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José Andrés, le chef philanthrope

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Christophe Vachaudez

13 April 2025

Chef à la trajectoire unique, le Catalan José Ramón Andrés Puerta a fait fortune de l’autre côté de l’Atlantique en important aux États-Unis le principe des tapas, mais pas uniquement ! Gastronome averti, il est aussi le fondateur de World Central Kitchen, une ONG qui fournit des repas dans des zones touchées par la guerre ou les catastrophes naturelles.

Tout commence à Barcelone quand, dès l’âge de douze ans, José Andrés (né en 1969) cuisine déjà pour toute sa famille. Une passion – ou plutôt une vocation – qui ne le quittera plus puisqu’à quinze ans, il intègre l’école de restauration et d’hôtellerie de la ville. Son apprentissage auprès du chef Ferran Adrià, propriétaire du célébrissime restaurant El Bulli fera le reste. À vingt-et-un ans, son envie de bouger l’emmène aux États-Unis où son amour de la cuisine espagnole le motive à travailler pour différents restaurants aux noms révélateurs : Paradis Barcelona, El Dorado Petit ou encore El Cid, tous à New York. Avide de nouvelles expériences, il déménage à Washington où ses qualités le conduisent à superviser différents établissements comme le Café Atlántico, à la carte hispano-américaine, le Zaytinya, à la cuisine greco-turque, ou encore le Oyamel, renommé pour ses plats mexicains traditionnels. Mais la notoriété de José Andrés explose quand il décide d’introduire le principe des tapas et ouvre son restaurant Jaleo. Il retourne régulièrement en Espagne où il parcourt chaque province en quête des meilleurs produits.

Aussi connu outre-Atlantique que dans la péninsule qui l’a vu naître, il se voit proposer l’animation d’un programme de télévision où il va, durant plusieurs années, distiller les recettes du terroir ou des associations de saveurs plus osées. Le livre de cuisine qu’il publie en 2007 connaît un franc succès et même s’il obtient la nationalité américaine après vingt-trois années d’activités professionnelles au pays de l’oncle Sam, son cœur demeure en Espagne. Il le prouve une fois encore en mettant sur pied à New York, le Little Spain Market, un espace de 3200 m² dédié à la gastronomie ibérique. Considéré comme une icône culinaire par le magazine Time, il est même invité par la chanteuse Selena Gomez dans son émission de télévision dédiée à la cuisine. En 2022, une série a été consacrée au chef et à sa famille… José Andrés est partout et les récompenses pleuvent au fil des ans.

L’Espagne reconnaît ses mérites et lui octroie l’ordre des Arts et des Lettres en 2010, la Médaille du Mérite touristique, section internationale, en 2015, ou encore, la Médaille d’or du Mérite, section Beaux-Arts en 2017. Élu meilleur chef par la Fondation James Beard en 2011, il continue à œuvrer au plus haut niveau obtenant, en 2016, deux étoiles au guide Michelin pour son restaurant MiniBar de Washington. Aujourd’hui à la tête d’une quarantaine de restaurants, tant aux États-Unis qu’en Espagne, cet Asturien d’origine, Catalan d’adoption, ne s’est pas arrêté au volet culinaire puisqu’il est connu dans le monde entier pour avoir fondé l’ONG WCK pour World Central Kitchen.

The World Central Kitchen Cookbook rassemble recettes et récits solidaires. © DR

L'app World Central Kitchen prolonge la mission de son organisation. © Igor Golovniov, S197, Photo News

Proposé comme candidat au prix Nobel de la Paix

Touché par la violence du tremblement de terre en Haïti en janvier 2010, il s’inspire du cuisinier Robert Egger qui a créé Washington DC une plate-forme solidaire pour les plus défavorisés, à l’image des Restos du Cœur. Mais José Andrés voit plus grand, et veut adapter la formule au monde entier afin d’apporter des repas décents aux populations touchées par les conflits ou les catastrophes naturelles. L’organisme, qui a une capacité de réaction très rapide, était présent à Puerto Rico après l’ouragan Maria en 2017. On le retrouve, très actif, durant le Covid-19 ou en Ukraine, depuis 2022, et à Gaza, où les frappes aveugles de l’armée israélienne ont tué sept membres de WCK, créant la stupeur et la tristesse de José Andrés. Mais rien ne pourra arrêter cet élan qui tient compte des habitudes des populations. Pas question de servir de la paella en Ukraine ! José Andrés a pensé à tout et ses chefs font appel au savoir-faire local. Dans ce cadre humanitaire, le chef s’est vu décerner la Médaille nationale des Sciences humaines par le président Barack Obama en 2015. Le 4 janvier dernier, il a reçu la Médaille présidentielle de la Liberté des mains du président Joe Biden.

En décembre 2018 à Tijuana, World Central Kitchen distribuaits des repas aux 2700 réfugiés du camp d'El Barretal. © Darren Ell, Polaris, Photo News

Pendant la pandémie de 2020 à Cambridge (USA), le restaurant Pagu préparait des repas pour les soignants, dans le cadrede l'initiative "Off Their Plate". © Keiko Hiromi/Polaris, Photo News

Le 4 janvier 2025 à Washington, le chef José Andrés a reçu, des mains de Joe Biden, la Médaille présidentielle de la Liberté, plus haute distinction civile aux États-Unis. © Leigh Vogel / CNP / Polaris, Photo News

Proposé un temps comme candidat au prix Nobel de la Paix, José Andrés s’est exprimé contre les répressions migratoires de Donald Trump et a refusé d’ouvrir un restaurant dans l’un des gratte-ciels appartenant au Président. L’Espagne l’a également honoré avec le prix Princesse des Asturies pour la Concorde, en 2021. Les 50 000 euros accordés furent reversés par le chef aux victimes de l’éruption volcanique de La Palma. Quant à l’armée espagnole, elle lui a concédé la Grand-Croix de l’ordre du Mérite naval en 2024. On peut aussi ajouter, notamment, le Prix international Jaime Brunet pour la promotion des droits humains, décerné par l’Universidad de Navarra la même année, ou le prix international de Solidarité décerné par le Club international de la Presse, une reconnaissance pour des années de labeur, certes, mais aussi pour avoir mis la cuisine, base de toute société, au service de la philanthropie.

Photo de couverture : © Michael Brochstein, SOPA Images, Shutterstock.com, Photo News

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