Rédaction
03 September 2015
Me voilà donc, en pleine nuit, en transit dans un terminal vieillot et étouffant de l'aéroport international de Nairobi, au Kenya. Nous sommes dans la nuit du 12 au 13 avril, soit une dizaine de jours après l'attaque meurtrière de l'université de Garissa, à un peu plus de 350 km de Nairobi, par les terroristes islamistes somalien Al-Shabbaab. De cet attentat, je ne sais rien de plus que ce dont la presse a fait l'écho (c'est-à-dire pas grand chose). Pour un journaliste, être si près du théâtre d'un évènement d'une telle gravité, c'est toujours quelques chose.... Mais je ne suis pas reporter de guerre, au contraire même. Je suis en transit vers l'Afrique du Sud, où, au lieu de meurtre sanglant, j'assisterai aux retrouvailles de jeunes africains avec le sens de la vue grâce à Eyes for the World. C'est autrement plus enthousiasmant, et pas plus anecdotique que les morts de Garissa.
Je n'ai encore jamais rencontré Koenraad Van Pottelbergh, fondateur et le directeur du projet Eyes for the world. Nous nous sommes parlé à peine dix minutes, deux jours avant le départ. Il ne savait pas vraiment plus que moi où nous mettions les pieds. Seul le programme était clair: trois écoles à visiter dans la province du Limpopo (la région la plus déshéritée d'Afrique du Sud), et une à Soweto, quartier emblématique des townships de Johannesburg. En attendant, je me balade dans ce terminal brûlant. C'est finalement Koen lui-même qui me retrouve à la porte d'embarquement vers Jo'burg. Il me présente son épouse Sodette, et un couple d'amis Patrick et Martine, qui les accompagne. A eux quatre, ils forment l'intégralité du projet Eyes for the World en mission en Afrique du Sud. A eux quatre, ils passeront en revue plus de 1 500 enfants, sur trois jours de test.
Après quelques minutes de discussion, je peux remarquer que le français de Koen est au moins aussi excellent que mon néerlandais. Du coup, nous parlerons en anglais. Petite bulle de surréalisme belge au coeur de l'Afrique. En Belgique, on finit toujours par s'arranger, et par se comprendre!
Nous arrivons à Johannesbourg au beau milieu de la nuit, après une vingtaine d'heures de trajet depuis Bruxelles (en passant par Schipol, puis Nairobi). Nos premières images d'Afrique du Sud sont donc nocturnes. Nous prenons la direction de Rosebank où nous passerons la nuit. Rosebank est un quartier résidentiel paisible et coquet. Il jouxte le quartier d'affaire de Sandton, siège des institutions bancaires de la ville. On nous assure que le quartier est très sécurisé, pourtant, les murs de plus de quatre mètres, couronnés de barbelés électriques donnent un sentiment inverse. En traversant les rues désertes et fortement éclairées, pointe le sentiment d'une menace permanente. Une menace fictive (le quartier est effectivement très sur) créée de toute pièce par cette obsession sécuritaire. On ne voit rien des villas ou des hôtels qui se cachent derrières ces remparts de bétons, mais on les imagine très luxueux...
Derrière l'équipe Eyes for the World et notre journaliste, on aperçoit les fameuses barricades devenues légion en Afrique du Sud © Droits réservés |
Ce mode de vie, abrités derrière de hauts murs, n'est pas que l'apanage des classes favorisées. Nous retrouverons ce même besoin de protection dans des quartiers beaucoup plus modestes (à Soweto, notamment) et même à la campagne. Il semblerait que ce soit simplement devenu une pratique culturelle, détachée de toute utilité véritable. En Afrique du Sud, on vit dans des bunkers, c'est comme ça.
Nous nous couchons directement: nous avalerons demain les six heures de voyage qui nous séparent encore de la région du Limpopo.
La suite des aventures de Martin Boonen avec Eyes for the world en Afrique du Sud jeudi prochain! Suivez-nous sur Facebook et Twitter #rendezvous
Eyes for the Worldwww.eyesfortheworld.beDons via la Fondation Roi Baudouin
Retrouvez l'histoire d'Eyes for the World avec Koenraad Van Pottelbergh en page 170 de l'édition de septembre de L'Eventail. Dès à présent en librairie et sur tablette.
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