leur production est confidentielle. En l'absence d'appellation, les vins rouges effervescents font encore figure d'OVNI (objet viticole non-identifié). Une image qui n'a pas effrayé Kathleen Van den Berghe, propriétaire avec son mari Sigurd Mareels, du Château de Minière, un vignoble de la vallée de la Loire, au coeur de l'appellation bourgueil.
© Château de Minière |
Mais que venait donc faire ce couple de Belges au bord de la Loire : « nous cherchions une maison de vacances, et on a acheté un domaine viticole ! » s'amuse à résumer Kathleen. « Nous ne cherchions pas à la mer, ni dans le sud de la France. En revanche, une maison, avec quelques pieds de vignes autour pour produire un peu de vin, en amateur, ça nous tentait beaucoup. Nous préférions l'idée de profiter de la beauté de la vigne autour de la terrasse que d'une piscine » précise cette ancienne consultante pour un cabinet international.
Après des visites en Bourgogne, dans le Beaujolais, c'est la vallée de la Loire qui retient l'attention de notre couple. Enfin, le château de Minière plus particulièrement. « J'ai tout de suite vu le potentiel de cet endroit. Il y avait beaucoup de choses à faire dans la maison mais surtout dans le chai et les vignes. C'était un défi qui m'a tout de suite passionné ! » se souvient Kathleen Van den Berghe.
© Château de Miniere |
Au moment de poser ses valises dans ses vignes, Kathleen se sert de son expérience de consultante pour réfléchir aux moyens de dynamiser la propriété. Elle le sait, produire un bourgueil, même bio, même très qualitatif, ne suffira pas à faire émerger Minière de l'offre déjà vaste dans un marché très mûr pour ce genre de produit. Elle dresse donc une impressionnante liste de produits dérivés de l'activité viticole. Des produits à base de feuilles de vignes, des raisins... Elle essaye beaucoup de choses différentes, et même une vendange tardive de son cabernet franc (une idée à laquelle elle n'a d'ailleurs pas tout à fait renoncé) mais ce sont ces bulles rouges qui remportent le suffrage ! « C'est également un vin qui tient au coeur de mon mari et moi, détaille Kathleen. Quand il vivait au Brésil, il n'avait pas autant de choix qu'ici. Il buvait alors du lambrusco, dont la fraicheur et les fruits accompagnaient très bien la cuisine locale et le climat. »
© Château de Miniere |
Un vin rouge effervescent, à Bourgueil (on en fait aussi, non loin de là, en Tourraine) ! L'idée est alléchante mais pas aussi simple que ça à mettre en oeuvre. « Depuis notre arrivée à Minière, il y a dix ans, nous avons fait beaucoup d'essais avant de trouver un procédé qui donne les résultats que nous espérions » se souvient Kathleen. « Le vin à cela de frustrant que l'on n'a qu'une seule occasion par an d'essayer de nouvelles choses » ... sans compter les aléas climatiques qui, d'un millésime à l'autre, peuvent fausser les enseignements recueillis les années précédentes.
Today is #CabFrancDay! let's celebrate with a bottle of sparkling red, Bulles de Minière, 100% cabernet Franc, 100% original, 100% fun and flavour
Publiée par Château de Minière sur Vendredi 4 décembre 2015
Patiemment, année après année, Kathleen a peaufiné sa recette. Les raisins (100% cabernet franc, le cépage emblématique ligérien) sont issus d'une parcelle qui leur est propre sur le domaine du Château de Minière (entièrement en agriculture biologique). « Le cabernet franc n'est pas le cépage le plus simple à apprivoiser. Cela aurait été plus simple de travailler avec du gamay ou de grolleau » s'amuse la propriétaire.
Sans trop vouloir en dévoiler, Kathleen décrit ce qu'elle appelle désormais la « Methode Minière » comme un assemblage empirique de différentes méthodes de vinifications effervescentes. Elle combine la méthode tradtionnelle (comme en Champagne : où une seconde fermentation a lieu en bouteille pour créer les bulles) et la méthode ancestrale (celle des pétillants naturels : une seule fermentation qui débute, sans sucre ajouté, dans la cuve puis se termine directement dans la bouteille). La très bonne idée de Kathleen Van den Berghe a été d'utiliser le jus de ses raisins pour doser les « Bulles rouges de Minière ». Il n'y a donc que des raisins du domaine en bouteille : aucun apport de sucre, ni de liqueur. Et c'est loin d'être un détail. C'est même la clé de l'équilibre de ces Bulles Rouges : des tanins discrets, une trame d'acidité (la pâte du cabernet franc), très peu de sucre et les bulles qui viennent arrondir l'ensemble.
Miniere in the mountains - does it get any better than that?!
Publiée par Château de Minière sur Mardi 7 février 2017
Cette combinaison inédite et délicate donne des vins frais et légers (plus qu'un vin rouge tranquille). Ils sont tanniques (évidemment, c'est du rouge !) mais ne donnent pas de sensation d'astringence trop marquée (comme sur certain sparkling shiraz du nouveau monde).
Dans le verre, ce vin rappelle, comme une touche de belgitude en plein pays de Loire, nos meilleurs kriek : des saveurs de fruits murs, presque compotés (griottes, framboise, cassis), mais avec une superbe tension. À boire frais (mais pas glacé, au risque de rendre atone certains arômes) c'est un vin qui accompagnera parfaitement des menus légers (beaucoup mieux que la plupart des champagnes, dépourvu, eux, de tanins), mais surtout les desserts à base de fruits rouges et de chocolat comme la forêt-noire. La profondeur du cacao et les cerises de ce dessert allemand collent à merveille avec le croquant des « Bulles rouge de Minière ».
Et si, cette année, à côté des classiques bulles blanches, on invitait pour les fêtes aussi leurs cousines rouges ?
Bulles rouges de MinièrePublicité